L'art ancien des mimbar dans les mosquées de Bali - article ; n°1 ; vol.44, pg 95-114

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Archipel - Année 1992 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 95-114
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par	ARCHIPEL0
Publié le	01 janvier 1992
Nombre de lectures	13
Langue	Catalan
Poids de l'ouvrage	2 Mo

Extrait

Moh. Ali Fadillah
L'art ancien des mimbar dans les mosquées de Bali
In: Archipel. Volume 44, 1992. pp. 95-114.
Citer ce document / Cite this document :
Fadillah Moh. Ali. L'art ancien des mimbar dans les mosquées de Bali. In: Archipel. Volume 44, 1992. pp. 95-114.
doi : 10.3406/arch.1992.2853
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1992_num_44_1_2853MOH. ALIFADILLAH
L'art ancien des mimbar
dans les mosquées de Bali
Jusqu'ici, l'art et l'archéologie islamiques de Bali n'ont guère retenu l'atten
tion des chercheurs. Quant aux chaires anciennes (mimbar) qui se trouvent
dans les mosquées, si elles ont été parfois signalées dans quelques études rela
tives aux implantations musulmanes, elles n'ont pas encore fait l'objet d'une
recherche d'ensemble (*).
Il paraît donc urgent d'en donner une analyse, d'autant que le matériau,
le bois, en est périssable. Ces mimbar, qui témoignent de l'empreinte de l'islam
sur les côtes de Bali, doivent être considérés comme une force d'expression
de la culture islamique, mais il est intéressant de constater que, dans la forme
et dans le décor, l'influence de l'art indo-balinais n'est pas moins évidente.
Le phénomène est identique à Java, où il a été démontré que les mimbar
anciens font une large place aux éléments décoratifs pré-islamiques.
Cette utilisation des motifs balinais d'inspiration hindouiste, qui semble
curieuse dans une mosquée, pourrait s'expliquer par la tolérance de l'islam
en matière d'art décoratif, partant du principe que la richesse et l'originalité
de l'ornementation sont privilégiées, à condition toutefois qu'en soit bannie
la représentation de créatures vivantes (2). Mais le problème n'est peut-être
pas aussi simple, car, d'une façon générale, ces motifs n'ont pas seulement
une valeur esthétique ; ils renferment des symboles qui sont l'expression
directe de la philosophie hindouiste. Aussi doit-on se demander si l'on retrouve,
dans la forme et la décoration des chaires anciennes, la même valeur symboli
que qui s'attache à l'ornementation des oeuvres d'art et d'architecture tradi-
tionelles balinaises.
Pour discuter de ce problème, nous allons nous appuyer sur les données
d'une recherche relative aux mimbar des mosquées suivantes :
- Mesjid Nurul Huda, à Gelgel (Klungkung) (%
- Mesjid Agung Keramat, Baiturrahim, Jamik, à Kajanan à à Kecicang Kajanan (Singaraja), (Karangasem) (Singaraja) (5), (4), BALI : EMPLACEMENT DES SITES ISLAMIQUES ANCIENS
JAVA
OCEAN INDIEN
km 97
- Mesjid Baitul Syuhada, Qadim, à Serangan à Loloan (Denpasar) (Jemberana) (7) (6),
- Mesjid Jamik Muhajirin, à Kepaon (Denpasar) (8).
Il s'agit ici des implantations musulmanes les plus anciennes sur le littoral
balinais.
Nous mettrons l'accent sur les éléments décoratifs proprement dits, dans
la mesure où ils caractérisent l'art islamique de Bali et permettent de saisir
son évolution. Ainsi sera-t-on peut-être à même de juger du degré de tolé
rance esthétique, dont on dit à Java qu'elle a grandement facilité, dans les
premiers temps, la diffusion de l'islam (9\ En outre, on devrait mieux appré
hender le sens symbolique du décor des mimbar et son adéquation aux con
ceptions religieuses sous-jacentes.
La signification du mimbar
Elle est à rattacher à la fonction même de la mosquée. Dès l'époque du
Prophète Muhammad et celle du Califat de la Mecque, au début du premier
siècle de l'Hégire (Vile siècle E.C.), la chaire servait au prône et à l'enseign
ement religieux, mais le charisme du Prophète en avait fait aussi un symbole
de sa qualité de Chef de la communauté. D'ailleurs, à la mort de Muhammad
(671 E.C.), un débat s'instaura entre ses compagnons pour savoir s'il était
convenable qu'un représentant du pouvoir dans les provinces délivre, lui aussi,
