Littérature et gastronomie
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Comment bien manger?

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L I
TTÉRATURE TE GASTRONOMIE
 
  « Lire ou le plaisir des sens au service de lhôtellerie »  27 février 2007     Par Norbert Prévot , Chef de Travaux, Lycée des Métiers de lHôtellerie Raymond Mondon, Metz
 
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Littérature et gastronomie
 Sélection et commentaires : Norbert PREVOT  Interdisciplinarité ! Voilà un mot magique qui semble recueillir ladhésion de tous les membres des équipes éducatives des lycées professionnels et technologiques. Mais quen est-il réellement ? Quavons-nous fait de ces outils précieux : les PPCP (Projets pluridisciplinaires à caractère professionnel) dans les lycées professionnels et les activités professionnelles dans les lycées technologiques ? Il ny a pas de TPE (travaux personnels encadrés) en hôtellerie mais par contre 30 heures dactivités professionnelles en baccalauréat technologique. Les enseignants de ces établissements semblent rencontrer de plus en plus de difficultés à mettre en place des projets cohérents. Les uns prétextent le manque dimplication des collègues des autres matières « Ce sont toujours les mêmes qui proposent les thèmes » « Les professeurs de lenseignement professionnel sont toujours obligés de faire le travail » « Les inspecteurs qui ont voulu mettre en place ces projets ne connaissent rien au terrain » etc., etc. Les autres regrettent le manque de moyens pour réaliser les projets. Certes, les projets se réalisent tant bien que mal. Parfois plutôt mal que bien dailleurs. Il est vrai quil est plus confortable de se préoccuper de sa matière que de chercher à comprendre celle de son collègue. « Il est impossible de tout savoir » rappellent ceux qui rechignent. À quoi bon vouloir croiser les référentiels ? Pourtant, quelle richesse, quand il est possible déchanger des points de vue sur un sujet donné. Faisons des établissements hôteliers un lieu de vie, un endroit où les collègues aiment à se rencontrer plutôt quun lieu où lon vient travailler en dispensant des cours en ignorant les autres enseignements ! Préoccupons-nous des élèves et oublions nos petits soucis personnels ! Voyons de quels outils nous disposons pour pratiquer linterdisciplinarité et rappelons son importance. Tout est fait pour faciliter les recherches interdisciplinaires :  - En voie professionnelle, les PPCP (projet pluridisciplinaire à caractère professionnel) permettent aux élèves de choisir des projets qui leur tiennent à cur. Démarche de formation, il est normal quils soient guidés par les enseignants. - Pour le baccalauréat technologique, les fiches CRAP (fiche de compte rendu dactivités professionnelles) permettent aux élèves de donner une dimension culturelle à leurs activités en les amenant à approfondir leurs connaissances et à avoir envie dapprendre. - On oublie souvent les activités professionnelles au BTNH qui fournissent un cadre horaire pour lorganisation collective de manifestations.
Lire ou le plaisir des sens au service de lhôtellerie - 27 février 2007 - Norbert Prévot
 
