54.19 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/21654.20 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/21754.21 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/21854.22 SCENE VII54.23 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/21954.24 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/22054.25 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/22154.26 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/22254.27 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/22354.28 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/22454.29 SCENE IX54.30 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/22554.31 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/22654.32 SCENE X54.33 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/22754.34 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/22854.35 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/22954.36 SCENE XI54.37 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/23054.38 SCENE XII54.39 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/23154.40 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/23254.41 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/23354.42 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/23454.43 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/23554.44 Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/236Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/124PERSONNAGESARAMINTE, fille de Madame Argante.DORANTE, neveu de Monsieur Remy.MONSIEUR REMY, procureur.MADAME ARGANTE.ARLEQUIN, valet d'Araminte.DUBOIS, ancien valet de Dorante.MARTON, suivante d'Araminte.LE COMTE.Un domestique parlant.Un garçon joaillier.La scène est chez Madame Argante.=ACTEPage:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/125PREMIER=SCENE PREMIÈREDORANTE, ARLEQUINARLEQUIN, introduisant Dorante.Ayez la bonté, Monsieur, de vous asseoir un moment dans cette salle,Mademoiselle Marton est chez Madame et ne tardera pas à descendre.DORANTEJe vous suis obligé.ARLEQUINSi vous voulez, je vous tiendrai compagnie, de peur que l'ennui ne vous prenne ;nous discourerons en attendant.
DORANTEJe vous remercie ce n'est pas la peine, ne vous détournez point.ARLEQUINVoyez, Monsieur, n'en faites pas de façon : nous avons ordre de Madame d'êtrehonnête, et vous êtes témoin que je le suis.DORANTENon, vous dis-je, je serai bien aise d'être un moment seul.Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/126ARLEQUINExcusez, Monsieur, et restez à votre fantaisie.SCENE IIDORANTE, DUBOISDubois, entrant avec un air de mystère.DORANTEAh ! te voilà ?DUBOISOui, je vous guettais.DORANTEJ'ai cru que je ne pourrais me débarrasser d'un domestique qui m'a introduit ici, etqui voulait absolument me désennuyer en restant. Dis-moi, Monsieur Remy n'estdonc pas encore venu ?DUBOISNon, mais voici l'heure à peu près qu'il vous a dit qu'il arriverait. (Il cherche etregarde.) N'y a-t-il là personne qui nous voie ensemble ? Il est essentiel que lesdomestiques ici ne sachent pas que je vous connaisse.DORANTEJe ne vois personne.DUBOISVous n'avez rien dit de notre projet à Monsieur Remy, votre parent ?DORANTEPas le moindre mot. Il me présente de la meilleure foi du monde, en qualitéd'intendant, àPage:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/127cette dame-ci dont je lui ai parlé, et dont il se trouve le procureur ; il ne sait point dutout que c'est toi qui m'as adressé à lui, il la prévint hier ; il m'a dit que je merendisse ce matin ici, qu'il me présenterait à elle, qu'il y serait avant moi, ou que s'iln'y était pas encore, je demandasse une Mademoiselle Marton. Voilà tout, et jen'aurais garde de lui confier notre projet, non plus qu'à personne, il me paraîtextravagant, à moi qui m'y prête. Je n'en suis pourtant pas moins sensible à tabonne volonté, Dubois, tu m'as servi, je n'ai pu te garder, je n'ai pu même te bienrécompenser de ton zèle ; malgré cela, il t'est venu dans l'esprit de faire ma fortune :en vérité, il n'est point de reconnaissance que je ne te doive !DUBOISLaissons cela, Monsieur ; tenez, en un mot, je suis content de vous, vous m'avez
