Étude des composants phonogrammiques des variantes formelles
34 pages
Français

Étude des composants phonogrammiques des variantes formelles

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
34 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Article« Étude des composants phonogrammiques des variantes formelles » Mohsen HafezianRevue québécoise de linguistique, vol. 31, n° 1, 2002, p. 79-111. Pour citer cet article, utiliser l'adresse suivante :http://id.erudit.org/iderudit/006845arNote : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir.Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politiqued'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI http://www.erudit.org/apropos/utilisation.htmlÉrudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec àMontréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documentsscientifiques depuis 1998.Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : erudit@umontreal.ca Document téléchargé le 21 September 2011 05:13oRevue québécoise de linguistique, vol. 31, n 1, 2002, © RQL (UQAM), MontréalReproduction interdite sans autorisation de l’éditeurÉTUDE DES COMPOSANTS PHONOGRAMMIQUESDES VARIANTES FORMELLESMohsen HafezianCorrespondant de l’AIROÉ (Association pour l’Information et la Recherche sur les Orthographeset les systèmes d’Écriture) au Québec, MontréalQuelques conseils pratiqueser conseil. Dans un restauroute, faites attention aux écritures en ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 140
Langue Français

Extrait

Article
« Étude des composants phonogrammiques des variantes formelles »  
Mohsen Hafezian Revue québécoise de linguistique, vol. 31, n° 1, 2002, p. 79-111.
   Pour citer cet article, utiliser l'adresse suivante :
http://id.erudit.org/iderudit/006845ar
Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir.
Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique
d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URIw/wwe.urid.tro/ghttp:/mlhtn.iotasilitu/soporpa
Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à
Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents
scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit :.lacrtaeeruumondit@ 
Document téléchargé le 21 September 2011 05:13
Revue québécoise de linguistique, vol. 31, no1, 2002, © RQL (UQAM), Montréal Reproduction interdite sans autorisation de l’éditeur
ÉTUDE DES COMPOSANTS PHONOGRAMMIQUES DES VARIANTES FORMELLES
Mohsen Hafezian Correspondant de l’AIROÉ (Association pour l’Information et la Recherche sur les Orthographes et les systèmes d’Écriture) au Québec, Montréal
Quelques conseils pratiques 1lerrnt El.œoin c.esli eD aainllsoluite  nloïas tauier,riolunteemr stpepre ieemey a aucuaite, fercn.eL end fiéfe-mpaux ion tents att or sneutercéir aussi bien votre table que le deuxième. Cela est aussi vrai pourgoulache/ goulasch/goulash,baeckeofe/bäkeofeetpageot/pajot. En ce qui con-cerne les boissons alcoolisées, l’essentiel est de consommer avec modération. Prenez note que l’aracn’est, par exemple, pas moins alcoolisé que l’arackou l’arak. Ils sont tous bourrés degnôle, degnauleou même degniôle. Ce qui importe là, c’est le goût et l’ouïe. La myopie n’y est plus un handicap. 2econseil. Dans unrestoroute, les traits distinctifs de l’articulation pho-nétique, tels que fermé / ouvert, antérieur / postérieur, sonore / sourd, ne sont pas pris en compte. Donc, relâchez-vous et demandez un plat d’aiglefinou d’églefin, depochouseou depauchouse. Le résultat reste le même dans votre assiette. Pour les boissons alcoolisées essayez un verre demezcal. Rassurez-vous, il n’est nullement plus fort que lemescal. Les garçons malentendants y sont toujours bienvenus. 3econseil. Si vous avez une forte conviction chrétienne, évitez à tous les coups de prendre unétouffe-chrétienavant de quitter la table. Nous vous con-seillons plutôt de prendre unétouffe-coquin. Ils ont, les deux, le même goût. Mais, au moins avec le deuxième, votre divin droit de respirer demeure intact. 4econseil. Pour être à l’abri des doutes, gardez toujours sur vous votre Livre et un dictionnaire, de préférence lePetit Robert.
