Comment se prémunir? - Finances et Développement - Septembre 2003 - Paul K. Freeman, Michael Keen et
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moyennes seront comprises entre quelquesdixièmes de point et quelques points de pour-centage du PIB — certains pays, les petitspays insulaires en particulier, pouvant subirdes pertes supérieures à 10 % de leur PIB.Beaucoup de scientifiques estiment que leréchauffement climatique est responsable del’augmentation en fréquence et en gravité dephénomènes météorologiques extrêmes (inon-dations, ouragans, tempêtes de vent et séche-resses). Peu d’endroits seront épargnés, maisl’Asie et l’Amérique latine seront probable-ment les plus touchées. Selon le Grouped’experts intergouvernemental sur l’évolutionclimatique, il y a 90 à 99 % de chances que, aucours des cinquante années à venir, les inonda-tions et les sécheresses se multiplient en Amé-rique latine, que la hausse du niveau de la mermenace la survie de quelques États insulaires etque les cyclones tropicaux s’intensifient.L’urbanisation croissante de la populationmondiale a aggravé le problème dans lamesure où même un phénomène de faibleampleur peut provoquer des dégâts notablesdans une zone très peuplée. Dans les pays enComment se prémunir?développement, le pourcentage de la popula-tion vivant dans les villes a doublé depuis1960 : il s’élève aujourd’hui à plus de 40 % etDe plus en plus fréquentes, destructivesdevrait dépasser 55 % d’ici à 2030. Près de laet meurtrières, les catastrophes moitié de ces villes sont exposées à des phéno-mènes climatiques extrêmes pour les raisonsnaturelles touchent ...

