Le thème littéraire du bourbier dans la littérature latine - article ; n°2 ; vol.117, pg 273-289
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1973 - Volume 117 - Numéro 2 - Pages 273-289
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 68
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Courcelle
Le thème littéraire du bourbier dans la littérature latine
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 117e année, N. 2, 1973. pp. 273-
289.
Citer ce document / Cite this document :
Courcelle Pierre. Le thème littéraire du bourbier dans la littérature latine. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 117e année, N. 2, 1973. pp. 273-289.
doi : 10.3406/crai.1973.12886
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1973_num_117_2_12886THÈME DU BOURBIER DANS LA LITTÉRATURE LATINE 273
COMMUNICATION
LE THEME LITTÉRAIRE DU BOURBIER
DANS LA LITTÉRATURE LATINE,
PAR M. PIERRE COURCELLE, MEMBRE DE L'ACADÉMIE.
Un article d'un haut intérêt a et publié par le P. Michel Aubineau
sur le thème du bourbier dans la littérature grecque profane et chré
tienne1. A ce répertoire de textes intelligemment classés pourraient
être ajoutés aujourd'hui plusieurs références qu'a fait connaître le
Lexicon de Lampe, publié trois ans plus tard, aux mots Bopêo-
piavoi, Bop6optxai, (36pêopoç, (3opêopoco, (3opêopco8y]ç2. Le P. Aubi
neau n'a d'ailleurs prétendu fournir que les principaux jalons parmi
une infinité de textes grecs. Il concluait : « Surtout, j'espère, d'autres
élargiront l'enquête, retendront à la littérature latine et médiévale.
Que de trouvailles à faire chez les théologiens et les auteurs spirituels
du Moyen Age ! »3. C'est un tel souhait que je voudrais tenter de
satisfaire en déterminant, à mon tour, quelques jalons empruntés
à la littérature latine.
Rappelons, pour commencer, que selon une formule orphique rap
portée dans le Phédon, tout homme qui sera parvenu dans le Hadès
sans avoir été purifié et initié devra gésir dans le bourbier, au lieu
d'habiter dans la société des dieux4. Platon assure en complément,
dans sa République, que la méthode dialectique tire l'œil de l'âme du
grossier bourbier où il est enfoui5. L'image du bourbier fut agréée
par les Gnostiques, selon lesquels l'âme plongée dans le monde des
corps garde son éclat en dépit de sa gangue boueuse6. Cette notice
1. M. Aubineau, Le thème du bourbier dans la littérature grecque profane et chrétienne,
dans Recherches de science religieuse, t. XLVII, 1959, p. 185-214.
2. (t. H. W. Lampe, A Patnstic Greek Lexicon, fasc. II, 1962, p. 301.
3. M. Aubineau, art. cite, p. 213.
4. Platon, Phedon, 69 c, éd. L. Robin, Paris, 1926, p. 21 : Kcd y.i\bvvevovoi xat ot
xaç teX.8Taç i\\ùv cnixoi xaxaaxT]aavxeç o\) tpcfùXoi EÎvai, àXXa xcp ôvti JiàXai alvixxEoGai
ôxt oç &v à\ivr\zoç xal àzsXeaxog etç "Aiôou àcpixTixai êv (3oq6oq£o xeioexcu, ô ôe jcexaSaç-
(ipvoç xe Y,a\ x8TeXEO|XEvoç èueîoE àq)i>co[AEvoç nsxa Bewv otîtTioei. Cf. 111 d, p. 92 : aïo^Âcrùç
ôe ijyçov jitjXoû y.ai y.ada.Q(ox£Qov xai fioQéoQiobeoxeQov.
5. Platon, Resp., VII, 14, 633 d, éd. T. Chambry, p. 174 : 'H ôia>.£xxuiT] ueBoôoç (iôvt)
tavxT) itoQËUexai, taç ûîtoBeoeiç àvaiQoùaa, eji' a\>xr\v xr\v àQ%r)v Iva PeéaioocETai,, xal x<J>
ôvxi èv |3o(}6ogcp pagëagmcj) tivi xô xfjç i(>u/f|ç ôa|i.a xaxoQ(OQVYH,evov f|QÉ(xa ëXxsi «ai àvd.
yei àvco.
6. Irenee, Aduersus haereses, 1, 6, 2, PG, t. VII, 508A : « Quemadmodum enim aurum
in caeno depositum (èv pogëoçco xaxaxEBEiç) non amittit decorem suum, sed suam naturam
custodit, cura caenum nihil nocere auro possit, sic et semetipsos dicunt, hcet in qui-
buscunque materiahbus operibus sint, nihil semetipsos noceri neque amittere spiritalem
substantiam. L'image et l'idée ne sont d'ailleurs pas spécifiquement gnostiques, car
elles apparaissaient déjà chez Seneque, Epist., XCIV, 58, éd. F. Prechac, t. IV, p. 83,
qui dit en sens contraire : « Vis scire quam falsus oculos tuos decepent fulgor ? Nihil
est istis, quamdiu mersa et inuoluta caeno suo lacent, foedius, nihil obscurius : Quidm ?
Quae per longissimorum cuniculorum tenebras extrahuntur. Nihil est îllis, dum flunt 274 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
de saint Irénée fit l'objet d'une traduction latine au 111e ou au
ive siècle1.
