La Chambre des députés (1881-1885). Analyse factorielle des scrutins - article ; n°1 ; vol.21, pg 5-50

REVUE_FRANCAISE_DE_SCIENCE_POLITIQUE0 - Antoine Prost , Christian Rosenzveig

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Revue française de science politique - Année 1971 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 5-50
The Chmaber of Deputies (1881-1885). A factorial analysis of voting, by Antoine Prost and Christian Rosenzveig The voting of 481 deputies in the 1881-1885 Parliament has been studied by a new method, based on a factorial analysis. A sample composed of 13 key ballots and four random samples concerning 60 different votes spaced out over the period have been analysed. The diagrammes based on the results show the isolation of the anti-Republican right throughout the period, the absence of party discipline, the variety of opinions among the Gambettists. Moreover between 1882 and 1883 the first two factors are inversed: to begin with the Chamber is fundamentally divided on a left / right basis: from 1883 onwards the division is between a coalition of the two extremes on the one hand, and the governing centre on the other. These broad divisions cover a multitude of individual shiftings which remain to be studied. [Revue française de science politique XXI (1), février 1971, pp 5-50]
La Chambre des Députés (1881-1885). Analyse factorielle des scrutins, par Antoine Prost et Christian Rosenzveig Une méthode nouvelle d'analyse factorielle est appliquée au vote de 481 députés de la législature, d'abord dans un échantillon de 13 scrutins significatifs, puis dans quatre échantillons aléatoires de 60 scrutins chacun, échelonnés au long de la législature. Les graphiques qui résultent de ce traitement montrent l'isolement constant de la droite antirépublicaine, l'absence de discipline de vote, la diversité et l'éparpillement des gambettistes. De plus on assiste entre 1882 et 1883 à une interversion des deux premiers facteurs : au début, la Chambre est structurée par l'opposition fondamentale droite/gauche, à partir de 1883 son trait dominant est au contraire l'opposition des deux extrêmes coalisés, droite et gauche, au centre gouvernemental. Derrière ces structures globales, se laissent apercevoir une multitude de glissements individuels, de sens divers, qui restent à étudier. [Revue française de science politique XXI (1), février 1971, pp 5-50]
46 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par	REVUE_FRANCAISE_DE_SCIENCE_POLITIQUE0
Publié le	01 janvier 1971
Nombre de lectures	26
Langue	Français
Poids de l'ouvrage	3 Mo