80
ÉTUDE DES COMPOSANTS PHONOGRAMMIQUES
1. Introduction
Les dictionnaires de langue sont partiellement, selon le volume d’unités saisies, représentatifs d’un état du lexique d’une langue dans une synchronie donnée. Les différentes marques d’usage comme «régional», «populaire», «ar-got», «familial», «rare», etc. sont déjà témoins de la portée générale de ces dictionnaires. Même si la représentation des données dans la macrostructure et/ou la microstructure1 varie constamment d’un dictionnaire à l’autre2, ces divergences, fondées sur la «politique» éditoriale, ne mettent en doute ni l’exis-tence d’un mot dans la communauté linguistique ni la représentativité des dic-tionnaires de langue en tant qu’outils pédagogiques. Les données dictionnairiques, durant l’apprentissage d’une langue, qu’elle soit maternelle ou étrangère, sont toutes des références normatives dans tous les cas où per-siste le sentiment d’insécurité linguistique (difficultés orthographiques, recherche de constructions récurrentes, etc.). Ces outils pédagogiques, et normatifs, ne sont cependant pas exempts de signes de doute et d’hésitation chaque fois que l’usage, par le biais du lexico-graphe, fait entrer de nouveaux mots dans le lexique. Ces signes d’hésitation se présentent à l’entrée dictionnairique par les formes graphiques et/ou cor-respondances phonétiques variées du mot. L’instabilité de la réalisation graphique de ces mots, issus d’emprunts ou de néologismes, relève souvent des possibilités effectives du système d’écriture. C’est à partir de ces possibilités offertes par le système que l’usage individuel ou collectif peut osciller entre les différentes formes graphiques d’une même unité linguistique. De ce fait sont assez rares les variantes formelles lexicalisées d’un mot qui relèvent de faits phonographi-ques hors système. Par exemple, la transcription du phonème /r/ par le phono-grammej, et la transcription des phonèmes // et /r/ par le phonogrammeh dans le motmarijuana [marirwana / mariɥana] et sa variante formelle mari-huanasont évidemment hors du système français d’écriture. Parmi les trans-criptions phonétiques présentées dans la version électronique duNouveau Petit Robert1997 (PRÉ), le seul cas qui correspond au système, c’est celui demari-juanaprononcé [mariɥana]. Les phénomènes hors système peuvent cependant se grouper dans une sous-classe à part ayant ses propres définitions.
1 Selon Rey-Debove 1971 : 21, «On appellera Macrostructure l’ensemble des entrées ordonnées […]. On appellera Microstructure l’ensemble des informations ordonnées de chaque article […]». 2 À titre d’exemple, les mots écritsjeune, jeunement, jeunet,jeunot, jeunesse, rajeunir, rajeunissantetrajeunissementoccupent huit entrées dictionnairiques dans leNouveau Petit Robert1997, alors que dans leDictionnaire de la langue française Lexis1994, les sept derniers mots sont groupés dans la partie microstructurelle d’une seule entrée qui est le motjeune. On peut aisément allonger la liste d’autres divergences observées dans différents dictionnaires.
MOHSEN HAFEZIAN
81
L’étude des variantes formelles ouvre un vaste champ d’observation sur le fonctionnement d’un système d’écriture et peut éclaircir les terrains moins exploités de la lexicographie. C’est sur quoi nous nous penchons dans ce qui suit. LePRÉconstitue notre dictionnaire de référence. Durant notre recherche, lePRÉa aussi été la source principale de nos descriptions phonétiques. Dans le PRÉ,la marque d’usage «Var»les formes variantes qui sont citées unprécède peu partout dans les articles dictionnairiques. Sur un total de 60 000 articles, il y a 889 articles qui comportent ladite marque. Dans le souci de traiter le mot sous un seul critère de reconnaissance, nous n’avons pris en compte que les variantes formelles qui sont présentes dans la rubrique «Entrée», qui sont por-teuses d’une alternance phonographique et qui sont notées par «Var»3. Cela concerne au total 283 entrées. Mais qu’entendons-nous au juste par variantes formelles?
