Le célibataire dans la cuisine
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Un grand chef

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Publié le 12 juillet 2012
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Langue Français

Extrait

Le célibataire dans la cuisine.
Ne croyez pas mes chères amies que je ne devine pas votre sourire en coin, vos yeux pétillants et vos pensées lubriques. Votre imaginaire fantasmatique voudrait bien fagoter le célibataire que d’un simple tablier, sans dessous, nu et malaxant la pâte à tarte de façon lascive.
Ah! Comme vous êtes loin de la réalité. C’est plutôt un habit d’amiante qu’il me faut lors de mes expériences culinaires.
Mais, encore là, je sens toute votre fébrilité. Le crayon affûté, impatiente de la suite. « Va-t-il enfin nous révéler sa recette d’omelette? »
Hélas! Je ne peux découvrir pourquoi, mais ma science culinaire m’empêche de bien réussir une omelette. Pourtant, je ne suis pas nul à ce point. Je me suis même acheté : La cuisine pour les nuls. C’est tout dire!
Tenez encore hier soir, j’ai mangé comme désert un excellent gâteau forêt-noire. Ça vous tombe le crayon. On est bouche bée. Mon secret : le département des pâtisseries chez mon épicerie préférée. Ils font d’excellentes viennoiseries.
Mais, il m’arrive de cuisiner, les grands chefs ne sont-ils pas des hommes? Sauf que moi, j’ai ma technique. La préparation pour moi est essentielle. Livres de recettes, ingrédients, ustensiles, tout est pensé. Essuie-tout, Monsieur Net, et balayeuse dans mon rayon d’action. Installation de l’extincteur et du téléphone sans fil, programmé sur le 911, à proximité. Calfeutrage avec du plastique transparent, dans toutes les issues à l’extérieur de la cuisine. Quand tout est à mon entière satisfaction, je revêts ma robe de chambre, la spéciale, celle avec une doublure d’amiante.
Alors, je pèle, je coupe, je brasse, je turlutte un opéra italien, je verse, j’esquisse un pas de deux, je triture les ingrédients, je saupoudre, j’examine, je touche, (Ayoye, c’est chaud) j’hume, je surveille. C’est la joie! Bienheureux, les cuistots. Taboire, j’en oublie même Louise Josée Mondoux. Et là, comme résultat, je vous jure que nous avons les meilleures patates pillées de toute ma rue. Tout simplement sublime. Un dix sur dix. Le grand prix du jury de la patate pillée. Le ruban d’honneur. Je suis certain que vous avez l’eau à la bouche.
Si ma préparation est primordiale, ma présentationest impeccable. Vous connaissez mon souci du détail. Dans une grande assiette, je verse ma purée de pommes de terre, ensuite; j’y sculpte, une montagne, de grands champs avec sillons, gravés à l’aide de ma fourchette, vingt-cinquièmes anniversaires de mariage, d’un oncle décédé. J’y creuse un lac, le rempli d’une sauce brune en sachet, délayée dans de l’eau chaude, acheté en spécial, trois sachets pour $1,09.
Le résultat est hallucinant, c’est comme une peinture naïve de grands peintres disparus. C’est tout simplement trop beau pour être vrai. J’ai presque envie de le faire encadrer. Je ne peux me résoudre à manger mon œuvre.
Je jette un regard vers la cuisine. Un vrai champ de bataille. Mais le résultat est digne de Paul Bocuse. C’est l’apothéose.
Je sors de l’appartement, j’y reviens. J’enlève ma robe de chambre. Je pars pour le resto. Mademoiselle, une omelette, s’il vous plaît.
Le célibataire.
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