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JEANBOUTIER 
  L'institution politique du gentilhomme. Le "Grand Tour" des jeunes nobles florentins, XVIIe-XVIIIe siècles         
A stampa in Istituzioni e società in Toscana nell'età moderna. Atti delle giornate di studio dedicate a Giuseppe Pansini, Firenze, 4-5 dicembre 1992, Rome, Pubblicazioni degli Archivi di Stato, 1994, I, p. 257-290.  ________________________________________________________ Distribuito in formato digitale da «Storia di Firenze. Il portale per la storia della città» <http://www.storiadifirenze.org> 
 Publié in Istituzioni e società in Toscana nell'età moderna. Atti delle giornate di studio dedicate a Giuseppe Pansini, Firenze, 4-5 dicembre 1992, Rome, Pubblicazioni degli Archivi di Stato, 1994, I, p. 257-290.  
Jean BOUTIER L'institution politique du gentilhomme. Le "Grand Tour" des jeunes nobles florentins, XVIIe- XVIIIesiècles
1
   1. Étudiant le séjour des jeunes nobles originaires d'Europe centrale dans les collèges de l'Italie centro-septentrionale, Gian Paolo Brizzi a remarqué que les nobles de la péninsule italienne n'auraient que fort rarement pratiqué le voyage d'éducation à travers l'Europe. "Più ridotto [à la différence des voyages anglais, allemands, français ou espagnols], appare il fenomeno per i giovani della nobiltà italiana che, pur avendo una forte mobilità all'interno degli stati della penisola, raramente compiono il viaggio d'istruzione in un Paese transalpino."1 A la place des milliers étudiants d'origine e allemande qui fréquentent aux XVII et XVIIIe siècles les universités de Sienne ou de Pérouse, Brizzi peine à trouver quelques dizaines d'Italiens inscrits à la même période aux universités de Vienne, de Bâle, voire d'Insbruck. Certes, le lieu d'observation -l'université- n'est pas nécessairement le mieux choisi pour conclure à l'inexistence de cette pratique culturelle. Mais, plus que les données empiriques, c'est une conception non explicitée de la noblesse italienne qui semble emporter la conviction de l'auteur, comme si, dans une période de repli de l'Italie sur elle-même, son enracinement patricien la rendait incapable non de s'expatrier -situation dont elle a de longue date l'habitude- mais d'affronter, en tout petits groupes, une culture de cour qui lui serait étrangère, alors que l'Italie en est l'un des creusets. Le présupposé est largement répandu, et ancien; il se rencontre dès le siècle des Lumières, puisque Montesquieu note, dans son "voyage de Gratz à La Haye" que la fierté des princes romains "vient de ce qu'ils n'ont point voyagé"2. Or les historiens qui se sont attachés à étudier les voyages d'éducation à l'époque moderne, s'ils mettent au premier plan les Anglais, les Allemands, les Hollandais, mais aussi les Danois, les Hongrois, les Polonais ou les Scandinaves, ne nient pas pour autant l'existence du voyage d'éducation parmi les nobles italiens. Tout au plus auraient-ils été moins nombreux que les autres : "It seems
                                                1Gian Paolo Brizzi, "La pratica del viaggio d'istruzione in Italia nel Sei-Settecento", Annali dell'Istituto storico italo-germanico in Trento, II, 1976, p. 204. 2Charles de Secondat, baron de Montesquieu, "Voyages en Europe", in Œuvres complètes, Paris, Le Seuil, 1964, p. 284.