2. Variante(s) formelle(s)
Nous entendons par variantes formelles toutes les représentations graphi-ques différentes d’une seule unité lexicale d’entrée. Les variantes formelles, dans le sens que nous attribuons à cette expression, ne sont pas des allomorphes. D’après le DLSL 1994 : 24, «On appelle allomorphes les variantes d’un mor-phème en fonction du contexte»4. Cette contextualisation est, à notre connais-sance, l’un des critères communs à toutes les approches théoriques qui prennent les allomorphes comme l’objet d’étude5. Le critère de contextualisation peut nous informer sur les modalités de formation allomorphique de certaines unités. À titre d’exemple, le préfixea-se réalisea-dansathématiqueen raison de la présence de la consonne initiale de la base, etan- devant la voyelle initiale d’une souche telle queorganique(anorganique). La contextualisation mor-phologique peut aussi intervenir. Par exemple, le suffixe-anest l’allomorphe du suffixe-ainquand ce dernier précède le suffixe-ité(humain/humanité,
3 Ajoutons que la conjonction «ou» remplace parfois la marque «Var» (ex.chabrol[ʃabrɔl] ouchabrot[ʃabro]). Sur le même principe, nous ne l’avons pas prise en compte non plus. 4 Dubois et coll. 1994Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage,Paris, Larousse. 5 Cf. Gruaz 1987 : 50, Gardes-Tamine 1998 : 66 et Corbin 1991 : 285. Les critères d’ordre sémantique ou étymologique peuvent cependant être pris en considération afin d’identifier les allomorphes. On lit dans leRobert Méthodique1989 : XVII : «La notion d’allomorphelexical relève d’une perspective historique; en synchronie, les allomorphes lexicaux ne sont que des synonymes(même sens, forme différente). […] En ce qui concerne les allomorphes en distribu-tion complémentaire, qui dépendent du contexte, on a considéré que ce qui était valable pour les mots l’était pour les morphèmes».
82
ÉTUDE DES COMPOSANTS PHONOGRAMMIQUES
romain/romanité, …). Il est bien évident que les formes lexicales telles que *aorganiqueet*humainitésont considérées comme erronées. Par contre, quand nous parlons des variantes formelles d’un mot, nous parlons des formes lexicales qui coexistent et font partie du lexique attesté6. La notion de variante formelle correspond à ce que Hjelmslev 1966 :149 ap-pelle, généralement et pour toutes les unités linguistiques, la variation :
À l’enregistrement des éléments il faut, en analysant une langue, ajouter un enregistrement de leursvariantes. Il y en a deux espèces : lesvariétésqui sont reliées à leur entourage par une relation de présupposition réciproque, et lesvariationsqui varient librement et qui n’entretiennent avec leur en-tourage qu’une relation sans présupposition. […] Du point de vue de la structure de la langue cette division en variantes est générale, c’est-à-dire que, par un calcul préalable, on peut l’appliquer à n’importe quelles gran-deurs : toute grandeur a autant de variétés que de possibilités de relation, et chacune de ces variétés peut se diviser en un nombre infini de variations.
C’est ainsi que les alternances des constituants phonographiques des formes variantes d’un lexème peuvent aussi être baptisées alternances arbitraires. Bien que les alternances arbitraires puissent toucher également les constituants mor-phologiques (ex.bougre /bougresse), seules les variances formelles phono-graphiques seront traitées dans ce qui suit. Le groupement des unités graphiques alternantes en fonction des phonèmes correspondants nous amène à définir les quatre notions suivantes : l’archigraphème et l’archiphonème d’un côté, et le graphème de base et le sous-graphème d’un autre côté.  AMEHONÈHCPIR. Il est défini dans leDLSL 1994 : 48 comme «l’intersection des ensembles formés par les traits pertinents de deux phonèmes dont l’oppo-sition est neutralisable». La réalisation effective d’un archiphonème peut don-ner une variété de phonèmes qui, malgré leur différence, se distinguent nettement d’autres phonèmes de la langue et demeurent dans une zone de stabilité phoné-tique. Donc, on peut, selon les variétés, désigner les deux phonèmes /a/ anté-rieur et /ɑ/ postérieur par un seul archiphonème /A/. La correspondance graphique de l’archiphonème est l’archigraphème. – ARCHIGRAPHÈME. L’archigraphème est, selon Catach, Gruaz et Duprez 1986 : 17, «le graphème fondamental, représentant d’un ensemble de graphèmes, qui sont par rapport aux autres ensembles dans un rapport exclusif, correspondant
6 Peut-on établir une certaine relation entre les formes variantes et le registre? À notre sens, il paraît excessif de faire intervenir la notion de registre afin de préciser la place des formes va-riantes qui se distinguent par une seule alternance phonographique dans la langue. Le maintien des formes graphiques d’un mot dans une période de son évolution, ou l’enregistrement croisé des formes graphiques de mots d’emprunt et de leurs équivalents formels dans la langue, four-nissent des explications plus adéquates dans un tel cas.