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Extrait

moyennes seront comprises entre quelques
dixièmes de point et quelques points de pour-
centage du PIB — certains pays, les petits
pays insulaires en particulier, pouvant subir
des pertes supérieures à 10 % de leur PIB.
Beaucoup de scientifiques estiment que le
réchauffement climatique est responsable de
l’augmentation en fréquence et en gravité de
phénomènes météorologiques extrêmes (inon-
dations, ouragans, tempêtes de vent et séche-
resses). Peu d’endroits seront épargnés, mais
l’Asie et l’Amérique latine seront probable-
ment les plus touchées. Selon le Groupe
d’experts intergouvernemental sur l’évolution
climatique, il y a 90 à 99 % de chances que, au
cours des cinquante années à venir, les inonda-
tions et les sécheresses se multiplient en Amé-
rique latine, que la hausse du niveau de la mer
menace la survie de quelques États insulaires et
que les cyclones tropicaux s’intensifient.
L’urbanisation croissante de la population
mondiale a aggravé le problème dans la
mesure où même un phénomène de faible
ampleur peut provoquer des dégâts notables
dans une zone très peuplée. Dans les pays enComment se prémunir?
développement, le pourcentage de la popula-
tion vivant dans les villes a doublé depuis
1960 : il s’élève aujourd’hui à plus de 40 % etDe plus en plus fréquentes, destructives
devrait dépasser 55 % d’ici à 2030. Près de la
et meurtrières, les catastrophes moitié de ces villes sont exposées à des phéno-
mènes climatiques extrêmes pour les raisonsnaturelles touchent particulièrement mêmes qui y ont attiré leurs habitants : plaines
d’inondation naturelles, sol alluvial et accès àles pays pauvres.
un fleuve ou à la mer. Quatorze des 19 méga-
lopoles mondiales (villes de plus de 10 mil-
Paul K. Freeman, Michael Keen lions d’habitants) sont situées dans des régions
côtières, et plus de 70 des 100 plus grandeset Muthukumara Mani
villes du monde risquent de subir de fortes
secousses sismiques tous les cinquante ans au
moins (voir tableau).
Selon le Rapport sur le développement dans
le monde 2000/2001 de la Banque mondiale,ARALLÈLEMENT à l’incidence et à
94 % des catastrophes les plus graves se sontl’intensité accrues des catastrophes
produites dans les pays en développementnaturelles, les pertes économiquesP qui leur sont associées ont massive- entre 1990 et 1998. Or, ces pays se sont moins
ment augmenté. Sur les dix dernières années efforcés que les pays développés d’aménager
pour lesquelles on dispose de données com- leur environnement physique pour atténuer
plètes (1992–2001), elles se sont élevées à l’effet des catastrophes naturelles ou s’assurer
quelque 65 milliards de dollars par an en contre le risque de catastrophe, en partie à
moyenne — soit plus de sept fois leur montant cause du «dilemme du Samaritain» — c’est-à-
dans les années 60 en termes réels (voir pages dire que, lorsque les agents exposés au risque
40–41) — et elles devraient encore quintupler (agents du secteur privé ou pouvoirs publics
au cours des cinq prochaines décennies. Selon des pays vulnérables) s’attendent à recevoir
une étude exhaustive de Munich Re, une com- une aide en cas de catastrophe (de leurs auto-
pagnie de réassurance spécialisée dans ce rités nationales ou de donateurs étrangers), ils
domaine, le coût direct total des catastrophes sous-investissent dans les mesures préventives
naturelles dépassera 300 milliards de dollars (matérielles ou financières) afin de diminuer
par an d’ici 2050, soit environ 750 %, en le coût des catastrophes lorsqu’elles se produi-
termes réels, du montant actuel, et les pertes ront. Par ailleurs, compte tenu de l’impératif
42 Finances & Développement Septembre 2003humanitaire, il est difficile pour les pays en mesure d’octroyer n’ont entraîné que de légères perturbations dans d’autres. Il res-
une aide postcatastrophe de s’engager de façon crédible à sort de 25 études réalisées par la Commission économique des
réduire leur aide même si les pays touchés n’ont pas pris les Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes que plus la
mesures protectrices appropriées. situation socioéconomique était mauvaise au moment d’une
catastrophe, plus les conséquences en ont été graves.
La vulnérabilité des pauvres Après une catastrophe naturelle, la matière imposable d’un
pays rétrécit alors que ses besoins de dépenses augmentent. DuLe risque de catastrophe est élevé dans 24 des 49 pays les plus
fait que les catastrophes sont modestes en regard de la taille depauvres du monde; au moins 6 d’entre eux ont été victimes de
leur économie, les pays développés sont en mesure de financer2 à 8 catastrophes majeures chaque année depuis quinze ans.
les secours en relevant temporairement les impôts (exemple deLe graphique à la page 44 montre que la fréquence des catas-
l’Allemagne après les inondations de 2002) et en empruntant. Iltrophes dans les 77 pays pauvres admis à recevoir une aide au
est nettement plus difficile pour les pays en développement detitre de la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la
lever des impôts. S’ils ne reçoivent pas de dons de l’étranger, ilscroissance (FRPC) du FMI est élevée (près de 3 catastrophes
doivent emprunter davantage, ou recourir à la monétisation.chacun en moyenne en 2002) et apparemment en hausse. Les
Parallèlement à la dégradation de leur situation budgétaire,petits États insulaires sont aussi particulièrement exposés en
la balance commerciale des pays touchés risque de se détério-raison de la petite taille de leur économie, de leur dépendance
rer puisque la baisse de la production de biens d’exportationà l’égard de l’agriculture et du tourisme et de l’exiguïté de leur
et la reconstruction stimulent la demande d’importations etbase de ressources. Certains risquent même de disparaître.
détournent les biens échangeables vers le marché national. CesSi les pertes économiques résultant de catastrophes natu-
tendances, conjuguées à la fuite d’investisseurs étrangers prisrelles sont plus faibles, en termes absolus, dans les pays en
de panique, exercent une pression à la baisse sur le taux dedéveloppement que dans les pays développés, puisque leurs
change, d’où des poussées inflationnistes. Les catastrophes neinfrastructures et leur stock de capital sont plus modestes,
pèsent pas seulement sur les perspectives macroéconomiqueselles y sont nettement supérieures en regard du PIB. Entre
immédiates, mais aussi sur le bilan des principaux secteurs1985 et 1999, les pays les plus riches ont subi 57,3 % des
économiques. Le ratio d’endettement public va probablementpertes directes dues aux catastrophes, soit 2,5 % de leur PIB
se dégrader et l’épargne nationale diminuer, obligeant ainsi lescombiné; les plus pauvres n’ont compté que pour 24,4 % des
secteurs public et privé à emprunter davantage à l’étranger.pertes, mais celles-ci représentaient 13,4 % de leur PIB com-
biné. Par ailleurs, les décès dus aux catastrophes naturelles
Mesures préventivessont beaucoup plus nombreux dans les pays en développe-
ment (97 % du total entre 1990 et 1998). Les pays peuvent dans une certaine mesure se préparer aux
Dans les pays en développement, les pauvres risquent catastrophes naturelles en aménageant leur environnement
davantage d’être touchés que les riches. Premièrement, ils physique et leur économie et en contractant des assurances.
vivent souvent dans des zones particulièrement vulnérables (Les mesures destinées à diminuer les risques de catastrophes
aux phénomènes destructeurs tels que les inondations, les
ouragans et les glissements de terrain (essentiellement parce
que les logements à haut risque sont moins coûteux). Deuxiè-
Les mégalopoles exposéesmement, en milieu rural, les catastrophes diminuent parfois
Villes comptant au moins 10 millions d’habitants, 2000 et 2015 considérablement leur production alimentaire. Troisième-
ment, même une modeste baisse de leurs revenus peut avoir
2000 (millions d’habitants) 2015 (millions d’habitants)des retombées désastreuses : leur épargne ne leur permettra
Tokyo* 26,4 Tokyo* 26,4
probablement pas de faire face à des catastrophes majeures ou Mexico 18,1 Bombay* 26,1
Bombay* 18,1 Lagos* 23,2multiples, et ils risquent de devoir vendre des actifs réels
São Paulo 17,8 Dhaka* 21,1comme des terres agricoles et du bétail. Quatrièmement, les
Shanghai 17,0 S&

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