La stèle trilingue récemment découverte au Létôon de Xanthos : le texte lycien - article ; n°1 ; vol.118, pg 115-125
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La stèle trilingue récemment découverte au Létôon de Xanthos : le texte lycien - article ; n°1 ; vol.118, pg 115-125

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1974 - Volume 118 - Numéro 1 - Pages 115-125
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 47
Langue Français

Extrait

Monsieur Emmanuel Laroche
La stèle trilingue récemment découverte au Létôon de Xanthos :
le texte lycien
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 118e année, N. 1, 1974. pp. 115-
125.
Citer ce document / Cite this document :
Laroche Emmanuel. La stèle trilingue récemment découverte au Létôon de Xanthos : le texte lycien. In: Comptes-rendus des
séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 118e année, N. 1, 1974. pp. 115-125.
doi : 10.3406/crai.1974.12971
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1974_num_118_1_12971LA STÈLE TRILINGUE DE XANTHOS 115
COMMUNICATION
LA STÈLE TRILINGUE RÉCEMMENT DÉCOUVERTE
AU LÊTÔON DE XANTHOS : LE TEXTE LYCIEN,
PAR M. EMMANUEL LAROCHE, MEMBRE DE L'ACADÉMIE.
Avant d'aborder la version lycienne de la trilingue que M. Henri
Metzger vous a présentée le 8 février, je voudrais dédier ces lignes à
la mémoire du linguiste danois Wilhelm Thomsen. Ce grand savant
est surtout connu pour avoir déchiffré les inscriptions en vieux turc
de l'Altay. Mais il avait aussi publié en 1899 un mémoire intitulé
Études lyciennes, qui regroupait les résultats acquis par lui-même et
par trois érudits de la fin du siècle, le Norvégien Torp, l'Anglais
Arkwright et le Français Imbert. Son travail, qui a paru dans le
Bulletin de l'Académie Royale de Copenhague, est demeuré pendant
plus de quarante ans le dernier mot de la linguistique en matière de
langue et de grammaire lyciennes.
Antoine Meillet écrivait à ce propos en 1922 : « On lit complète
ment les inscriptions lyciennes trouvées en Asie Mineure, les inscrip
tions étrusques que le sol italien a livrées en grand nombre. Mais,
comme l'étrusque et le lycien ne ressemblent à rien de connu, on
n'est parvenu jusqu'ici à interpréter ces inscriptions que dans une
mesure très restreinte. M. V. Thomsen lui-même s'est essayé sur
ces textes, et, si intéressants que soient les résultats obtenus par son
ingéniosité, par la pénétration de son esprit et par la sûreté de son
jugement, ils sont bien minces, quand on les compare à ce que le
même auteur a obtenu en matière de turc. »x
Meillet rappelait, par l'exemple de l'étrusque et du lycien, que le
déchiffrement d'une langue inconnue notée dans une écriture lisible
est une tâche infiniment plus ardue que de décrypter une écriture
illisible notant une langue connue. Le déchiffrement d'une
est total d'un seul coup, celui d'une langue morte progresse pas à pas,
s'étend sur des générations, et n'est jamais absolument achevé. Le
cas du lycien est clair : comme, en effet, il ne ressemblait à rien de
connu avant 1900, on n'a pu progresser qu'au moment où son étroite
parenté avec les anciennes langues d'Asie Mineure, hittite et louvite,
a été d'abord pressentie, puis démontrée et vérifiée par l'expérience.
C'est un autre Danois, Holger Pedersen, qui l'a compris, en 19452.
Tout ce qui a été écrit d'utile sur le lycien depuis cette date découle
1. Revue des Deux Mondes, févr. 1922, reproduit dans Linguistique historique
et linguistique générale, II (1938), p. 192.
2. Lykisch und Hethitisch, Copenhague (1945). COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 116
des prémisses posées par Pedersen, qui se fondait lui-même sur
le travail de son compatriote1.
A l'heure où la nouvelle trilingue prononce, sur la nature et la
parenté de la langue lycienne, un verdict définitif et sans appel, j'ai
repris les Études de Thomsen, et j'ai constaté que, sauf quelques
menus détails lexicaux, il n'y a pratiquement rien à réviser ou à cor
riger dans ce texte d'une précision et d'une lucidité admirables. Il
restera l'un des plus beaux succès de la méthode combinatoire appli
