Fins et moyens de l archaïsme chez les Burlesques du XVIIe siècle - article ; n°1 ; vol.19, pg 39-58
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Fins et moyens de l'archaïsme chez les Burlesques du XVIIe siècle - article ; n°1 ; vol.19, pg 39-58

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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1967 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 39-58
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 75
Langue Français

Extrait

Professeur Francis Bar
Fins et moyens de l'archaïsme chez les Burlesques du XVIIe
siècle
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1967, N°19. pp. 39-58.
Citer ce document / Cite this document :
Bar Francis. Fins et moyens de l'archaïsme chez les Burlesques du XVIIe siècle. In: Cahiers de l'Association internationale des
études francaises, 1967, N°19. pp. 39-58.
doi : 10.3406/caief.1967.2330
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1967_num_19_1_2330ET MOYENS DE L'ARCHAÏSME FINS
CHEZ LES BURLESQUES
DU XVIIe SIÈCLE
Communication de M. Francis BAR
{Caen)
au XVIIIe Congrès de V 'Association, le 27 juillet 1966.
Vous savez qu'on ne fixe point
Les langues en un mesme point.
Tel mot qui fut hier à la mode
Aujourd'hui se trouve incommode.
Ainsi s'exprimait Ménage dans sa Requeste (1). Il y envi
sageait d'ailleurs le cas contraire, celui des mots qui re
viennent en faveur, mais il semble bien que ce cas ait été rare
au xviie siècle. En revanche, « il n'y eut pas de pires icono
clastes », selon l'expression de Ferdinand Brunot (2), que
Malherbe et les puristes qui ont suivi son exemple ; « soit
ignorance, soit infatuation, l'autorité d'aucun nom ne leur
rendit un mot sacré » (3). Autrement dit, et selon les termes
employés par la Requeste,
(1) Requête prés. p. les dictionnaires à MM. de VAcad. p. la réformation
de la l.fr., ds. Ch. Asselineau, Rec. desfactums d'A. Furetière, 1859, t. II,
p. 344. — L'éd. originale, 1649, donne : « Les Langues vives en un poinct » :
E. Samfiresco (Mme E. D. Bar), Ménage, polémiste, philologue, poète, 1902,
P- 483-
(2) Histoire de la Langue française (= H.L.), t. III, p. 95.
(3) H.L., III, p. 95- 4-O FRANCIS BAR
... depuis trente années (4)
On a, par diverses menées,
Banni des romans...
Des sonnets et des comédies
Ces nobles mots : moult, ains, jaçoit,
Ores, adonc, maint, ainsi soit,
A tant, si que, piteux, icelle,
Trop plus, trop mieux, je quiers, isnelle,
II ne m'en chaut, je n'en puis mais,
A grand randon, à toujours
Mauvaistié, blandice, empirance,
Tollir, cuider, angoisse, usance,
Pieça, servant, illec, ainçois,
Comme étant de mauvais françois,
Et ce, sans respect de l'usage,
Ni de ces maistres du langage,
Les Amyot et les Ronsard, Du Bellay et les Tyard,
Les Bertaut et les Vigenaires... Du Vair et les Coëffeteau... (5).
Or, dès 1628, Descartes relevait, dans une lettre en latin,
l'emploi que faisaient des auteurs plaisants de mots sortis de
l'usage, et ce procédé n'était point de son goût (6). De même,
trente ans plus tard, et toujours en latin, le P. Vavasseur, dans
son grand ouvrage contre le style burlesque, blâme l'abon
dance dans ce style de mots anciens, sortis de l'usage, voire
pris chez les plus lointains ancêtres (7). Il y a peut-être là
comme une classification, bien que l'auteur tombe dans l'ou
trance en assurant, aussitôt après, que ceux auxquels il s'en
prend font de ces mots une trame continue (8). C'est presque
avec autant d'exagération que Guez de Balzac, à vrai dire en
faisant parler un « ami sévère », affirmait que l'on allait jus-
(4) II est dommage qu'on ne sache pas la date exacte de la composition
du texte ; le chiffre peut d'ailleurs être approximatif.
(5) Op. cit., p. 334-335-
(6) Œuv., éd. Adam-Tannery, t. I, p. 8. — Texte signalé par Gen.
Lewis, Descartes et Poussin, ds. xviie s., 1954, p. 538, n. 3.
(7) «... priscis et obsoletis, et a patrům vel majorům ultima repetitis
memoria, turn verbis, turn locutionibus... », De ludicra Dictione liber, ds.
Opera omnia, Amsterdam, P. Humbert, 1709, t. I, p. 1 (éd. orig. 1658).
(8) « ... orationem... continenti et perpetuo quodam filo contextunt
totam », id., ibid. FINS ET MOYENS DE L'ARCHAÏSME CHEZ LES BURLESQUES 41
qu'à « désenterrer une langue morte » (9). On ne saurait, en