Extrait

Monsieur Antoine Prost
Monsieur Christian Rosenzveig
La Chambre des députés (1881-1885). Analyse factorielle des
scrutins
In: Revue française de science politique, 21e année, n°1, 1971. pp. 5-50.
Résumé
La Chambre des Députés (1881-1885). Analyse factorielle des scrutins, par Antoine Prost et Christian Rosenzveig
Une méthode nouvelle d'analyse factorielle est appliquée au vote de 481 députés de la législature, d'abord dans un échantillon
de 13 scrutins significatifs, puis dans quatre échantillons aléatoires de 60 scrutins chacun, échelonnés au long de la législature.
Les graphiques qui résultent de ce traitement montrent l'isolement constant de la droite antirépublicaine, l'absence de discipline
de vote, la diversité et l'éparpillement des gambettistes. De plus on assiste entre 1882 et 1883 à une interversion des deux
premiers facteurs : au début, la Chambre est structurée par l'opposition fondamentale droite/gauche, à partir de 1883 son trait
dominant est au contraire l'opposition des deux extrêmes coalisés, droite et gauche, au centre gouvernemental. Derrière ces
structures globales, se laissent apercevoir une multitude de glissements individuels, de sens divers, qui restent à étudier.
[Revue française de science politique XXI (1), février 1971, pp 5-50]
Abstract
The Chmaber of Deputies (1881-1885). A factorial analysis of voting, by Antoine Prost and Christian Rosenzveig
The voting of 481 deputies in the 1881-1885 Parliament has been studied by a new method, based on a factorial analysis. A
sample composed of 13 key ballots and four random samples concerning 60 different votes spaced out over the period have
been analysed. The diagrammes based on the results show the isolation of the anti-Republican right throughout the period, the
absence of party discipline, the variety of opinions among the Gambettists. Moreover between 1882 and 1883 the first two factors
are inversed: to begin with the Chamber is fundamentally divided on a left / right basis: from 1883 onwards the division is
between a coalition of the two extremes on the one hand, and the governing centre on the other. These broad divisions cover a
multitude of individual shiftings which remain to be studied.
[Revue française de science politique XXI (1), février 1971, pp 5-50]
Citer ce document / Cite this document :
Prost Antoine, Rosenzveig Christian. La Chambre des députés (1881-1885). Analyse factorielle des scrutins. In: Revue
française de science politique, 21e année, n°1, 1971. pp. 5-50.
doi : 10.3406/rfsp.1971.393277
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1971_num_21_1_393277LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS (1881-1885)
Analyse factorielle des scrutins
ANTOINE PROST et CHRISTIAN ROSENZVEIG
L'idée n'est pas neuve d'associer à l'éventail des opinions poli
tiques une sorte de topographie. La place même des députés
dans l'espace clos de l'hémicycle suggère une première classifica
tion : les extrêmes et le centre, la droite et la gauche constituent les
catégories élémentaires d'une géographie sommaire des tendances
politiques.
Etait-il possible de dépasser ce stade traditionnel, mais rudimen-
taire ? La question fut suscitée, avec vigueur, par une enquête sur les
proclamations électorales de 1881. En effet, pour interpréter ces textes,
il fallait disposer d'une classification solide et fine qui permette d'assi
gner précisément à chaque député une tendance politique. Or les partis
politiques n'existaient pas encore, et les groupes parlementaires n'ins
piraient qu'une confiance limitée, en raison de leur évidente hétéro
généité. Force était donc d'établir, à partir de données objectives, une
typologie rigoureuse des familles politiques dans la Chambre des dé
putés : définir selon des critères incontestables des groupements de
fait, dire qui les animait, qui les composait, et quelle en était l'orien
tation politique, tel était l'objectif fondamental d'une enquête préalable.
On le voit, l'hypothèse même de cette recherche était la réalité de
familles politiques distinctes, précises et stables à l'intérieur de la
Chambre des députés. Il nous semblait impossible qu'elle constituât un
magma indifférencié et fluctuant : des tendances existaient, qu'il s'agis
sait de découvrir. A notre avis, le comportement parlementaire des élus
devait permettre de dégager des constantes et des oppositions, et par là
de ranger chaque député dans un groupe ou dans un autre. L'analyse Antoine Prost et Christian Rosenzveig
des scrutins était la méthode la plus sûre pour mettre en évidence proxi
mités, affinités et antagonismes : elle devait fonder une typologie objec
tive des familles politiques l.
I. LES MÉTHODES
Le Journal officiel de la République française indique, dans son
édition des Débats parlementaires de la Chambre des députés, après le
compte rendu de chaque séance, les résultats des scrutins qui ont eu
lieu. Après l'analyse succincte de la question soumise au scrutin, figure
le résultat global, puis plusieurs listes alphabétiques des députés qui
ont respectivement voté pour, contre, qui se sont abstenus ou qui étaient
absents, avec mention de la raison de leur absence. Un travail simple,
mais long, minutieux et fastidieux, permet d'établir à partir de ces
listes une fiche pour chaque député, en précisant la façon dont il a
voté dans chaque scrutin : telles sont, sous réserve de précisions quant
aux députés et aux scrutins inclus dans l'analyse, les données de la
recherche.
Elles furent traitées suivant une méthode mise au point par le labo
ratoire du professeur J.-P. Benzécri et qui convenait particulièrement
bien à leur nature. Sans entrer dans des détails érudits, on nous per
mettra de résumer ici brièvement les traits originaux de cette méthode
appelée « analyse factorielle des correspondances ». Sinon, l'exposé des
résultats risquerait d'être mal interprété.
1. Cette recherche n'aurait pu aboutir sans le concours d'organismes nombreux,
que nous tenons à remercier ici tout particulièrement. L'initiative en revient au
Centre de recherches sur l'histoire du xix* et du XXe siècle, à la Sorbonne, et à son
directeur, le Professeur Louis Girard. Antoine Prost était alors maître-assitant à ce
Centre de recherches, dont toute l'équipe participa à l'élaboration des données. Rémi
Gossez. ingénieur technique au C.N.R.S., et Suzanne Gossez, collaborateur technique,
jouèrent à ce stade un rôle particulièrement important. Comme le Centre de recherches
constituait une Equipe de recherche associée au C.N.R.S. (n° 113), cet organisme prit
une part importante au financement des dépouillements initiaux : sans sa générosité,
nul doute qu'il nous aurait été impossible de réunir une documentation aussi import
ante. Le traitement mathématique des données fut assuré par le Laboratoire de
statistique mathématique de la Faculté des sciences de Paris (Halle-aux-vins), dirigé
par le Professeur Jean-Paul Benzécri. Christian Rosenzveig y préparait alors une
thèse de 5e cycle. Ce laboratoire nous fournit les programmes et le temps d'ordinateur
nécessaires aux analyses factorielles. Nous y avons toujours trouvé un accueil cordial
et une compréhension éclairée. Enfin, la Fondation nationale des sciences politiques
a bien voulu publier cet article en l'accompagnant de graphiques en couleur fort
onéreux. Sans cette contribution finale, mais décisive, sans l'habileté des dessina
teurs et des services techniques de la Revue, la présentation des résultats de l'e
nquête aurait été infiniment moins parlante. Que tous les organismes et toutes les
personnalités dont la collaboration a permis de mener ainsi à son terme une recherche
pleinement pluridisciplinaire veuillent bien trouver ici l'expression de nos vifs et sin
cères remerciements. La Chambre des députés (1881-1885)
L'analyse factorielle est une méthode bien connue des psychol
ogues. Elle est d'ailleurs née de la psychologie expérimentale, au
début du siècle, avec Pearson et Spearman, et c'est à un psychologue,
M. Reuchlin, que nous devons le dernier paru des livres écrits en
français à son sujet2.
Comme technique mathématique, l'analyse factoriel