Études sur l abbaye de Saint-Denis à l époque mérovingienne - article ; n°1 ; vol.91, pg 5-65
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1930 - Volume 91 - Numéro 1 - Pages 5-65
61 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1930
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Léon Levillain
Études sur l'abbaye de Saint-Denis à l'époque mérovingienne
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1930, tome 91. pp. 5-65.
Citer ce document / Cite this document :
Levillain Léon. Études sur l'abbaye de Saint-Denis à l'époque mérovingienne. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1930,
tome 91. pp. 5-65.
doi : 10.3406/bec.1930.448894
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1930_num_91_1_448894ÉTUDES
SUR
L'ABBAYE DE SAINT-DENIS
A L'ÉPOQUE MÉROVINGIENNE1
IV
LES DOCUMENTS D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE
(Suite)
Nos précédentes Études sur Vabbaye de Saint-Denis à
V époque mérovingienne ont singulièrement diminué le rôle
que les historiens antérieurs faisaient jouer à Dagobert Ier
dans l'histoire de la basilique san-dionysienne, puisqu'elles
dénient à ce roi toute participation à la fondation de l'a
bbaye et toute initiative dans l'octroi de l'immunité, le plus
important des privilèges que les églises obtinrent des souve
rains de la première dynastie.
Mais il est une gloire que l'on ne peut refuser à Dagobert,
c'est d'avoir été par ses bienfaits le véritable promoteur de
l'incomparable prospérité de Saint-Denis aux temps mérov
ingiens. Certes, nous pouvons inférer de quelques docu
ments qu'avant le règne de ce prince la basilique possédait
une grosse fortune mobilière et immobilière : des rois et des
particuliers l'avaient dotée de ces immenses domaines dési
gnés sous le nom de « villae » qui constituaient avec leurs
bois, leurs terres arables et leurs prés, leurs eaux courantes,
de vastes exploitations rurales pourvues du matériel approp
rié, garnies de gros et de petit bétail, et peuplées de tout
1. Voir Bibliothèque de V École des chartes, 1921, t. LXXXII, p. 5-116 ; 1925,
t. LXXXVI, p. 5-99; 1926, t. LXXXVII, p. 20-97 et p. 245-346. ÉTUDES SUR L'ABBAYE DE SAINT-DENIS 6
un personnel de serfs et de libres tenanciers indispensable à
la mise en valeur de ces biens1. Et déjà nous pouvons croire,
sans qu'il soit nécessaire qu'un texte vienne l'affirmer, que
l'excédent de la. production sur la consommation était l'ob
jet de négoces qui contribuaient à l'accroissement du capital
de la communauté : il est possible que ce soit en vue de faci
liter aux San-Dionysiens l'écoulement des produits de leurs
terres sur le marché parisien qu'un grand personnage, le
« vir inluster Daobercthus », fils de Baddo, fit donation^ la
basilique d'une « area » située dans l'enceinte de Paris 2.
A cette source commerciale de la fortune mobilière s'ajou
taient les offrandes des pèlerins, tant pour les usages de la
congrégation et les devoirs de l'hospitalité que pour l'entre
tien du luminaire et l'enrichissement du trésor. Ce dernier,
avec les ornements de l'autel, telles cette riche étoffe de soie
tissue d'or et garnie de pierres précieuses et cette pyxide
d'or en forme de colombe, qui, au témoignage de Grégoire
de Tours, excitèrent la convoitise de soldats pillards 3, avec
les croix, les vases précieux et les livres sacrés qui servaient
1. Diplôme original de Clovis II, Clichy, 22 juin 654 : «... ab ipsis principebus
[Dagobert et N antecliilcle) vel a citeris priscis regebus, vel aeciam a Deo timen-
tebus xpistianis hominebus, ipse sanctus locus in rebus propter amorem Dei
et vita aeterna videtur esse ditatus... ». — « Per hanc autoretatern jobemus ut,
si qua ad ipsum locum sanctum in villabus, mancipiis vel quibuscumque rebus
adque corporebus a priscis principebus seo genetorebus nostris vel a Deum
timentebus hominebus propter amorem Dei ibidem delegatum aut deinceps
fuerit addeium, dum ex munificentia parentum nostrorum, ut dixemus, ipse
sanctus locus videtur esse ditatus, nullus... » Lauer et Samaran, Les diplômes
originaux des Mérovingiens, nos 6 et 6 bis. — De toutes les donations antérieures
à Dagobert IeT dont parle Clovis II dans ce diplôme, il ne nous est parvenu
qu'une confirmation par Clotaire II d'une concession faite par un marchand,
Jean, de « aliquid de suis facultatebus » à la basilique de Saint-Denis, « hoc est,
in terris, domebus, mancipiis... » Diplôme original de Clotaire II, Étrépagny,
s. d. (Lauer et Samaran, ouvr. cité, n° 2), et que la charte de Théodétrude de
627 (Julien Havet. Les origines de l'abbaye de Saint-Denis, dans Œuvres de J. 234).'