revanche, contester le fait que quantité de termes vieillis, ou
même très anciens, se rencontrent chez les burlesques. Scar-
ron lui-même, dans un texte souvent cité et dirigé contre ses
rivaux, s'est exprimé en ces termes :
... Ils font des vers en vieux Gaulois,
N'en pouvant faire en bon François,
Et disent que c'en est la mode.
Quand l'article les incommode,
Ils le coupent sans hésiter... (10).
De quoi s'agit-il exactement ? Ni les intentions, ni même
parfois la portée exacte des procédés employés ne sont tou
jours très claires, du moins en ce qui concerne le départ des
mots « bas » et des mots vieux ; en tout cas, c'est de procédés
qu'il faut parler, qu'il s'agisse d'ailleurs de syntaxe (parfois
de morphologie) ou de vocabulaire. Il ne s'agit nullement,
comme l'affirmait à tort Balzac sous le couvert de son ami,
de « tascher à remettre en usage des termes que l'usage a
condamnez » (11). Tout au contraire, il faut avoir présente à
l'esprit cette affirmation de l'auteur de YHistoire de la Langue
Française (12) : « ...c'est trop peu de dire que le burlesque
échappe à la règle, il est fait contre la règle. Quand on déclare
d'un mot qu'il est burlesque, on déclare qu'il est ou vieux ou
bas, ou que, pour une raison quelconque, il est hors de
l'usage. »
Dans l'épître que nous avons citée, Scarron, avant de faire
reproche à ses imitateurs de leur archaïsme artificiel, a plus
longuement blâmé leur vulgarité voulue. Ce reproche se
retrouve, pour ainsi dire, partout, et bien avant Boileau. Il
est certain que les mots familiers et les mots vulgaires et les
mots brutaux foisonnent dans les textes burlesques (13). Or,
P- (9)(12)(13)(11)(10)I, 493- 1947, G. A. H. Cf. hoc. de M. L., P- F. cit. Balz., d'Aumalle, 471-472. III, Bar, Entretiens, p. Style 76. ds. burlesque Poés. ds. Œuv. diverses, et langue p. p. L. p. popul., Moreau, M. Cauchie, Cahiers Paris, S. de 1854, t. l'Associatjr. t. mod., II, л:
ion..., 1957, pp. 221-237 ; — id., Le genre burlesque en France au XVIIe
s. Et. de style, 1950, ch. I à III. 42 FRANCIS BAR
pour les contemporains eux-mêmes, « on ne sait souvent si
tel mot est vieux ou s'il est bas » (14). Les lexicographes du
XVIIe siècle ne sont pas toujours d'accord non plus sur le fait
qu'un vocable est suranné, ou non ; ainsi, Furetière admet
encore le verbe duire au sens de « Estre propre à quelqu'un,
l'accommoder » (15), tandis que Richelet le réserve au genre
que nous étudions ; si bien que, quand nous lisons dans une
mazarinade :
... Et que, si lesdits grains leur duisent,
Ils viennent tous en acheter (16).
nous ne savons pas s'il s'agit d'un archaïsme plaisant, ou d'un
simple fait de langue. Quand il est certain qu'un mot désuet
a été repris volontairement, il n'est pas non plus très aisé de
savoir s'il était senti comme vraiment ancien, ou simplement
comme vieilli. La terminologie employée par les auteurs du
temps est singulièrement vague. On dit « vieux », bien en
tendu, fort souvent. Ménage, dans le poème cité, parle « du
décri de ces mots antiques » (17). Nous avons vu Scarron se
servir de l'expression « vieux Gaulois », qui ne désigne pas, il
va sans dire, un idiome celtique, mais l'ancien français (18)
— ou le français du xvie siècle, tout aussi bien. Pour aggraver
encore la confusion, Saint-Evremond a fait dire à Serisy :
Nous avons retranché ces vieux et rudes mots
Introduits autrefois par les barbares Gots... (19).
Quant aux intentions précises des auteurs, elles sont encore
plus difficiles à discerner. Certes, on sort du bon usage, et à
dessein, comme on en sort en employant des termes tech-
(14) H. L., III, p. 96. Une autre cause d'ambiguïté vient des emprunts
parodiques au vocabulaire du droit, fort conservateur, comme on sait.
(15) C'est le sens dans le texte cité.
(16) C. Moreau, Choix de Maz., 1853, t. II, p. 97.
(17) Op. cit., p. 335.
(18) Sens courant au xvne s. ; cf. la tirade du Pédant Joué que nous
trouverons plus loin. Cet usage s'explique vraisemblablement par la
grande vogue qu'avaient eue les romans dont Amadis de Gaule était le
héros.
(19) Comédie des Académistes, III, 2, ds. Brunot, H. L., III, p. 102. ET MOYENS DE L ARCHAÏSME CHEZ LES BURLESQUES 43 FINS
niques, et encore des mots

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