MOHSEN HAFEZIAN
83
au même phonème ou au même archiphonème». Ainsi, les deux phonèmes /a/ antérieur et /ɑ/ postérieur, appartenant à l’archiphonème /A/, peuvent être trans-crits par deux phonogrammesaetâqui appartiennent à l’archigraphèmeA. On peut en déduire que le rapport entre graphème phonogrammique et archigraphème attribué est alors un rapport d’inclusion. – GRAPHÈME(phonogrammique) de base7. La notion de graphème de base désigne en général la réalisation la plus fréquente d’un archigraphème. Ces graphèmes appartiennent au «système de base ou code minimal de transcrip-tion du français, nécessaire à l’expression écrite d’un scripteur débutant»8. Dans le même ouvrage, l’auteur présente trois niveaux de constituants phonographi-ques : le niveau 1 contient 45 graphèmes de base, le niveau 2 comprend 70 graphèmes (dont les 45 graphèmes de base) et le niveau 3, constitué à la fois de graphèmes de base, de graphèmes et de sous-graphèmes, contient 130 graphèmes phonographiques9. – SOUS-GRAPHÈME. La définition du sous-graphème est négative. Catach, Gruaz et Duprez 1986 : 10-31 propose quatre critères de reconnaissance du graphème de base. Ces quatre critères sont : 1° la fréquence, 2° le degré de cohésion, de stabilité, d’autonomie, 3°le degré de rapport direct avec le pho-nème, et 4° le degré de rentabilité ou de créativité linguistique. Le phono-gramme qui ne répond pas à ces critères est un sous-graphème. L’auteur cite comme exemple le motsolennel[sɔlanεl], dans lequel le phonème /a/ est trans-crit par le phonogrammeen. Du fait que la relation phonographiquee/a/ se présente dans moins de 5 à 6 unités du lexique, leenest considéré comme sous-graphème10. Ajoutons qu’un sous-graphème est souvent composé d’unités graphiques qui relèvent de niveaux différents : des signes adscrits comme le tréma, les accents (ex.üdansSaül[sayl] etdanspaître[pεtr]), des phono-grammes consonantiques ou vocaliques géminés (ex. la séquencezzdans les grizzli/grizzly[grizli] et la séquenceoodans l’alcool[alkɔl]), etc. Au vu de l’échange constant et hautement abondant des documents écrits de notre temps, la liste présentée dans ledit ouvrage ne peut pas être, à notre sens, une liste close. Une recherche de détail dans les dictionnaires nous convainc de cela.
7 Un graphème phonogrammique est une unité minimale de l’écriture orthographique qui transcrit un phonème. Dans cet article, nous l’appelons simplement graphème ou phonogramme. 8 Catach, Gruaz et Duprez 1986 : 36. 9 Ibid. : 10-15. 10 Ibid. : 14-15.
84
ÉTUDE DES COMPOSANTS PHONOGRAMMIQUES
3. Alternance des constituants phonographiques des variantes formelles
L’examen des rapports statistiques entre les trois paramètres archigraphème, formes variantes et phonogramme alternant fait apparaître certaines tendances générales dans les rapports phonographiques des phonèmes transcrits avec des phonogrammes alternants. La question principale est ici de savoir si ces ten-dances générales s’observent aussi dans l’ensemble du système. Dans le domaine des phonogrammes alternants, deux types de variation sont à distinguer : 1° le groupe phonographique alternant transcrit un phonème identique. Nous l’examinerons en 3.1. Les unités graphiques à alternance zéro dans les formes variantes seront également traitées dans cette partie; 2° le groupe phonographique alternant transcrit deux phonèmes distincts. Nous en parlerons en 3.2. Précisons que dans lePRÉla forme variante est citée le plus souvent après, la transcription phonétique. Dans certains cas, cela provoque une ambiguïté sur la correspondance phonographique exacte des phonogrammes alternants. Que peut-on dire sur l’homophonie ou la non-homophonie des formes variantes luffa[lufa] etloofa, puisque la séquence graphiqueooest transcrit /ɔ/ dans looch [lɔk], /u/ danslook / [luk],ɔɔ/ danszootechnieet enfin /oo/ dans zootechnicien[zootεknisj˜ε]? Dans ces cas, la distinction entre les graphèmes et les sous-graphèmes phonographiques peut mettre en relief les correspon-dances phonémiques dominantes de certaines séquences graphiques. Notre ju-gement sur l’homophonie ou la non-homophonie des phonogrammes alternants porte particulièrement sur ces correspondances dominantes.