2  possible, remarque ainsi John Stoye, that fewer Italians, Spaniards and French attempted this sort of educational travells to other parts of Europe."3  Le voyage nobiliaire italien n'est pas, en effet, une réalité facilement perceptible. A la différence, par exemple, des voyageurs anglais dont les passeports sont fréquemment transcrits sur les registres du Conseil privé4, ou des voyageurs d'Europe du Nord qui figurent en très grand nombre sur les matricules des nations étrangères de plusieurs universités, aucune source massive ne vient témoigner du départ ou du passage des nobles italiens. La dispersion d'une information émiettée fait ainsi perdre toute visibilité immédiate à leurs voyages d'éducation. Pourtant, les études sur les familles aristocratiques italiennes mentionnent de temps à autres, au détour de quelque fragment biographique, tel ou tel voyage au delà des Alpes5, sans pour autant faire référence à une pratique établie et codifiée; l'allusion au "grand tour", c'est-à-dire à la forme anglaise du voyage d'éducation, n'est, dans le meilleur des cas, qu'une étiquette commode, dénuée de toute valeur interprétative. Il faut en fait un long travail d'investigation dans des fonds d'une extrême diversité pour pouvoir affirmer qu'il ne s'agit point de faits isolés, mais bel et bien d'une pratique éducative solidement instituée dans la haute noblesse italienne, à partir du XVIIesiècle.  Je me limiterai ici à un groupe social restreint, les jeunes nobles de la ville de Florence. La documentation qui les concerne est certes d'ampleur et de nature inégale. Souvent, leur voyage n'est connu que par quelques traces, un bilan des lettres de changes payées sur diverses places pour Lorenzo Strozzi (octobre 1695-mai 1698)6, une mention dans un registre français de passeports pour un Cambi7, dans une correspondance ou un "libro de ricordi" pour Bartolomeo Corsini (1699-1701?)8 ou Vincenzo Maria Riccardi (mai 1725-1729)9. Parfois, une documentation plus ou moins                                                 3John Stoye, English travellers abroad, 1604-1667, Yale University Press, 3e éd.,1989, p. X. 4of Sir Philip Sidney, Cambridge University Press, 1915, p. 114.Par exemple, Malcolm William Wallace, The life 5 Par exemple, Paolo Malanima, I Riccardi di Firenze. Una famiglia e un patrimonio nella Toscana dei Medici, Florence, 1976, p. 177-178; Pierre Hurtubise, Une famille témoin : les Salviati, Rome, 1985, p. 447-451; Marina Caffiero, "Neri Corsini", in Dizionario biografico degli Italiani, Rome, vol. 29, 1983, p. 651. 6Florence (désormais ASF), Carte Strozziane, Va s., 1171, ins. 29 : instruction pour le voyage;Archivio di Stato de compte final des sommes engagées. 7 des Affaires étrangères (Paris), Mémoires et Documents, France 309, f° Archivess142-252, 1712 : Cambi, gentilhomme florentin, accompagné d'un serviteur, vient de Londres, et compte se rendre en Hollande par la Flandre; je n'ai pas pu identifier plus précisément le personnage. Lucien Bély, à l'amitié duquel je dois cette information, a présenté une analyse d'ensemble de ce document : Espions et ambassadeurs au temps de Louis XIV, Paris, 1990, p. 628-633; ce mémoire enregistre ainsi la demande d'au moins 76 gentilshommes étrangers, venant à Paris faire leurs "exercices" . 8  Bibliotecadell'Accademia dei Lincei e Corsiniana (désormais Bibl. Cors.), Archivio Corsini, 2473 bis, lettre de Filippo Corsini à son frère, le cardinal Lorenzo Corsini, 25 novembre 1699 : "Io mi vado immaginando che a S. Giovanni a due anni possa esser qui di ritorno Bartolomeo […] e gia che il di lei sentimento mi pare che sia il tempo si deva dargli moglie, e passando presto due anni, non stimo improprio il cominciare a discorrerne…", citée par Renata Ago, Carriere e clientele nella Roma barocca, Bari, 1990, p. 164-165; la même lettre est citée une autre fois par R. Ago, avec la date du 11 avril 1702 (p. 9); il ne m'a pas été possible de contrôler sur le document lui-même, et donc de fixer avec certitude la date du voyage. Aucune allusion à ce voyage, en revanche, ne figure dans l'article de Vittorio Sciutti Russi, "Bartolomeo Corsini", in Dizionario biografico degli Italiani, Rome, vol. 29, 1983, p. 612-617. 9ASF, archivio Riccardi 144, Libro di ricordi C di casa Riccardi.
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