Quant à Plotin, il a donné une vie nouvelle, dans son traité Sur
le Beau, à l'image du bourbier et à la formule orphique (tsXst<xi) en
assurant que la boue est un enduit qui cache le Beau2 ; il prend soin
de préciser, dans son traite Sur le Bien, que les beautés d'ici-bas
sont de simples reflets de celles de l'au-delà qui, elles, ne supporte
raient pas d'être plongées dans le bourbier des corps pour s'y salir
et y disparaître3. Seule l'âme qui remonte et retire ses regards du
bourbier, ajoute-t-il dans le traité D'où vient le mal, arrive jusqu'au
Hadès et y sommeille, au lieu de tomber dans le bourbier, qu'il
identifie à la « région de dissemblance » dont avait parle Platon dans
son Politique*.
Parmi les Latins Cicéron dans sa Consolation, aujourd'hui perdue
à quelques fragments près, rappelait la théorie orphique du Phédon,
selon laquelle les hommes souillés de vices et de crimes sont, au dire
de certains Sages, refoulés dans les ténèbres et gisent dans un bour
bier au lieu de vivre en compagnie des dieux5. L'expression in caeno
iacere, calquée sur le Phédon, devait reparaître telle quelle chez
et a faece sua separantur, informius. Denique ipsos opifices mtuere per quorum manus
stérile terrae genus et infernum perpurgatur : uidebis quanta fuligine obhnantur.
Atqui ista magis inquinant animos quam corpora, et in possessore eorum quam in
artifice plus sordium est > ; Rufin, De symbolo, 12, PL, t. XXI, 351A : « Si quis uidet
paruulum in profundo caem necari,... extremum, ut ita dicam, ingrediatur caenum...
Intuere nunc, si solis radius in caem alicuius uoraginem demittatur, numquidnam aliquid
inde pollutionis acquint ? >
1. A. Siegmund, Die Ueberheferung der gnechischen Literatur in der lateinischen Kirche
bis zum XII. Jahrhundert, Munchen, 1949, p. 90.
2. Plotin, Enn., I, 6, 5, 43, éd. Henry-Schwyzer, p. 111 : Otov el xiç bvç etç ju)Xov f|
PûQëoQOV TO |AEV O3I8Q 8Î)(8 KâX'koÇ, [AT)XBXl JIQOCpCHVOl, XOÎITO ÔE ÔQ<Î>TO, O JIClQa XOV JlT)XoÙ
■i^ PoQêoQcu àjteu,a|aTO... Aio naï al teXexciI ôqBwç alvixxovxca tov (xiq xExaOaQfAEVov naï
sic "Abov KEioeaSai èv |3o2SoQ(p, ôxi xo pr] xaBctQOv fioQêoQcç ôia xanT)v qpiX,ov ota br\ «al
■Dec, o'ô xaBagal xo aà>|j,a xal0?ovai roi xouwxw.
(Sur l'or et sa gangue, cf. Platon, Resp., I, 336 e ; Cicéron, Resp., III, 5, éd. Appuhn,
p. 142 ; Ambroise, In Ps., XXXV, 1, CSEL, t. LXIV, p. 49.)
3. Ibid., VI, 7, 31, 25, p. 252 : Mt) Ya6 «v xokfi.f\aai èxeîva old èaTiv eIç pôçëoQov
otondxcov t[i6r\vai v.al Qvxàvai écarta xai àcpavioai.
4. Ibid., I, 8, 13, 13, p. 136 : ©ewqoùvti nev f\ Betogia i)Tiç èoxi tov xa>cov aàtcrô,
Yivoixevtp ôe t) (XETa^Tiiptç avxoù* yivExai yaQ îtavxartaoiv èv xcj> xfjç àvo(xoioxTixoç xoreep
(Politique, 273 d), èvBa ôv; eiç aÔTTyv eC; |3oq6oqov o^oxeivov Eaxai, jieocov..., ècoç àva-
ÔQajir) y.ai à(pEÂ,ï) ncaç tt)v ôipiv èit xoti PoqSoqov" nal xoâjxo èati xo èv "Aôov èX9o\xa
èjiixaxaôaQBElv.
5. Cicéron, Consolatw, fragm. 13, éd. Muller, p. 336, 13, ap. Lactance, Inst., III, 19, 3,
CSEL, t. XIX, p. 241, 6 : « Docent diuinae scripturae non exstmgui animas, sed aut pro
iustitia praemio adfici aut poena pro sceleribus sempiterna ; nec enim fas est aut eum,
qui sceleratus in uita féliciter fuerit, effugere quod meretur, aut eum qui ob îustitiam
miserrimus fuerit, sua mercede fraudari. Quod adeo uerum est, ut idem Tulhus in
' Consolatione ' non easdem sedes incolere mstos atque impios praedicauent : • Nec enim
' idem îlh sapientes arbitrati sunt eundem cursum in caelum patere. omnibus ', mquit,
Nain uitiis et sceleribus contammatos deprimi in tenebras atque m caeno iacere docue-
runt, castos autem animos, puros integros incorruptos, bonis etiam studns atque artibus
expolitos leui quodam et facih lapsu ad deos, îd est ad

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