3.1 Alternance des phonogrammes homophones
3.1.1 Phonogrammes vocaliques
LePRÉ contient 100 entrées11 dont la variante comporte une alternance vocalique. Les archigraphèmes contenant des phonogrammes vocaliques qui font partie des groupes alternants sont :A,E,I,O,U,EU,OU,AN,INetON. Nous présentons dans le Tableau 1 de l’Annexe le premier regroupement des unités lexicales concernées. Dans ce tableau, que nous invitons le lecteur à examiner en détail, les phonogrammes alternants sont présentés selon l’archigraphème correspondant.
11 Dans le cas où le groupe phonographique alternant se trouvait dans une série dérivative, nous ne l’avons compté qu’une seule fois (ex.au/ôdanstaule/tôle, qui se trouve également dans taulier/tôlierettaulard/tôlard).
MOHSEN HAFEZIAN
85
L’examen de la distribution des données fait apparaître les faits suivants : 1° La distribution des archigraphèmes dans les formes variantes se pré-sente dans l’ordre décroissant suivant :Edans 47 formes variantes,Idans 12, EUdans 10,Odans 8,Adans 6,ANdans 4,ONdans 4,OUdans 4,INdans 3 etUdans 2 formes variantes. Ce taux de distribution n’est en accord que partiellement avec les résultats des recherches faites sur la distribution des phonèmes du français12. Ces recherches ont révélé, par exemple, que les voyelles les plus fréquentes du français sont : /A/, / E/, /I / et /ə/ caduc. On peut constater que, parmi ces voyelles, /E / et /I / uniquement se trouvent en tête de notre liste. L’archiphonème vocalique /A/, comme archiphonème le plus fréquent du français, n’est présent que dans 6 formes variantes, et le /ə/ n’est nullement le correspondant d’un phonogramme alternant. La question qui peut s’imposer tout de suite est de savoir s’il y a une correspondance entre le nombre des phonogrammes alternants et le nombre des formes variantes. À l’exception de l’archigraphèmeE, qui contient le nombre le plus élevé à la fois de phonogrammes alternants et de variantes formelles, et malgré une distribution relativement équilibrée entre ces deux facteurs, la ré-ponse à cette question ne peut être que négative13À titre d’exemple, les . archigraphèmesIetUcorrespondent chacun à deux phonogrammes alternants. Cependant, le premier se trouve dans douze formes et le deuxième dans deux formes variantes. Il faut alors reformuler autrement la question et chercher la réponse dans une autre zone de distribution. L’écart important entre le taux de fréquence des phonogrammes vocali-ques dans la langue en général et dans les formes variantes est, nous semble-t-il, dû à la manifestation accentuée des dispositifs graphiques des archigraphèmes dans le dernier cas. Les extensions de ces dispositifs, qui varient constamment d’un archigraphème à l’autre, n’ont aucun rapport avec la fréquence de l’archigraphème concerné dans la langue. À titre d’exemple, l’archigraphèmeA, l’archigraphème vocalique le plus fréquent du français, se concrétise sous six formes graphiques différentes : 3 graphèmes (a,à,â) et 3 sous-graphèmes (em, en,on). Vu sous cet angle, l’archigraphèmeIN, se trouvant au douzième rang de la
12 Cf. Haton et Lamotte 1971, cité dans Catach, Gruaz et Duprez 1986 : 51-53. 13 En allant de l’unité graphique vers l’unité phonique, on observe une équivalence dans la distribution des phonogrammes dans les formes variantes. En effet, on constate que les 16 phono-grammes alternants qui correspondent aux phonèmes à un seul timbre (à savoir /i/, /ɑ˜/, /˜ɔ/, /u/, /˜ε/, /y/) se répartissent dans 29 formes variantes (soit en moyenne 2 formes variantes pour chaque couple alternant). Ce taux n’est pas loin de la distribution des 32 phonogrammes alternants qui transcrivent les voyelles à deux timbres (c’est-à-dire : /A/, /O/, /E/, /EU/) dans 73 formes variantes. Curieusement, on aurait presque le même taux de distribution si on tenait compte de la distribu-tion globale des 47 phonogrammes alternants dans les 102 formes variantes.
