État de l industrie textile en France, d après enquête du contrôleur général Desmarets (début du XVIIIe siècle) - article ; n°1 ; vol.104, pg 137-218
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État de l'industrie textile en France, d'après enquête du contrôleur général Desmarets (début du XVIIIe siècle) - article ; n°1 ; vol.104, pg 137-218

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1943 - Volume 104 - Numéro 1 - Pages 137-218
82 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1943
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Paul-Marie Bondois
État de l'industrie textile en France, d'après enquête du
contrôleur général Desmarets (début du XVIIIe siècle)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1943, tome 104. pp. 137-218.
Citer ce document / Cite this document :
Bondois Paul-Marie. État de l'industrie textile en France, d'après enquête du contrôleur général Desmarets (début du XVIIIe
siècle). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1943, tome 104. pp. 137-218.
doi : 10.3406/bec.1943.449299
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1943_num_104_1_449299ETAT DE L'INDUSTRIE TEXTILE
EN FRANGE
D'APRÈS L'ENQUÊTE DU CONTRÔLEUR GÉNÉRAL DESMARETS
(DÉBUT DU XVIIP SIÈCLE)
En l'automne de 1708, le contrôleur général des finances
Nicolas Desmarets 1 fit faire par ses subordonnés (intendants,
subdélégués, inspecteurs)1 une enquête sur l'état de l'indus
trie drapière en France. Les réponses des inspecteurs des
manufactures, chargés de ce travail, ont été recopiées en un
gros registre manuscrit, conservé maintenant à la Bibli
othèque nationale (département des Manuscrits), sous la
cote 8037 du fonds français, et présentent, en général, un
grand intérêt par les détails précis qu'elles donnent.
Ces rapports sont rédigés, en effet, et presque toujours,
de manière nette et minutieuse, mais suivant des plans diffé
rents de conception, de réalisation et de mise en œuvre, donc
sans unité d'ensemble. Quoi qu'il en soit, on peut, en les
résumant, tracer un tableau assez net de l'état de ces indus-
1. Nicolas Desmarets (1650-1721), neveu de Colbert, après un mauvais début
dans l'administration des finances (il avait été disgracié à la suite d'une malen
contreuse refonte des monnaies, opération où il fut accusé de malversations),
devint directeur des finances en 1702 et succéda à Chamillart au contrôle général
en 1708; il se montra assez habile dans les circonstances désastreuses, où se
débattait le pays, sut tirer de l'argent des banquiers, établit la dîme royale,
supprima des charges et ordonna, enfin, en 1709. une nouvelle refonte des
espèces. Il put ainsi faire repousser les propositions humiliantes des conférences
de Gertruydenberg ; il semble qu'il ait eu l'intention de réparer tous les dé
sordres de l'administration, mais la mort de Louis XIV détermina sa chute, et
il tomba en disgrâce à la Régence. Il se retira à la campagne et mourut cinq ans
après, non sans avoir défendu sa gestion dans un curieux mémoire, bien présenté,
mais qui, au dire de Lenglet-Dufresnoy, « ne dit pas tout. » Malheureusement
aussi, il s'est montré fort étroit dans sa politique économique et a exagéré les
principes du colbertisrae protecteur. 138 PAUL-M. BONDOIS
tries en France au début du xvine siècle1. En n'utilisant
que les indications essentielles, en ne se perdant pas dans les
détails, le rapide tableau qui sera alors esquissé permettra
d'avoir une idée générale sur le travail vestiaire dans les
différentes provinces. Il ne faut pas oublier que l'époque
étudiée est une ère de grave crise économique et que la guerre
entravait alors cruellement le développement de la vie inté
rieure et sociale du pays.
I. — Auvergne 2
Ainsi, en Auvergne, la situation était grave, par suite des
banqueroutes, de la rareté de l'argent, de la misère générale.
Cependant, le travail drapier continuait à Ambert et dans
les environs, Olliergues, Sauxillanges, Cunlhat (La Sauva-
gère), où l'on faisait étamines, camelots, burattes. Les laines
locales employées étaient grossières et provoquaient des
réclamations. Les produits, teints sur les lieux, étaient en
voyés à Lyon et à Montpellier. A Ambert, quatre marchands
centralisaient ce commerce.