quée au déchiffrement des langues mortes.
La version lycienne consiste en 41 lignes de 26 lettres chacune,
très régulièrement disposées de gauche à droite et alignées de haut
en bas. La conservation est parfaite2. Les signes sont gravés avec
soin ; ils ne diffèrent en rien des lettres de la grande stèle xanthienne,
qui précède notre trilingue de deux ou trois générations. Par sa pré
sentation, la stèle du Lêtôon rejoint le petit groupe des inscriptions
en lycien de caractère officiel ; ce sont : la célèbre stèle de Xanthos,
connue depuis 1840 et restaurée en dernier lieu par notre confrère
Pierre Demargne (n° 44 du Corpus) ; la bilingue très fragmentaire
du même Pixodaros, n° 45, conservée à Londres ; et le long texte de
Tlos, n° 26, remployé dans un mur du théâtre, qui se révèle mainte
nant comme une autre loi sacrée, d'un style très proche de la nôtre.
Tous ces documents ont une facture élégante qui les distingue de la
plupart des épitaphes, généralement négligées, souvent fautives,
d'une gravure maladroite.
L'alphabet lycien de 28 lettres ayant été déchiffré depuis long
temps à l'aide de bilingues et de noms propres, grecs ou perses, la
transcription ne faisait point difficulté :
Transcription3
1 èke : Trmmisn : %ssaBrapawate : Pig-
2 esere : Katamlah : tideimi : sënnen-
3 tepddèhadë : Trmmile : pddënehmm-
4 is : Iyeru : seNatrbbiyëmi : seyArn-
5 na : asa%lazu : Erttimeli : mehntit-
1. Une bibliographie des travaux postérieurs au mémoire de Pedersen se
trouve dans le volume sous presse Xanthos, V, p. 126 sq. ; voir aussi O. Carruba,
dans Studi micenei ed egeo-anatolici, XI (1970), p. 27.
2. La 22 e lettre de la ligne 2, un ë dans le mot senne-, est à moitié cassée, mais
on la restaure à l'aide de la ligne 9 : sênn-.
3. Je reproduis la ponctuation de l'original, correcte et constante ; mais je
n'ai pas voulu décomposer dans la transcription les complexes ou groupes syn
taxiques en leurs éléments grammaticaux, parce que cette analyse engage déjà
l'interprétation. — Les majuscules initiales des noms propres sont destinées à en
faciliter le repérage. LA STÈLE TRILINGUE DE XANTHOS 117
6 ubedë : arus : seyepewëtlmmëi : Arn-
7 nâi : mmaitë : kumeziyè : 66ë : Xntawa-
8 ti : xbidënni : seyAr??azuma : #nta-
9 M;a£i : sënnaitë : kumazu : mahâna : eb-
10 e#e : Eseimiyu : Qnturahahn : fide-
11 imi : sede : Eseimiyaye : xUU)atiti : s-
12 eipiyëtë : arawà : ehbiyë : esiïi : se-
13 delintàtë : teteri : seyepewëtlm-
14 m£i : hrmmada : ttaraha : me%baitë : z-
15 à : eseXesntedi : çntafi : sePigrëi :
16 sëntentekmmë : sei/^i : 00<? : stfa*-
17 lïe/ï : setahntâi : Xntawatahi : #6-
18 idënnehi : seyAr??azumahi : seip-
19 iftiïi : uhazata : ada : I AIOO : M : /Wa-
20 #n/a : Arnna : sesmmati : xddazas : ep-
21 ïete : arawa : hàtikmmëtis : meipibi-
22 fi : si/Zas : sewayaitë : kumaha : M
23 stfa/i : ppuweti : kmmë : eôe/iï : Xnta-
24 wataha : xbidënnaha : seR??azuma-
25 Aa : meiyesitëniti : hlmmipiyata
26 medetewë : kumezidi : nuredi : nure-
27 di : ara : kumehedi : seuhazata : uwad-
28 i : Xntawati : xbidënni : seyEr??az-
29 uma : mekumezidi : Seimiya : sede : Sc-
30 imiyaye : xuwatiti : seiyehbiyai-
31 të : fasa : mère : eôe#e : /e/eri : Arn/i-
32 as : seyepewëtlmmëi : Arnnâi : me/e-
33 pituwëti : mara : ebeiya : n/i : stfa/-
34 i : ppuwetimë : ebehi : sewene : ^tfad-
35 i : /ï'/ce : ebinentewë : mahàna : ebett-
36 e : eôine : nfeu><? : kumazi : eôe/u : #tfa-
37 demeyë : tike : mepddë : mahâna : smma-
38 /i : e&etfe : seyËni : ç/a/ii : ebiyehi
39 pntrënni : setideime : ehbiye : sey-
40 Eliyàna : Pigesereye : meiyeseri-
41 A/iaff : mehriqla : asnne : pzzititi
Toutes les lectures, sauf une, en sont une fois de plus confirmées.
La lettre dont la valeur est contredite par la trilingue est un signe
rare, ressemblant à un mu grec à cinq branches ; on le transcrivait
par un 6é7a, sans motif sérieux. Il figure ici (lignes 8, 18, 24, 28)
dans le nom du second dieu, que le grec écrit Arkesima(s). La lettre
lycienne, normalement redoublée après R, y tient la place du

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