Lucus Stimulae - article ; n°1 ; vol.95, pg 55-113
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1983 - Volume 95 - Numéro 1 - Pages 55-113
Olivier de Cazanove, ~~«Lucus Stimulae». Les aiguillons des Bacchanales~~, p. 55-113. Les Bacchanales romaines se sont déroulées dans le bois sacré de Stimula, la «déesse aiguillonnante». Quatre enquêtes successives permettent de comprendre le pourquoi de cette localisation et, ce faisant, de reconstituer la genèse et le contenu de ces « initiations aux Bacchants » ainsi placées sous le signe des aiguillons divins. Topographiquement le lucus, situé au nord de l'Aventin, jouxte le sanctuaire de la triade plébéienne, principal lieu de culte de Liber-Bacchus. Théologiquement, la stimulation personnifiée sur le sol romain a été progressivement confondue avec l'οĩστρος grec, agent de la possession dionysiaque. L'épisode légendaire rattaché au lucus joue le rôle d'un mythe de fondation du ménadisme à Rome qui illustre précisément la dynamique de l'οĩστρος. Enfin, les rites prohibés en 186 av. J.-C. mettent en scène, sous forme théâtrale, la plus célèbre des légendes de stimulation bachiques, l'histoire de ce Lycurgue dont l'arme est un aiguillon.
59 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Olivier de Cazanove
Lucus Stimulae
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 95, N°1. 1983. pp. 55-113.
Résumé
Olivier de Cazanove, «Lucus Stimulae». Les aiguillons des Bacchanales, p. 55-113.
Les Bacchanales romaines se sont déroulées dans le bois sacré de Stimula, la «déesse aiguillonnante». Quatre enquêtes
successives permettent de comprendre le pourquoi de cette localisation et, ce faisant, de reconstituer la genèse et le contenu de
ces « initiations aux Bacchants » ainsi placées sous le signe des aiguillons divins. Topographiquement le lucus, situé au nord de
l'Aventin, jouxte le sanctuaire de la triade plébéienne, principal lieu de culte de Liber-Bacchus. Théologiquement, la stimulation
personnifiée sur le sol romain a été progressivement confondue avec l'οĩστρος grec, agent de la possession dionysiaque.
L'épisode légendaire rattaché au lucus joue le rôle d'un mythe de fondation du ménadisme à Rome qui illustre précisément la
dynamique de l'οĩστρος. Enfin, les rites prohibés en 186 av. J.-C. mettent en scène, sous forme théâtrale, la plus célèbre des
légendes de stimulation bachiques, l'histoire de ce Lycurgue dont l'arme est un aiguillon.
Citer ce document / Cite this document :
Cazanove Olivier de. Lucus Stimulae. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 95, N°1. 1983. pp. 55-113.
doi : 10.3406/mefr.1983.1359
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1983_num_95_1_1359OLIVIER DE CAZANOVE
LUCUS STIMULAE
LES AIGUILLONS DES BACCHANALES
Dans le long récit qu'il consacre à ce qu'il est convenu d'appeler l'af
faire des Bacchanales1, Tite-Live revient à deux reprises sur la genèse des
sacra interdits par le Sénat. La première des versions qu'il en donne relè
ve de l'historiographie officielle; elle fait une large place aux éléments
étrangers, grecs et dans une moindre mesure italiques et étrusques, de
manière à rejeter sans contestation possible les mystères de Bacchus dans
la catégorie, toujours suspecte aux yeux des Romains, des externae religio-
nes2: «Graecus ignobilis in Etruriam primum uenit. . . sacrificulus et ua-
tes. . . occultorum et nocturnorum autistes sacrorum. Initia erant quae pri-
1 La bibliographie des Bacchanales est extrêmement importante : elle couvre
tous les aspects de l'affaire, juridiques (interprétation du se. de Bacchanalibus), his
toriques et sociologiques (situation de Rome et de l'Italie après la deuxième guerre
punique), cultuels enfin (contenu des mystères). L'essentiel de cette production cri
tique est classé et commenté dans l'ouvrage de C. Gallini, Protesta e integrazione
nella Roma antica, Bari, 1970, p. 46 sq. n. 1. Dans l'optique purement religieuse qui
est celle du présent article, il convient néammoins de rappeler les contributions de
G. Méautis, Les aspects religieux de l'affaire des Bacchanales, in Mélanges Radet (=
REA 42), Paris, 1941, p. 476 sqq., et de A. J. Festugière, Ce que Tite-Live nous
apprend des mystères de Dionysos, in MEFR, 66, 1954, p. Π -99. Il faut ajouter,
depuis 1970, M. A. Levi, Bacchanalia, foedus et foederati, in Klearchos, 11, 1969,
p. 15-23; R. Turcan, Religion et politique dans l'affaire des Bacchanales. À propos
d'un livre récent, in RHR, 181, 1972, p. 3-28; J. J. Urrulea, La represion de las Baca-
nales en Roma en 186, in Hispania Antiqua, 4, 1974, p. 49-67; J. M. Pailler, «Rap-
tos a diis homines dici. . . » (Tite-Live 39, 13) : les Bacchanales et la possession par les
nymphes, in Mélanges J. Heurgon (Coll. EFR 27), 2, 1976, p. 731-742.
