Animal et vie quotidienne en France et en Italie d après les vestiges ostéologiques (XIe-XVe siècles) - article ; n°1 ; vol.15, pg 103-120
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Animal et vie quotidienne en France et en Italie d'après les vestiges ostéologiques (XIe-XVe siècles) - article ; n°1 ; vol.15, pg 103-120

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Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public - Année 1984 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 103-120
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Corinne Beck
Animal et vie quotidienne en France et en Italie d'après les
vestiges ostéologiques (XIe-XVe siècles)
In: Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public. 15e congrès,
Toulouse, 1984. pp. 103-120.
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Beck Corinne. Animal et vie quotidienne en France et en Italie d'après les vestiges ostéologiques (XIe-XVe siècles). In: Actes
des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public. 15e congrès, Toulouse, 1984. pp.
103-120.
doi : 10.3406/shmes.1984.1440
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/shmes_1261-9078_1985_act_15_1_1440Corinne BECK
ANIMAL ET VIE QUOTIDIENNE EN FRANCE
ET EN ITALIE D'APRÈS LES VESTIGES
OSTÉOLOGIQUES (Xl-XVème siècles)
C'est aux sources écrites - comptables ou littéraires - et iconographiques
que l'on fait appel généralement pour étudier la place de l'animal dans la vie
médiévale. Cependant, une troisième source s'offre à l'historien pour dé
crire l'animal en lui-même et saisir son rôle dans les structures économiq
ues, sociales et mentales. La faune et son exploitation ont en effet laissé de
nombreux vestiges matériels que toute fouille d'habitat restitue par les trou
vailles de restes osseux. Mais trop récente pour avoir déjà démontré l'origi
nalité de ses informations et convaincu de sa validité ou restée enfermée
dans un langage de spécialistes, la recherche ostéologique demeure encore
largement étrangère à la réflexion historique. Pourtant l'apport des données
archéologiques paraît d'autant plus fondamental qu'elles révèlent des as
pects souvent méconnus des sources habituelles ou en offrent une image dif
férente. Ainsi, l'étude des vestiges osseux, témoins directs de l'animal, per
met d'observer sa morphologie, d'esquisser son apparence physique et de
jeter alors quelques lumières sur l'évolution historique des espèces. Reflé
tant les choix, les sélections opérées par les différents groupes sociaux selon
leurs moyens et leurs besoins, elle rend compte également de la vie com
mune de l'homme et de l'animal. Aussi, l'étude des mobiliers ostéologi-
ques, révélant les diverses modalités de l'exploitation de la faune,
constitue-t-elle une nouvelle voie d'approche des rapports qu'entretient la
société médiévale avec le monde animal.
Certes, comme toute documentation, un certain nombre de lacunes inhé
rentes à la nature même du matériel étudié peuvent en rendre l'étude malai
sée. Rappelons seulement que toute analyse ostéologique est tributaire de la
nature des contextes archéologiques qui peuvent procurer des ensembles
faunistiques largement différents. Les conditions d'enfouissement et l'état
de conservation des vestiges affectent aussi la composition de l'échantillon Corinne BECK 104
osseux. Enfin, soulignons que dans leur immense majorité, les ossements
recueillis ne sont que des rebuts de consommation et que la finalité aliment
aire de la faune occulte en partie les autres aspects des relations de
l'homme avec l'animal.
Depuis une dizaine d'années des analyses ostéologiques ont été entrepri
ses pour la période médiévale, en France et en Italie. Mais peu nombreuses
encore sont celles qui ont fait l'objet d'une publication, complète ou par
tielle. Une quinzaine de sites, totalisant toutefois plusieurs milliers d'osse
ments, constitue l'essentiel des sources utilisables. Dans l'ensemble, cette
documentation paraît sociologiquement équilibrée : elle reflète tant les mi
lieux seigneuriaux (laïcs, ecclésiastiques) et urbains que le monde paysan.
Elle l'est également au niveau de la chronologie : les habitats actuellement
étudiés s'échelonnent régulièrement du Xlème au XVème siècle. La plupart
d'entre eux présentent même une relativement longue : ce qui
permet de suivre plus précisément l'évolution de la faune en des lieux don
nés. En revanche, elle montre des décalages géographiques certains : la
zone méditerranéenne est effectivement mieux couverte par les études fau-
nistiquesque la France du Nord (1).