son prône depuis le mimbar, que l'on tenait alors en très haute révérence.
Cet attribut suprême du pouvoir sur la communauté ne devait-il pas être
réservé au seul Calife ?
Plus tard, la chaire devint le symbole du pouvoir au sens large, à savoir
qu'elle pouvait être utilisée dans les régions où s'exerçait l'autorité centrale.
Et lorsque, dans les mosquées, le message politique s'effaça devant l'ense
ignement religieux et que le prône ne fut plus l'apanage du représentant de
l'autorité, l'usage du mimbar resta associé à la seule prédication. Ainsi, depuis
l'an 64 de l'Hégire (683 E.C), il fut fait pour ainsi dire obligation à toute mos
quée de posséder un mimbar (10).
Lors de la prière du vendredi et pour les prières de Idul Fitri et Idul Adha,
le khotib (prédicateur), debout sur le mimbar, s'adresse à l'assemblée des fidè
les, en vue de tous. D'après Sidi Gazalba, le caractère sacré d'une mosquée
se focalise sur ces deux composantes indispensables, et traitées avec grand
respect, que sont le mihrab (la niche orientée. vers les Lieux Saints) et le mimb
ar. En conséquence, tout serment prononcé sur celui-ci, ou à proximité,
engage irrémédiablement celui qui le prononce et tout faux-serment peut donc
avoir les effets les plus néfastes. On aura compris aussi que la fabrication d'une
chaire est presque aussi importante que la construction de la mosquée
elle-même.
Les anciens mimbar de Bali
Avant la colonisation hollandaise, entre la fin du XIXe et le début du XXe
siècles, Bali était divisé en huit royaumes, dont la population était majoritai- Tableau I
CARACTERISTIQUES DES MIMBAR ANCIENS DE BALI
Gelgel Kajanan I Kajanan II Loloan Serangan Kepaon Kecicang
Lieu Mesjid Nurul Mesjid Baiturrahim Mesjid Keramat Mesjid Baitul Mesjid Syuhada Mesjid Jamik Mesjid Agung
Huda Kpg. Kecicang Jamik Qadim Kpg. Bugis Muhajirin (Kuno)
Kpg. Kajanan Kampung Gelgel Karangasem Kpg. Kajanan Loloan Timur Serangan Kpg. Kepaon
Singaraja Singaraja Jemberana Denpasar Klungkung Denpasar
Habitants du Javanais Sasak Javanais Javanais Bugis Bugis Bugis
quartier Balinais Balinais Bugis Bugis Malais Makassar Balinais
Javanais
Madourais
Date 1280 H./1 863 XKes. XKes. 1300 H./1883 XKes. XKes. 1326 H./1909
construction de la (inscription) (inscription)
mosquée
Situation du à l'intérieur du à l'intérieur du à l'intérieur du à côté du à l'intérieur du devant le devant le péristyle
mimbar mihrab mihrab mihrab mihrab mihrab mihrab de la mosquée
Portique colonettes sans linteau en accolade linteau linteau en accolade linteau en arc de linteau en arc de linteau en accolade
linteau triangulaire cercle cercle
Toit à deux pentes, coupole, au-dessus coupole, au-dessus pyramidal, pyramidal, pyramidal, pyramidal,
au-dessus du siège, couvrant au-dessus au-dessus au dessus du siège du siège
précédé d'un l'ensemble du siège du siège du siège
linteau en accolade
Siège padmasana padmasana ordinaire ordinaire ordinaire ordinaire padmasana
(côtés relevés) et et dossier en forme dossier en forme dossier plat dossier plat dossier plat et dossier en forme
dossier en forme de gunungan de gunungan de gunungan
de gunungan
Motifs du décor patra punggel mas-masan patra sari rinceaux kupu-kupu sinosar karang menjangan karang menjangan
patra Punggel olanda rinceaux rinceaux ("atypique") rinceaux cerapcap ("atypique")
mas-masan mas-masan rinceaux ("atypique") ("atypique")
kupu-kupu sinosar ("atypique") cerapcap
ganggong cerapcap
teratai ganggong
teratai
motif "Jepara" Tableau II
MOTIFS DES MIMBAR
Motifs Gelgel Kajanan Kajanan Loloan Serangan Kepaon Kecicang
I II
* * Karang Menjangan
* * Patra Punggel
4> Patra Sari
* Patra Olanda
* * Mas-masan
4c 4c Kupu-kupu Sinosar
4> * * Cerapcap
* * Ganggong
* * Teratai (lotus)
Motif "Jepara" *
•le 4c 4> 4> * Motif bugis-makassar en
rinceaux ("atypique") Mimbar des mosquées Nurul Huda, à Gelgel, Klungkung (en haut) et Baiturrahim, à Keci- 1.
cang, Karangasem (en bas). 2. Mimbar des Mosquées Keramat, à Kajanan, Singaraja (Kajanan I) (en haut) et Agung Jamik,
à Kajanan, Singaraja (Kajanan II) (en bas). 102
rement de confession hindouiste. Cinq de ces royaumes, Klungkung, Karang
asem, Buleleng, Badung et Je

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