2 Tout le discours du consul Postumius devant le peuple, au moment où le
«scandale» éclate au grand jour, est bâti sur une opposition rhétorique entre la
coniuratio intestina que forment les bacchants, contre laquelle la loi humaine peut
et doit sévir (Liv. 39, 15, 10; 16, 3; cf. 8, 1), et les sacra externa qu'il est religieuse
ment licite d'abolir parce qu'ils ne rentrent pas dans les cadres de la religion d'État
(15, 3; 16, 8 sq.). En établissant cette distinction, les magistrats se donnent les
moyens d'agir tout en respectant la pax ueniaque deorum.
MEFRA - 95 - 1983 - 1, p. 55-113. OLIVIER DE CAZANOVE 56
mo paucis tradita sunt deinde uulgari coepta sunt per uiros mulieresque. . .
Huius mali labes ex Etruria Romam ueluti contagione morbi penetrami »3.
Quelques chapitres plus loin, Hispala Faecenia, courtisane initiée et relaps
e, expose à son tour Yorigo sacrorum, et présente une version sensibl
ement différente des faits : il n'est plus question de l'introduction pure et
simple d'une religion étrangère, mais bien de la subversion par une prê
tresse inspirée d'un culte établi de longue date : «primo sacrarium id
feminarum fuisse, nec quemquam eo uirum admitti solitum. Très in anno
statos dies habuisse, quibus interdiu Bacchis initiarentur ; sacerdotes in
uicem matronas creari solitas. Pacullam Anniam Campanam sacerdotem
omnia, tamquam deum monitu, immutasse. . . »4.
Ainsi, antérieurement à la réforme entreprise par Paculla Annia à la
fin du IIIe siècle ou au début du IIe, il a existé sur les lieux mêmes où se
sont déroulées les Bacchanales un sacrarium exclusivement féminin où
l'on procédait, à dates fixes, à des «initiations aux Bacchants»5. On aimer
ait connaître la nature exacte des dévotions de ce thiase matronal, et les
formes dans lesquelles elles s'exprimaient. Malheureusement, cette pre
mière «strate cultuelle» a été presque entièrement recouverte par les
innovations spectaculaires de la prêtresse campanienne. Il est apparem
ment impossible d'en restituer le faciès primitif.
Un élément qui intéresse l'ancien culte subsiste cependant inchangé,
et c'est tout simplement le nom même du lieu qui abritait le sacrarium : le
lucus Stimulae. Le toponyme ne manque pas de surprendre : on atten
drait que le bois sacré des Bacchanales soit consacré à Bacchus, et c'est à
une divinité proprement romaine, Stimula, que l'on a affaire. Cette singul
arité fournit le point de départ de la présente étude : élucider les rap
ports complexes qui unissent le lucus de Stimula à la religion dionysia
que, c'est en effet atteindre aux racines mêmes du phénomène des Bac
chanales à Rome.
Topographie
En l'année 186, un enchaînement de circonstances permet aux magist
rats romains de démasquer le «complot» des Bacchanales : P. Aebutius,
un jeune homme, orphelin de père, tombe, après la mort de ses tuteurs,
3Llv, 39, 8, 3-9, 1.
*Ibid. 13, 8 sq.
5 Sur cette expression, voir infra p. 103. STIMULAE» 57 «LUCUS
sous la coupe de sa mère Duronia et de son beau-père T. Sempronius
Rutilius. Il tombe malade et sa mère fait le vœu, en cas de guérison, de
Γ« initier aux bacchants»: en réalité, avance Tite-Live, adversaire résolu
des Bacchanales, il s'agit de se débarrasser de ce fils encombrant, tout au
moins de le compromettre. Ce qui fait tout échouer, c'est l'abstinence
rituelle imposée à Aebutius, futur myste. Lorsqu'il révèle à sa maîtresse,
la courtisane Hispala Faecenia qu'il devra faire chambre à part pendant
dix nuits, celle-ci se décide à rompre la loi du silence que doivent obser
ver les initiés dont elle fait partie : par deux fois, elle se confesse, d'abord
à Aebutius, puis au consul Sp. Postumius Albinus qui lui enjoint de révél
er «quae in luco Stimulae Bacchanalibus in sacro nocturno solerent fie-
Une première difficulté se présente : les manuscrits liviens ne portent
pas Stimulae mais simili, simulae et simul. Cependant la correction St
imulae est unanimement acceptée. En effet, plusieurs autres textes font
état d'une dea Stimula; Ovide nous apprend qu'elle possédait un lucus1;
enfin ce lucus était le théâtre des Bacchanales, selon une scholie ancienne
à Juvénal, laquelle dépend très probablement du texte de Tite-Live non
encore corrompu : «Bacchanalia uiuunt : criminose uiuunt. Id est : qui sub
figmento seueritatis sunt inpudici, nam sacra Bacchanalia ex SC condem-
nata sunt, cum probatum esset senatui honestissimas feminas ad Stimulae
deae lucum foede adulterant.
Ovide, dans le même passage, ne sait quel nom donner à ce bois
sacré : «lucus er at: dubium Semelae Stimulaene uocetuf». Cette deuxième
appellation nous est également connue par une inscription fu

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