86
ÉTUDE DES COMPOSANTS PHONOGRAMMIQUES
fréquence des voyelles, couvre 5 graphèmes (in,im,en,ain,ein) et 4 sous-graphèmes (în,aim,yn,ym)14 examiner la distri- à. Cette observation nous amène bution des graphèmes et des sous-graphèmes dans les phonogrammes alternants afin de déduire, s’il est possible, une tendance générale dans ce domaine. 2° et des sous-graphèmes dans les phono-La distribution des graphèmes grammes alternants va comme suit : 26 graphèmes (dont 14 graphèmes de base) et 26 sous-graphèmes forment l’ensemble des constituants graphiques des pho-nogrammes alternants. Dans le cadre d’un archigraphème, l’alternance de ces constituants peut se diviser en trois types : – L’ARETLCNANE GRAPHÈME/GRAPHÈME. Ce type d’alternance contient les 22 couples alternants homophones suivants :e/é,é/ai,e/è,è/ê,è/ai,e/ei, e/ai,é/è,e/ë,eu/e,a/â,i(e) /y,au/ô,o/au,u(e)/û,ou/û,an/en,in/ein, in/ain,on/om,im/em,am/em. Ces couples se manifestent dans 66 formes variantes. – L’TLAENCNAER GRAPHÈME/SOUS-GRAPHÈMEconcerne les 22 couples ho-mophones suivants :é/ee,é/ée,é/,é/eh,é/œ,é/æ,ai/,e/ea,e/œ,e/he, a/ea,a/ah,a/ha,y/hy,o/ho,u/hu,eu/heu,eu/euh,ou/hou,/aou,on/un etom/um. Ces couples se répartissent dans 33 formes variantes. – L’NANRECETLA SOUS-GRAPHÈME/SOUS-GRAPHÈMEne se réalise que dans les 2 couples homophones suivants :aie/ayeetö/œDans notre liste, il y a seule-. ment deux formes variantes qui les contiennent. Ces résultats exposent clairement la portée dominante des graphèmes par rapport aux sous-graphèmes. Les premiers sont présents dans 60 couples de phonogrammes alternants, alors que les deuxièmes se présentent seulement dans 23 couples alternants. Le graphique 1 présente la distribution des graphèmes et des sous-graphèmes vocaliques dans les formes variantes.