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- Les argumentations technique et commerciale adaptées à chaque niveau de formation, sur les productions culinaires ou les prestations de service en restaurant ou en hébergement sont dautant plus riches quelles motivent une réflexion transversale des élèves dans des champs culturels divers (technique, historique, géographique, scientifique, économique, juridique, littéraire, artistique, de gestion, etc.). - La connaissance des produits traités en technologie, technologie expérimentale et en travaux pratiques induit des recherches dans lensemble des domaines cités ci-dessus. - De nombreux moyens sont disponibles pour construire la transversalité des enseignements : des progressions élaborées ensemble, des liens avec le vécu des élèves en entreprises, des actions et des projets communs, le recours aux outils de technologie et de communication de linformation, le partage du centre de documentation et d information, etc.  La mise en commun des connaissances de chacun aide nos élèves à séchapper de la quotidienneté et à mieux appréhender la vie. Elle permet aussi leur autonomie. Ne sommes-nous pas là pour former des citoyens responsables, cest à dire des individus capables de prendre leur destin en main ?  Si lenseignement professionnel doit rester le point principal de nos lycées, il nen reste pas moins que lapprentissage et la mise en uvre des savoir-faire professionnels ne sont pas suffisants. Il est indispensable douvrir les jeunes à dautres horizons qui leur permettront de mieux appréhender le métier quils ont choisi. Parmi les ouvertures indispensables, la lecture joue un rôle cardinal. Nous entendons déjà les lamentations des collègues : « Mais mon pauvre Monsieur, les élèves ne lisent plus. Les livres ne les intéressent pas. Nous sommes dans lâge du « zapping », pas de la concentration. Il est illusoire de vouloir les faire lire. Le français est subi, non voulu. » En sommes-nous si sûrs ? Pourquoi ne pas sappuyer sur lintérêt des jeunes pour leur métier et montrer la permanence de la gastronomie dans la littérature ? Lattrait pour celle-ci doit commencer par la relation entre ces deux domaines. Quand ils auront pris conscience de la richesse qui soffre à eux, ils ne pourront plus se passer de lire. Le champ de leurs lectures deviendra de plus en plus vaste au fur et à mesure de leurs découvertes. Ils pourront ainsi répondre à leurs « pourquoi » et seront capable de comprendre le passé pour mieux vivre le présent et construire un avenir serein.  Nous sommes persuadés qu'il suffit de trouver les bons mots ou les bons livres pour captiver les jeunes. Posons-nous quelques questions. Le déclin de la lecture est-il une réalité ou s'agit-il d'un changement profond du goût des lecteurs ? Le public privilégie-t-il le superficiel ou le profond ? Il existe un paradoxe entre le succès des foires aux livres et la perte de lecteurs. Au moment où regarder une émission littéraire à la télévision tient de l'héroïsme pour celui ou celle qui se lève tôt ; au moment ou
Lire ou le plaisir des sens au service de lhôtellerie - 27 février 2007 - Norbert Prévot
 
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les PUF, au bord de la faillite, viennent de se transformer en société anonyme ; au moment ou l'édition subit son énième crise qui cette fois semble être la conséquence d'une profonde mutation de ce métier ; que pouvons-nous faire ? Quels sont les centres d'intérêt de nos élèves ? Le cinéma ? La musique ? Les sports ? Certes, cela les intéresse. Mais que recherchent-ils avant tout ? Ils veulent comprendre quelle est leur place dans la société et comment ils peuvent s'y intégrer. Un mot revient comme un leitmotiv, "chômage". Notre profession peut leur éviter ce "purgatoire". Mais l'hôtellerie est un secteur professionnel exigeant. Parmi les qualités requises, la curiosité est essentielle. Nous devons la développer pour permettre à nos jeunes de découvrir de nouveaux horizons. La littérature est là pour nous aider dans cette approche. Sachons l'aborder simplement. Proposons des ouvrages qui favorisent le plaisir. Montrons comment les écrivains ou les hommes qui ont marqué leur époque ont abordé l'art culinaire et l'art de la table. Transformons l'aversion pour la lecture en une passion dévorante.  Pendant longtemps il a suffi d'imiter les anciens pour être capable de s'adapter à un métier. Ce temps est révolu. Nous devons nous remettre constamment en cause. La mise en commun des compétences au service de l'élève doit être la priorité de chaque enseignant. Aussi, il faut profiter de la mise en place des PPCP ou des actions professionnelles pour donner un enseignement plus performant et les considérer comme une chance pour les enseignants et les apprenants. Nous devons ici rappeler un élément fondamental : les élèves qui s'orientent vers les filières professionnelles et technologiques sont des jeunes qui ont besoin de concret. C'est une des raisons pour laquelle ils n'apprécient pas les filières classiques. Sachons repérer leur potentiel et développer leurs compétences en valorisant la richesse des mises en situations professionnelles. Restons simples, pragmatiques. Ne cherchons pas à nous faire plaisir en inventant des "machines à gaz" qui risqueraient d'enfermer l'élève au lieu de l'ouvrir à autre chose. Que de temps passé avant de pouvoir apprécier la lecture de Kant, Schopenhauer ou Jankélévitch. Il n'est même pas certain que ces lectures soient une nécessité pour apprendre à vivre. Faut-il avoir lu De la quadruple racine du principe de raison  suffisante  pour être capable d'appréhender correctement l'existence ? Nous ne le pensons pas. Pourtant, une formation bien menée peut guider l'élève vers des ouvrages qui lui permettront de mieux vivre. Créons le besoin. Aidons l'élève à donner un sens à ce qu'il fait. Ouvrons lui les portes sur des jardins merveilleux mais laissons le faire son choix. Apprenons à respecter sa personnalité et n'essayons pas de le faire entrer dans un moule unique. Evitons de montrer trop de certitude : "c'est comme ça, ce n'est pas autrement". Quand nous étions convaincu de détenir la vérité, tout était facile. Il suffisait de répéter les gestes ancestraux pour pouvoir s'adapter au monde. Maintenant, il s'agit de s'adapter à un univers en perpétuel changement. Ce qui est vrai aujourd'hui ne le
Lire ou le plaisir des sens au service de lhôtellerie - 27 février 2007 - Norbert Prévot
 