Havet, t. I, p.
•;f>2. Diplôme original de Clotaire II, Étrépagny, 625, 14 juin-15 juillet, Lauer
et Samaran, Les diplômes originaux des Mérovingiens, n° 1. — Les sens clas
siques du mot « area » ne paraissent pas convenir ici. Il doit s'agir d'un terrain
vague, à proximité de la Seine peut-être, comme celui que l'empereur Louis le
Pieux donnait aux moines de Saint-Mesmin de Micy dans le port de Saint-
Mesme « ad eorum exonerandas naves sive ad suas quascumque fulciendas ne
cessitates » et qui est ainsi désigné : «... locum quem juxta consuetudinem terrae
areas vocant », c'est-à-dire un emplacement à usage d'entrepôt. Cf. L. Levillain,
Recueil des actes des rois d'Aquitaine, Pépin Ier et Pépin II, p. 77-80, n° xxr.
3. Grégoire de Tours, Liber in gloria martyrum, 71 ; édition Krusch, Mon.
Germ, hist., Scriptores rerunrMerovingicarum, t. I, p. 535-536. L EPOQUE MEROVINGIENNE / A
à la célébration du culte 1, constituait, une réserve que, dans
des circonstances d'une extrême gravité, on pouvait être
appelé à monnayer2.
Mais si la basilique de Saint-Denis est, avant l'époque de
Dagobert Ier, en possession d'un riche temporel, rien cepen
dant n'autorise à supposer qu'elle l'emportait en richesse
sur les autres grandes basiliques de la Gaule mérovingienne.
Le règne de ce roi marque le début d'une ère de prospérité
inouïe : « Tantae opes ab eodem et villas et possessiones
multas per plurema loca ibique sunt conlate, ut miraretur a
plurimis3. »
L'étude des documents concernant le temporel de l'a
bbaye de Saint-Denis ne laisserait pas de justifier pleinement
l'étonnement des contemporains de Dagobert, non seul
ement en faisant toucher du doigt, pour ainsi dire, la multi
plicité et la variété des concessions consenties par ce roi à
son abbaye préférée, mais aussi en faisant ressortir la nou
veauté de quelques-unes de ces concessions. C'est de celles-ci
que nous allons principalement nous occuper dans le présent
mémoire.
I. — La foire de la Saint-Denis.
Il y eut à Saint-Denis, durant le moyen âge et les temps
modernes jusqu'à la Révolution, trois grandes foires an
nuelles : la foire de la Saint-Mathias en février, le Lendit en
juin et la foire de la Saint-Denis en octobre.
De ces grandes manifestations médiévales de la vie éc
onomique, la dernière seule peut prétendre remonter à
l'époque mérovingienne, bien que l'on ait parfois attribué
une origine aussi ancienne aux deux autres.
Écartons en deux mots ces dernières.
La foire de la Saint-Mathias, pour laquelle nous n'avons
1. Diplôme original de Clovis II, Clichy, 654, 22 juin : « ... calices vel croces,
seo indumenta altaris vel sacros codeces, argentum aurumve, vel qualemcumque
'speciem de quod ibidem conlatum fuit aut erit... ». Lauer et Samaran, Les di
plômes originaux des Mérovingiens, n° 6.
2. Les textes du moyen âge nous offrent de nombreux exemples de ce mon
nayage des objets d'or et d'argent des trésors d'églises. Déjà Grégoire de Tours
nous montre l'évêque de Poitiers Marovée se rachetant, lui et sa cité, par le
moyen d'une composition en or dont il s'est procuré les espèces en faisant briser
et fondre un calice d'or de son église.
3. Frédégaire, Chronica, IV, 79 ; édition Krusch, p. 161, ETUDES SUR L ABBAYE DE SAINT-DENIS Ö
aucun document ancien indiquant à quelle époque elle a
commencé d'exister, est née de la fête de la dédicace de
l'église, commémorée chaque année, dès le ixe siècle1, le
24 février, jour de la fête de l'apôtre saint Mathias. Un récit
légendaire, composé par un moine de Saint-Denis à l'e
xtrême fin du xie siècle2, attribue cette da

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