Groupe d’experts et auteurs Pierre ARWIDSON, département études et évaluations, Comité français d’éducation pour la santé, Vanves Jacques A. BURY, santé publique, Institut de médecine sociale et préventive, université de Genève Marie CHOQUET, santé de l’adolescent, psychologieépidémiologie, Inserm Unité 472, Villejuif Christine DE PERETTI, département politiques, pratiques et acteurs de l’éducation, Unité école et santé, INRP, Paris Alain DECCACHE, directeur de l’Unité RESOéducation pour la santé, UCL – Université catholique de Louvain, Bruxelles MarieLaure MOQUETANGER, directeur du laboratoire d’étude du droit public, faculté de Droit, Rennes 1 Geneviève PAICHELER, sociologie, politiques publiques et santé, CNRSCERMES UMR 8559, Inserm Unité 502, Paris
Coordination scientifique et éditoriale Jeanne ÉTIEMBLE, directeur du Centre d’expertise collective de l’Inserm Martine MUFFATJOLY, attaché scientifique, Centre d’expertise collective MarieJosée PRIGENT, chargé d’expertise, Centre d’expertise collective
Assistance bibliographique et technique Chantal GRELLIER et Florence LESECQ, Centre d’expertise collective
particulier éthiques, dans l’affectation des ressources : agir sur le seul système de soins ou développer les interventions dans l’ensemble du champ de la santé. Il est bien établi que « la dignité, le respect, la chance donnée ou retirée aux uns ou aux autres sont déterminants de la santé » (Jonathan Mann). De nombreux constats sont faits dans ce sens, mais les quelques actions mises en place sont souvent peu en adéquation avec le savoir établi sur les déterminants de santé.
La prévention dans son histoire s’appuie sur la notion de résultat collectif escompté, à partir d’une probabilité calculée. Elle se réfère à une logique de rentabilité plus ou moins immédiate au rythme des événements sociopolitiques, de stratégies efficaces et efficientes, de « service médical rendu ». Le défi en matière de programme de prévention est de toucher l’ensemble de la population destinataire. La prévention nécessite d’avoir du temps devant soi puisqu’il s’agit d’investir dans la santé pour obtenir un retour dans 20 à 30 ans : avoir un peu moins de maladies à soigner à un stade avancé, parce que prévenues plus tôt. Il ne peut y avoir de prévention sans vision ni disponibilité à long terme. Dans les communautés, comme l’école, où une prévention institutionnelle est mise en place,l’articulation entre approche individuelle et approche collective doit être définie plus avant. Des conflits d’intérêts entre la confidentialité visàvis des personnes et la responsabilité collective peuvent bloquer les avancées de la prévention. Il reste donc à préciser d’une part ce qui doit être fait dans l’intérêt des bénéficiaires, d’autre part ce qui relève de la responsabilité collective des intervenants, dans le but de faire émerger des pratiques consensuelles, qui respectent la dignité des personnes et les déontologies professionnelles.
Le présent rapport d’expertise concerne la démarche d’éducation pour la santé auprès des jeunes, en particulier au sein du milieu privilégié qu’est l’école ; il montre bien le chemin qui reste à parcourir pour mettre en évidence et en pratique la notion de préservation du « capital santé », en tant que complément indispensable à la notion de prévention des risques et des maladies. Il met l’accent sur l’intérêt de différents types de continuums à prendre en compte dans les stratégies utilisées : cohérence des programmes d’éducation pour la santé, de leur justification (objectifs) à leur mise en oeuvre ; liens entre les actions proposées aux différents âges scolaires ; articulation entre l’individuel et le collectif, approches inséparables dans les pratiques d’éducation pour la santé.
Marc Brodin Président de la Conférence nationale de Santé
Sommaire AvantProposAnalyse 1. Statutde l’éducation pour la santé des jeunes 2. Éducationpour la santé des jeunes Concepts, modèles, évolution 3. Miseen oeuvre de l’éducation à la santé dans le système scolaire 4. Àpropos des démarches participatives en éducation pour la santé 5. Évaluationdes programmes d’éducation pour la santé 6. Préventiondes comportements sexuels à risque 7. Préventiondes risques liés à la consommation de produits psychoactifs Synthèse et recommandationsAnnexes
•l’éducation pour la santé estelle mise en oeuvre dans le système éducatif ? Comment Comment se positionnent les solutions institutionnelles françaises par rapport aux situations institutionnelles observées dans d’autres pays ? • Dansquel cadre législatif et réglementaire s’exerce l’éducation pour la santé des jeunes en France ? •sont pris en compte les éléments de contexte objectifs et/ou subjectifs justifiant Comment d’actions particulières en éducation pour la santé ? • Quelséléments ont été reconnus comme déterminants dans la qualité et l’efficacité des interventions en éducation pour la santé ? Y atil des formes d’intervention en éducation pour la santé qui peuvent être signalées comme ayant atteint tout ou partie de leurs objectifs ? Quelles sont les conditions de pérennisation des actions ? Quelles sont les conditions de transposabilité des actions ? • Quelssont les facteurs d’efficacité spécifiques aux actions éducatives pour la prévention des comportements à risque pour la santé, dans le domaine de la sexualité et dans celui de l’usage de substances psychoactives ? L’interrogation de base de données et la recherche de documents non diffusés ont permis de constituer un corpus d’environ 1 400 documents répartis en articles publiés dans des revues scientifiques, ouvrages de référence, rapports d’interventions, littérature grise, textes officiels. Environ 900 documents plus spécifiquement orientés sur les actions en milieu scolaire ont été analysés par le groupe d’experts. Au cours de six séances de travail organisées entre novembre 1999 et septembre 2000, les experts ont présenté une analyse des travaux publiés dans leur domaine de compétence. Les deux dernières séances ont été réservées à la validation collective de la synthèse et à l’élaboration de recommandations.