nous voilà embarqués, poursuivons. (Il fait quelques pas, et revient.) À propos,tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous. L'Amour et moi nous ferons lereste.SCENE IIIMONSIEUR REMY, DORANTEMONSIEUR REMYBonjour, mon neveu ; je suis bien aise de vous voir exact. Mademoiselle Marton vavenir, on est allé l'avertir. La connaissez-vous ?DORANTENon, Monsieur ; pourquoi me le demandez-vous ?Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/130MONSIEUR REMYC'est qu'en venant ici, j'ai rêvé à une chose… Elle est jolie, au moins.DORANTEJe le crois.MONSIEUR REMYEt de fort bonne famille, c'est moi qui ai succédé à son père ; il était fort ami duvôtre ; homme un peu dérangé ; sa fille est restée sans bien ; la dame d'ici a voulul'avoir, elle l'aime, la traite bien moins en suivante qu'en amie ; lui a fait beaucoupde bien, lui en fera encore, et a offert même de la marier. Marton a d'ailleurs unevieille parente asthmatique dont elle hérite, et qui est à son aise ; vous allez êtretous deux dans la même maison ; je suis d'avis que vous l'épousiez : qu'en dites-vous ?DORANTEsourit à part.Eh !… mais je ne pensais pas à elle.MONSIEUR REMYEh bien, je vous avertis d'y penser ; tâchez de lui plaire. Vous n'avez rien, monneveu, je dis rien qu'un peu d'espérance ; vous êtes mon héritier, mais je me portebien, et je ferai durer cela le plus longtemps que je pourrai, sans compter que jepuis me marier ; je n'en ai point d'envie, mais cette envie-là vient tout d'un coup, il ya tant de minois qui vous la donnent ; avec une femme on a des enfants, c'est lacoutume, auquel cas, serviteur au collatéral ; ainsi, mon neveu, prenez toujours vospetites précautions, et vous mettez en état de vous passer de mon bien, que je vousdestine aujourd'hui, et que je vous ôterai demain peut-être.Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/131DORANTEVous avez raison, Monsieur, et c'est aussi à quoi je vais travailler.MONSIEUR REMYJe vous y exhorte. Voici Mademoiselle Marton, éloignez-vous de deux pas, pour medonner le temps de lui demander comment elle vous trouve. (Dorante s'écarte unpeu.)SCENE IVMONSIEUR REMY, MARTON, DORANTE.MARTONJe suis fâchée, Monsieur, de vous avoir fait attendre ; mais j'avais affaire chez
Madame.MONSIEUR REMYIl n'y a pas grand mal, Mademoiselle, j'arrive. Que pensez-vous de ce grand garçon-là ? (Montrant Dorante.)MARTON, riant.Eh ! Par quelle raison, Monsieur Remy, faut-il que je vous le dise ?MONSIEUR REMYC'est qu'il est mon neveu.MARTONEh bien ! Ce neveu-là est bon à montrer ; il ne dépare point la famille.Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/132MONSIEUR REMYTout de bon ? C'est de lui dont j'ai parlé à Madame pour intendant, et je suischarmé qu'il vous revienne : il vous a déjà vue plus d'une fois chez moi quand vous yêtes venue ; vous en souvenez-vous ?MARTONNon je n'en ai point d'idée.MONSIEUR REMYOn ne prend pas garde à tout. Savez-vous ce qu'il me dit la première fois qu'il vousvit ? Quelle est cette jolie fille-là ? (Marton sourit.) Approchez, mon neveu.Mademoiselle, votre père et le sien s'aimaient beaucoup, pourquoi les enfants nes'aimeraient-ils pas ? En voilà un qui ne demande pas mieux ; c'est un cœur qui seprésente bien.DORANTE, embarrassé.Il n'y a rien là de difficile à croire.MONSIEUR REMYVoyez comme il vous regarde ; vous ne feriez pas là une si mauvaise emplette.MARTONJ'en suis persuadée ; Monsieur prévient en sa faveur, et il faudra voir.MONSIEUR REMYBon, bon ! Il faudra ! Je ne m'en irai point que cela ne soit vu.MARTON, riant.Je craindrais d'aller trop vite.Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/133DORANTEVous importunez Mademoiselle, Monsieur.MARTON, riant.Je n'ai pourtant pas l'air si indocile.MONSIEUR REMY, joyeux.Ah ! je suis content, vous voilà d'accord. Oh ! çà, mes enfants (il leur prend lesmains à tous deux). Je vous fiance, en attendant mieux. Je ne saurais rester ; je
reviendrai tantôt. Je vous laisse le soin de présenter votre futur à Madame. Adieu,ma nièce. (Il sort.)MARTON, riant.Adieu donc, mon oncle.SCENE VMARTON, DORANTE.MARTONEn vérité, tout ceci a l'air d'un songe. Comme Monsieur Remy expédie ! Votreamour me paraît bien prompt, sera-t-il aussi durable ?DORANTEAutant l'un que l'autre, Mademoiselle.MARTONIl s'est trop hâté de partir. J'entends Madame qui vient, et comme, grâce auxarrangements de Monsieur Remy, vos intérêts sont presque les miens,Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/134ayez la bonté d'aller un moment sur la terrasse, afin que je la prévienne.DORANTEVolontiers, Mademoiselle.MARTON, le voyant sortir.J'admire le penchant dont on se prend tout d'un coup l'un pour l'autre.SCENE VIARAMINTE, MARTON.ARAMINTEMarton, quel est donc cet homme qui vient de me saluer si gracieusement, et quipasse sur la terrasse ? Est-ce à vous à qui il en veut ?MARTONNon, Madame, c'est à vous-même.ARAMINTE, d'un air assez vif.Eh bien, qu'on le fasse venir, pourquoi s'en va-t-il ?MARTONC'est qu'il a souhaité que je vous parlasse auparavant. C'est le neveu de MonsieurRemy, celui qu'il vous a proposé pour homme d'affaires.ARAMINTEAh ! c'est là lui ! Il a vraiment très bonne façon.Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/135MARTONIl est généralement estimé, je le sais.ARAMINTEJe n'ai pas de peine à le croire : il a tout l'air de le mériter. Mais, Marton, il a si
bonne mine pour un intendant, que je me fais quelque scrupule de le prendre ; n'endira-t-on rien ?MARTONEt que voulez-vous qu'on dise ? Est-on obligé de n'avoir que des intendants malfaits ?ARAMINTETu as raison. Dis-lui qu'il revienne. Il n'était pas nécessaire de me préparer à lerecevoir. Dès que c'est Monsieur Remy qui me le donne, c'en est assez ; je leprends.MARTON, comme s'en allant.Vous ne sauriez mieux choisir. (Et puis revenant.) Êtes-vous convenue du parti quevous lui faites ? Monsieur Remy m'a chargée de vous en parler.ARAMINTECela est inutile. Il n'y aura point de dispute là-dessus. Dès que c'est un honnêtehomme, il aura lieu d'être content. Appelez-le.MARTON, hésitant à partir.On lui laissera ce petit appartement qui donne sur le jardin, n'est-ce pas ?ARAMINTEOui, comme il voudra ; qu'il vienne. (Marton va dans la coulisse.)==SCENEPage:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/136VII== DORANTE, ARAMINTE, MARTON.MARTONMonsieur Dorante, Madame vous attend.ARAMINTEVenez, Monsieur ; je suis obligée à Monsieur Remy d'avoir songé à moi. Puisqu'ilme donne son neveu, je ne doute pas que ce ne soit un présent qu'il me fasse. Unde mes amis me parla avant-hier d'un intendant qu'il doit m'envoyer aujourd'hui ;mais je m'en tiens à vous.DORANTEJ'espère, Madame, que mon zèle justifiera la préférence dont vous m'honorez, etque je vous supplie de me conserver. Rien ne m'affligerait tant à présent que de laperdre.MARTONMadame n'a pas deux paroles.ARAMINTENon, Monsieur ; c'est une affaire terminée, je renverrai tout. Vous êtes au fait desaffaires apparemment ; vous y avez travaillé ?DORANTEOui, Madame ; mon père était avocat, et je pourrais l'être moi-même.Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/137ARAMINTEC'est-à-dire que vous êtes un homme de très bonne famille, et même au-dessus du
parti que vous prenez.DORANTEJe ne sens rien qui m'humilie dans le parti que je prends, Madame ; l'honneur deservir une dame comme vous n'est au-dessous de qui que ce soit, et je n'envierai lacondition de personne.ARAMINTEMes façons ne vous feront point changer de sentiment. Vous trouverez ici tous leségards que vous méritez ; et si, dans les suites, il y avait occasion de vous rendreservice, je ne la manquerai point.MARTONVoilà Madame : je la reconnais.ARAMINTEIl est vrai que je suis toujours fâchée de voir d'honnêtes gens sans fortune, tandisqu'une infinité de gens de rien, et sans mérite, en ont une éclatante ; c'est unechose qui me blesse, surtout dans les personnes de son âge ; car vous n'avez quetrente ans, tout au plus ?DORANTEPas tout à fait encore, Madame.ARAMINTECe qu'il y a de consolant pour vous, c'est que vous avez le temps de devenirheureux.Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/138DORANTEJe commence à l'être d'aujourd'hui, Madame.ARAMINTEOn vous montrera l'appartement que je vous destine ; s'il ne vous convient pas, il yen a d'autres, et vous choisirez. Il faut aussi quelqu'un qui vous serve et c'est à quoije vais pourvoir. Qui lui donnerons-nous, Marton ?MARTONIl n'y a qu'à prendre Arlequin, Madame. Je le vois à l'entrée de la salle et je vaisl'appeler. Arlequin ? Parlez à Madame.SCENE VIIIARAMINTE, DORANTE, MARTON, ARLEQUIN, UN DOMESTIQUE.ARLEQUINMe voilà, Madame.ARAMINTEArlequin, vous êtes à présent à Monsieur ; vous le servirez ; je vous donne à lui.ARLEQUINComment, Madame, vous me donnez à lui ! Est-ce que je ne serai plus à moi ? Mapersonne ne m'appartiendra donc plus ?MARTONQuel benêt !Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/139
ARAMINTEJ'entends qu'au lieu de me servir, ce sera lui que tu serviras.ARLEQUIN, comme pleurant.Je ne sais pas pourquoi Madame me donne mon congé : je n'ai pas mérité cetraitement ; je l'ai toujours servie à faire plaisir.ARAMINTEJe ne te donne point ton congé, je te payerai pour être à Monsieur.ARLEQUINJe représente à Madame que cela ne serait pas juste : je ne donnerai pas mapeine d'un côté, pendant que l'argent me viendra d'un autre. Il faut que vous ayezmon service, puisque j'aurai vos gages ; autrement je friponnerais, Madame.ARAMINTEJe désespère de lui faire entendre raison.MARTONTu es bien sot ! Quand je t'envoie quelque part, ou que je te dis : fais telle ou tellechose, n'obéis-tu pas ?ARLEQUINToujours.MARTONEh bien, ce sera Monsieur qui te le dira comme moi, et ce sera à la place deMadame et par son ordre.ARLEQUINAh ! c'est une autre affaire. C'est Madame quiPage:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/140donnera ordre à Monsieur de souffrir mon service, que je lui prêterai par lecommandement de Madame.MARTONVoilà ce que c'est.ARLEQUINVous voyez bien que cela méritait explication.UN DOMESTIQUEvient.Voici votre marchande qui vous apporte des étoffes, Madame.ARAMINTEJe vais les voir et je reviendrai. Monsieur, j'ai à vous parler d'une affaire ; ne vouséloignez pas.SCENE IXDORANTE, MARTON, ARLEQUIN.ARLEQUINOh çà, Monsieur, nous sommes donc l'un à l'autre, et vous avez le pas sur moi ? Jeserai le valet qui sert, et vous le valet qui serez servi par ordre.MARTON