Le caractère ponctuel et peut-être hétérogène de l'échantillonnage peut
rendre surprenante notre démarche et en limiter son intérêt. Mais c'est là
l'état de la recherche, le résultat du retard qu'accuse l 'archéozoologie histo
rique en France et en Italie en regard de son développement dans les pays de
l'Europe du Nord (2). Les informations disponibles sembleront peut-être i
nsuffisantes pour que l'on puisse légitimement brosser un tableau de la faune
médiévale. Néanmoins, comme nous y incitait le sujet de ce colloque, il
nous a semblé d'abord indispensable de faire état des ressources d'une do
cumentation encore largement mal connue. Et en dépit des réserves évo
quées précédemment, si ces études de mobilier ostéologique n'offrent pas
une image absolument fiable de la faune, de sa composition et de son évolu
tion, elles permettent au moins de mesurer le chemin parcouru et de suggér
er des orientations de recherches. Elles permettent également quelques ap
préciations sur les rapports quotidiens avec l'homme dès l'instant où les
sources archéologiques laissent entrevoir aussi la place de l'animal dans
l'espace bâti et dans la maison. Cette présentation vise donc uniquement à
faire le point des principaux résultats, étant entendu que ces données ne sont
que de simples indications et demandent à être enrichies par de nombreux
autres exemples, voire à être remises en question.
1 . Voir en annexe la répartition chronologique et sociologique des sites étudiés.
2. Beck C, «Ostéologie et alimentation carnée», in Matériaux pour l'histoire des cadres
de vie dans l'Europe Occidentale (1050-1250). Centre d'études médiévales de Nice. Nice,
1984, p. 17. et vie quotienne 105 Animal
Un élevage marqué par la progression des ovins
Du XIe au XVe siècle, la faune domestique est évidemment prédomin
ante, constituée pour l'essentiel du petit et gros bétail. Celui-ci peut quel
quefois recouvrir tout le stock animal identifié. C'est ainsi le cas sur certains si
tes de Ligurie (Castel Delfino au XIIIe, Monte Zignago et Molassana au XVe
siècle) où mouton-bœuf-porc sont les seules espèces animales rencontrées.
Le développement des cheptels ovicaprins est l'un des traits les plus im
portants mis en lumière par les premières analyses. C'est dans le domaine
français que l'évolution est la plus évidente : les effectifs font plus que doub
ler, passant en effet de 15 à 20 % en moyenne entre le XIe et le XIIIe siècle
à plus de 50 % aux XIV et XVe siècles. A cet égard, le site bourguignon de
Saint-Romain, occupé durant trois siècles consécutifs, constitue un excel
lent exemple de la progression rapide des ovins au premier rang de l'él
evage, au bas Moyen Age (voir tableau I). En Italie, leur essor ne peut être
aussi spectaculaire. Car, dès les XIe et XIIe siècles, les petits ruminants sont
déjà les plus répandus (en nombre de restes osseux comme en nombre min
imum d'individus), sur la plupart des sites étudiés. Mais à partir du XIIIe siè
cle, leur suprématie semble s'accentuer encore. S'ils représentent en
moyenne 42 % du bétail au début du Moyen Age, ils forment plus des deux
tiers des troupeaux aux XIVe et XVe siècles. Au Moyen Age finissant, les
ovins sont devenus la pièce maîtresse de l'élevage. Cette situation souffre
cependant une exception : dans l'état actuel de nos connaissances, la Ligur
ie, comme nous le verrons, demeure constamment à l'écart de l'évolution
générale.
A l'inverse, l'évolution des troupeaux de porcs se définirait par une dé
croissance plus ou moins marquée selon les régions.
Dans la France des XIe et XIIe siècles, l'élevage apparaît comme étant
partout dominé par le cheptel porcin : celui-ci constitue alors entre 45 et 75 %
du bétail. A partir du XIIIe siècle, un renversement s'opère : on observe en
effet une n

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