5 0 4 0 3 0 2 0 1 0 0
E
Graphèmes
I
EU
Sous-graphèmes
O
A
AN
Formes variante
ON
Fig. 1 : Phonogrammes vocaliques
14 Cf. Catach, Gruaz et Duprez 1986 : 14-15, 53.
OU
IN
U
MOHSEN HAFEZIAN
3.1.2 Phonogrammes consonantiques
87
LePRÉ contient 139 entrées dont la variante comporte une alternance de phonogrammes consonantiques. Les archigraphèmes qui contiennent ces pho-nogrammes sont :C,T,N,CH,S,Z,L,F,R,G,P,GN,J,MetX. Dans le Tableau 2, aussi dans l’Annexe, le premier regroupement des pho-nogrammes consonantiques alternants est présenté selon l’archigraphème cor-respondant. L’examen de la distribution des données fait apparaître les faits suivants : 1°dans les formes variantes se pré-La distribution des archigraphèmes sente dans l’ordre décroissant suivant :Cdans 41 formes variantes,Tdans 25, Ndans 18,CHdans 11,Sdans 9, Ldans 8,Zdans 8, Fdans 5, Rdans 5, Gdans 3,Pdans 2,GNdans 2,Jdans 2,Mdans 1 etXdans 1 forme variante. Le taux de distribution de ces données montre clairement que les phonèmes correspondant aux archigraphèmes les plus fréquents dans les formes variantes ne le sont pas dans la langue en général. À titre d’exemple, on peut désigner le phonème /k/, représenté par l’archigraphèmeCqui est en tête de notre liste et, qui n’est rangé qu’au septième rang de la fréquence des consonnes du fran-çais15. D’un autre côté, l’archiphonème /R/, représenté par l’archigraphèmeR, qui a la fréquence la plus élevée en français, se met au neuvième rang pour sa fréquence dans les formes variantes. D’ailleurs, à l’exception de l’archigraphèmeC16, qui contient le nombre le plus élevé à la fois de phonogrammes alternants et de variantes formelles, le nombre des phonogrammes alternants que chaque archigraphème peut saisir n’est pas directement en relation avec le nombre des formes variantes concernées. Ainsi, l’archigraphèmeT contient 2 phonogrammes alternants qui sont distribués dans 29 formes variantes. Mais cela n’est pas le cas de l’archigraphème S, qui, ayant 4 phonogrammes alternants, n’est présent que dans 9 formes va-riantes. À nouveau, la distorsion entre la fréquence des phonogrammes alter-nants dans les formes variantes par rapport à leur fréquence dans la langue en général est facilement observable. Comme on l’a vu dans la partie précédente, si le champ d’observation se focalise uniquement sur la distribution des constituants phonographiques de différents niveaux dans les phonogrammes alternants, les faits dominants ap-paraissent. C’est ce dont nous nous occupons dans ce qui suit. 2°La distribution des graphèmes et des sous-graphèmes dans les phono-grammes alternants fait que 23 graphèmes, dont 18 de base et 21 sous-graphèmes,
15 Cf. Haton et Lamotte 1971, cité dans Catach, Gruaz et Duprez 1986 : 51-53. 16 Ce qui était aussi le cas de l’archiphonème /E/ pour les phonogrammes vocaliques alternants.
88
ÉTUDE DES COMPOSANTS PHONOGRAMMIQUES
forment l’ensemble des constituants graphiques des phonogrammes alternants. Dans le cadre d’un archigraphème, l’alternance de ces constituants peut se diviser en trois types : – L’CEANRNTAEL GRAPHÈME/GRAPHÈME. Ce type d’alternance concerne 9 phonogrammes alternants :c/k, c/qu, qu/k, f/ph, s/ss, s/c, ss/c, z/s (intervocalique),j/gecouples se manifestent dans 44 formes variantes.. Ces – L’ALTERNANCE EMÈHGRAP/SOUS-MEHÈPARGconcerne les 23 phonogrammes alternants suivants :c/kh, c/ch, c/cc, qu/cqu, gu/gh, k/kh, k/ck, k/ch, ss/sc,ch/sh,ch/sch,f/ff,gn/gni,g/gh,l/ll,m/mm,n/nn,p/pp,t/th,t/tt, r/rr,x/ct,z/x. Ces couples se distribuent dans 83 formes variantes. – L’ANCETERNLA SOUS-GRAPHÈME/SOUS-GRAPHÈMEse réalise avec le couple rr/rrhdans 2 formes variantes de notre liste. Grâce à ces remarques, on peut voir que la distribution des graphèmes (40 unités) est largement supérieure à celle des sous-graphèmes (23 unités). Bien que ce résultat soit généralement en accord avec celui de la distribution des graphèmes et des sous-graphèmes dans les phonogrammes vocaliques de la partie précédente, il convient de préciser que le poids des graphèmes est plus important dans le dernier cas : 60 graphèmes contre 22 sous-graphèmes17. Le graphique 2 présente la distribution des graphèmes et des sous-graphèmes consonantiques dans les formes variantes.
5 0 4 0 3 0 2 0 1 0 0
C
T
N
Graphèmes
CH
S
Z
Sous-graphème
L
F
R
Formes variante
G
P
Fig. 2 : Phonogrammes consonantiques
GN
J
M
X
17 Dans Catach, Gruaz et Duprez 1986 : 14-15, 42 sous-graphèmes vocaliques sont cités contre 27 sous-graphèmes consonantiques.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents