Le présent rapport présente les principaux résultats et conclusions de l’étude conduite par la Banque africaine de développement sur les transferts de migrants, à la demande du Comité Interministériel de la coopération internationale et du développement de la France. L’étude a été menée sous la direction scientifique d’un comité de pilotage coordonné par M. Mohamed Bourenane, Chef de Division au sein du Département Secteur Privé et Micro-finance de la Banque africaine de développement.
LES TRANSFERTS DES FONDS DES MIGRANTS,
UN ENJEU DE DEVELOPPEMENT
Maroc
Sénégal
Mali
Les Comores
Banque Africaine de développement
Angle de l’avenue du Ghana
et des rues Pierre de Coubertin, Hédi Nouira
BP 323 – 1002 Tunis Belvédère (Tunisie)
Tél. : +216 71 333 511 – Fax : +216 71 351 933 ;
E-mail : afdb@afdb.org – Internet : www.afdb.org
Banque africaine de développementTable des matières
Préambule 3
Abréviations 4
Liste des tableaux et graphiques 5
Introduction 6
1. Profil général des quantre corridors 10
2. Les opérateurs de transferts de fonds 26
3. Les modes de transferts de fonds 38
4. L’utilisation des envois de fonds 42
5. Propositions d’actions 46
Conclusions 61
Annexes 63
12Préambule
Le présent rapport présente les principaux résultats et Seyries, Ambassadeur du Co-développement et Mme
conclusions de l’étude conduite par la Banque africaine J. Guillin-Nero, conseillère;
de développement sur les transferts de migrants, à la
demande du Comité Interministériel de la coopération De l’Agence française de développement : M. Guillaume
internationale et du développement de la France. Cruse, Conseiller du Directeur des Opérations, en
charge des migrations et Mme Valérie Reboud,
L’étude a été menée sous la direction scientifique d’un Economiste ;
comité de pilotage coordonné par M. Mohamed
Bourenane, Chef de Division au sein du Département De la Banque européenne d’investissement : M. Pedro
Secteur Privé et Micro-finance de la Banque africaine de J.F de Lima, Conseiller économique adjoint.
développement.
Le travail d’enquête et d’analyse a été mené par une
Le comité de pilotage comprenait en outre : équipe du Bureau d’études BDPA coordonnée par M.
Ludovic Houssard. Le travail de terrain a été exécuté
Du Ministère français de l’économie, des finances et de sous le contrôle de Mme Fatma Diarra (France) et de M.
l’emploi – Direction générale du Trésor et de la politique Abbas Soïdiki (Comores), Jamal Khalil (Maroc), Cheikh
Amidou Kane (Sénégal) et Moussa Sidibé (Mali). L’équipeéconomique: M. Ramon Fernandez (sous-directeur des
affaires financières internationales et développement), a également inclus MM. Marius Christian Mendes, sta-
MM. Vincent Perrin, François Marion, Mme Marie-Hélène tisticien et Eric Bachelier, Expert financier.
Bouvard et M. Emmanuel Aubert (Bureau d’Aide au
développement et des institutions multilatérales de déve- L’étude a bénéficié de l’appui financier des fonds
loppement), Mme Sophie de Castelnau (Bureau des bilatéraux français.
affaires bancaires et monétaires) ;
Les idées et opinions exprimées dans
Du Ministère des Affaires étrangères - Direction générale ce document ne reflètent pas for-
de la coopération internationale et du développement : cément la position de la Banque
Mme Florence Lasbennes, MM Stephane Madaule et africaine de développement ni
David Quien ; de celle des autres insti-
tutions associées
Du Ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de dans la conduite de
l’Identité nationale et du Co-développement : M. Guy ce travail.
3Abréviations
AFD Agence Française de Développement
APD Aide publique au développement
BAfD Banque africaine de développement
BCEAOCentrale des États de l’Afrique de l’Ouest
CCI Chambre de commerce et d’industrie
CEEAC Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale
CFSI Comité Français pour la Solidarité Internationale
EUR Euro
GAFI Groupe d’action financière internationale
GRDR Grde recherche et de développement rural
IDH Indicateur de développement humain
IMF Institution de microfinance
INSEE Institut National de la Statistique et des Études Économiques
M-banking Mobile Banking
OCDE Organisation pour le développement économique et la coopération
ONGnon-gouvernementale
PIB Produit intérieur brut
PMEs Petites et moyennes enterprises
STA Société de transfert d’argent
TIC Technologie d’information et de communication
UEMOA Union économique et monétaire ouest-africaine
4Liste des tableaux et graphiques
Cartes et graphiques
Carte générale des volumes reçus par pays 12
Part de la France pour chaque corridor 13
Carte de la répartition des envois de fonds sur le corridor Maroc 14de la des de sur le Sénégal 15
Carte de la répartition des envois de fonds sur le corridor Mali 16de la des de sur le Comores 17
Concentration régionale des migrants sur le corridor principal 18
Comportement bancaire des / reste de la population 19
Montant des tranferts 2006 Migrants du maroc 20des du Sénégal 20
Montant des tranferts 2006 Migrants du Mali 20des des Comores 20
Profil professionnel des migrants envoyant des fonds et résidant
en France 21
Transferts annuels selon le statut socioprofessionnel 22
Répartition des projets d’investissement dans le pays d’origine 22
Profil socioéconomique des bénéficiaires 24
Taux de bancarisation et taux d’épargne des bénéficiaires 25
Répartition du marché selon les modes de transferts 26
Carte de la répartition du marché des STA 28
Coût des transferts non bancaires pour un montant moyen de 300 euros 38
Le Maroc, un marché mature où le niveau de concurrence est élevé 39
Le Mali, un marché en croissance à fort potentiel de développement
via les IMF 39
Les Comores, un marché nouveau d’oligopole 39
Le Sénégal, un marché en plein développement freiné
par la sous-bancarisation des bénéficiaires 39
Volume des dépenses individuelles annuelles sur les postes immobilier et
investissement 44
Tableaux
Profil des transferts des quatre pays 11
Coûts des non bancaires pour un montant moyen de 300 euros 32
Ratios d’utilisation des fonds (nombre de ménages concernés par poste) 42 5
Affectation des montants transférés 42Introduction
La Banque africaine de développement (BAD) accorde dans les transferts de fonds et des organismes en charge
une haute priorité à la promotion des envois de fonds du contrôle des flux financiers. Au total, plus de 2000
ménages ont été interviewés. Les enquêtes ont égalementeffectués par les travailleurs migrants et à leur impact sur
le développement en Afrique. En effet, diverses études couvert les autres acteurs impliqués dans les transferts de
indiquent que les transferts de fonds des migrants pren- migrants, tant en France que dans les pays couverts.
nent une importance croissante dans les économies des
pays à forte migration. Cependant, malgré leur poids, les L’étude fait ressortir l’importance sociale, économique et
flux financiers générés en direction des pays africains financière des transferts de migrants dans les pays réci-
demeurent mal connus. De nombreuses zones d’ombres piendaires. Leur volume représente entre 9 et 24 % du PIB
quant à la structure du marché ou à l’utilisation de ces res- des pays étudiés, soit entre 80 et 750 % de l’aide publique
sources subsistent. au développement dont ils sont bénéficiaires.
L’étude conduite par la Banque africaine de développe- L’étude fait ressortir des différences significatives des
ment vise à établir un état des lieux global des flux finan- volumes de transferts informels. Ils varient selon les pays
ciers issus de la diaspora. Elle se propose d’identifier les entre 25 et 80 %. Le comportement des migrants à cet
mécanismes qui gouvernent le marché des transferts de égard est essentiellement déterminé par la performance et
fonds, les déterminants de l’offre et de la demande, à la diversité de l’offre de services des banques d’une part
quantifier les flux et les canaux formels et informels qu’ils et des sociétés de transferts d’argent (STA) d’autre part.
empruntent, leur répartition et leur utilisation. Elle met en Les prix et les habitudes spécifiques à chaque région ne
perspective la stratégie des différents acteurs concernés, sont que des éléments de décision secondaires. En fait,
les migrants, leurs familles ainsi que les autres opérateurs plus le marché est concurrentiel sur ces deux segments et
économiques impliqués. Elle a porté sur quatre pays le réseau d’agences étoffé, plus les transferts empruntent
cibles, le Maroc, le Sénégal, le Mali, et les des voies formelles.
Comores. Ces pays présentent des caracté-
ristiques économiques et sociologiques Les sociétés de transferts d’argent, présentes depuis la fin
très différentes. Au même moment, ils des années 90 en Afrique, ont permis de résorber en un
ont en commun des liens migratoires et délai très court une grande partie des flux informels et de
historiques forts avec un même pays répondre aux besoins des bénéficiaires, largement sous-
développé, la France. bancarisés, par les transferts en cash. Ce segment du
marché est dominé par deux majors qui contrôlent entre
La méthodologie suivie repose sur une 85 et 100 % du volume total de ce type de transferts. Ces
série d’enquêtes par questionnaire auprès deux agents ont développé des stratégies d’alliance avec
des bénéficiaires de transferts dans les pays des organismes bancaires, les postes et des institutions
d’origine et des migrants résidants en France et de micro finance, leur permettant de compter sur un
sur des interviews menés auprès des structures opérant important réseau d’agences de collectes et de distribution
6des fonds. En même temps, cela permet de maintenir des L’étude fait également ressortir la forte corrélation entre
marges bénéficiaires élevées, partagées entre ces divers le niveau de qualification des migrants et l’utilisation des
intervenants. Ce sont ces sociétés qui contribuent à la fonds transférés. Les migrants occupant des emplois fai-
réputation des coûts prohibitifs des transferts (de 5 à 20 % blement qualifiés (75 %) transfèrent de 10 à 15 % de
de commissions perçues selon les sommes transférées). leurs revenus (soit entre 100 et 160 euros par mois et par
migrant) au titre de l’appui à la consommation familiale
Pour les banques, beaucoup plus compétitives sur les des ménages bénéficiaires; les migrants les plus qualifiés
tarifs, le facteur limitant réside principalement dans la ou les mieux rémunérés consacrent l’essentiel de leurs
sous-bancarisation des bénéficiaires, due principalement transferts à l’investiss