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sera certainement pas demain. Carême montait sa mayonnaise avec une cuillère en bois. Personne aujourdhui ne met en cause le recours au fouet. Par contre certains comment à sinterroger sur lutilisation de la cuve à ultrasons recommandée par Hervé This. Nous comprenons donc que ce n'est pas le contenu qui importe - puisqu'il change sans cesse - mais la façon d'acquérir des  connaissances et de les utiliser. Nous devons instaurer la philosophie du doute comme Descartes a su le faire à la suite des découvertes de Copernic et de Galilée. Pour finir, nous devons non seulement garder mais aussi transmettre notre faculté d'émerveillement. Les élèves apprécient peu les professeurs qui ne les font pas rêver. Il suffit dobserver leurs regards à la simple vue du col bleu blanc rouge discrètement affiché par un meilleur ouvrier de France. Notre propos de départ : ouvrir un chemin qui mènera l'élève à la lecture par le biais de la littérature gastronomique prend ici tout son sens. L'adolescent a besoin de s'affirmer. Qui a-t-il de mieux que le livre pour l'aider à le faire. La lecture est un acte de rébellion, un antidote au miroir du monde. Un livre peut devenir son meilleur ami. Il peut être livre de papier mais devenir de plus en plus livre informatique. La forme importe peu au départ, lessentiel cest de savoir le retrouver. Celui qu'il va aimer ne changera pas. Il pourra le relire, non seulement il lui apportera la même satisfaction, mais encore il lui fera découvrir des merveilles qu'il n'avait pas remarquées lors de la première lecture. Peu à peu il va acquérir une élévation d'esprit qui le placera au dessus du commun. Le cheminement du jeune lecteur est souvent identique. Au début, le choix des textes s'effectue en fonction de la facilité des lectures. Mais peu à peu, il s'éloigne des ouvrages superficiels pour accéder à ceux qui favorisent la réflexion. La prise de conscience de l'évolution n'est pas immédiate. Quand elle est effective, la drogue (le lecteur se trouve en situation de manque quand il n'a pas quelque chose d'intéressant à lire) a fait son effet et l'élève ne peut plus se passer de lire. De plus, quand un individu est confronté à la difficulté de vivre, la littérature lui offre le moyen de s'évader. Parfois, elle devient salvatrice ! Dans MERCURE  d'Amélie Nothomb, Françoise découvre les plaisirs de la lecture et demande à Hazel : « - Donnez-moi tous les titres que vous pourrez. Je suis en train de découvrir le pouvoir libérateur de la littérature : je ne serais plus capable de m'en passer." Hazel répond : - La littérature a un pouvoir plus que libérateur : elle a un pouvoir salvateur. Elle m'a sauvée : sans les livres, je serais morte depuis longtemps. Elle a sauvé aussi Schéhérazade dans les Mille et Une Nuits . et elle vous sauverait, Françoise, si toutefois vous aviez un jour besoin d'être sauvée. »    Quand on parle de gastronomie ou plus familièrement de bouffe et de littérature, quels sont les noms qui viennent à l'esprit ? On pense tout de suite aux grands
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