A Clermont, quinze fabricants donnaient des serges dra
pées, étamines, droguets ; il y avait en cette ville quatre
teinturiers et quinze marchands •; trois foires par an s'y
tenaient, ainsi qu'une à Montfeřrand. Deux teinturiers et
six marchands teignaient et vendaient les serges drapées,
confectionnées à Saint-Flour. A Aurillac, quinze sergers fa
isaient de petits camelots, des rases, des étamines, des dro
guets ; lès ouvriers y étaient pauvres. La ville comptait trois
teinturiers et huit marchands. La confection de dentelles
au fuseau à Murât, Allanche, Langeac, Brioude avait porté
un coup fatal à la manufacture des « points de France »
d'Aurillac, créée par J.-B. €olbert.
Brioude comptait six marchands, dix sergers, dix-huit
métiers, un teinturier. On n'y créait que de grosses étoffes,
pour les paysans.
1. J'ai, d'après ces documents, étudié la draperie en Normandie dans la revue
Normannia (1938, in-8°, p. 1-27), et j'ai préparé aussi des travaux analogues
sur cette industrie en Champagne et à Sedan. Dans le présent article, de carac
tère plus général, toutes ces données ont été reprises et résumées.
2. Ms. cité, f . 141-145. Le rapport sur l'Auvergne est dû à l'inspecteur Pichol. .
ÉTAT DE L'INDUSTRIE TEXTILE EN FRANCE 139
A Langeac, Paulhaguet, Salers, Saint-Martin-de-Cantalès,
Mauriac, Maringues, Issoire, Allanche, Billom, Riom, Thiers,
Chaudesaigues, Ardes et Saint-Germain-Lembron s'activait
une petite industrie de serges, droguets et grosses étoffes.
II. — Beauvaisis et Picardie1
En Picardie, la fabrication des étoffes atteignait une grande
importance. A Amiens ouvraient deux communautés de
fabricants de saiterie et de haute lisserie, qui produisaient
sur deux mille cinq cent quatre-vingt-dix-sept métiers des
étoffes de poils, de soies et de laines diversifiées par leurs
chaînes, puisque les saiteurs ne pouvaient travailler que sur
chaînes de laines et les haut-lissiers sur chaînes de soies. Ces
communautés, recourant au procédé d'authentifîcation de
la marque, étaient strictement organisées ; les visites des
pièces s'opéraient au bureau, au sortir du métier ; reconnues
de bonne qualité, les étoffes étaient marquées d'un plomb 2,
après acquittement des droits. Un autre bureau était con
sacré aux produits à chaînes de laines, car les haut-lissiers
avaient aussi marque et système de droits. Les statuts de
ces communautés (ainsi que de celle des houppiers) remont
aient à 1641 et 1666. Seules, les longueurs des pièces va
riaient suivant les exigences de la mode.
Quelques autres spécialités (étamines glacées, « double-
soie », camelots « à la Bruxelles », peluches) n'étaient pas visi
tées ; leur fabrication était libre. Les laines utilisées prove
naient de la région picarde, du Soissonnais, de l'Angleterre.
Les plus fines étaient apprêtées à Abbeville et à Calais. Les
fabricants ne. tenaient pas de registres, mais l'inspecteur fai
sait exactement son métier et affirmait que le total de la pro
duction annuelle atteignait cent quatre-vingt mille pièces ; le
1. Ms. cité, f. 266-277. Le mémoire sur le Beauvaisis est copié du f. 281 au
f. 292.
2. Aux armes de la ville et à l'inscription « saiterie d'Amiens. » Voir Ed. Maugis,
La saieterie ď Amiens, 1907,-in-8°. Cf. aussi sur cette branche de l'industrie
drapière, primitivement fabrication de sayes ou sayeltes. serges de laine et
soie, puis, après, fabrication d'étoffes de laine mêlées à un peu de soie, H. Sée
et A. Rébillon, Le XVIe siècle (collection Clio), 1.9.34, in-16, p. 322; J. Peu-
chet, Dictionnaire universel de la géographie commerçante, t. I, an VIII, in-4°,
p. 330. PAUL-ЛГ. BONDOIS 140
prix modique de ces bons produits déterminait une grande
exportation en Suisse, Italie et Espagne.
Trois communautés de teinturiers (grand teint, petit
teint, teinturiers en soie) travaillaient à Amiens. Le travail
du petit teint (rouge garance, pourpre, amarante, violet,
amaryllis, aurore, jaune, etc.) était médiocre, si bien qu'il
était interdit à ces ouvriers de faire des colorations particu
lièrement délicates (noisette, cannelle, café, gris, etc.). Les
teinturiers de grand teint (écarlate, fer, rouge, noir, bl

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