Là où le bégaiement est apparu
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Description

Enfin, la source et l'origine de mon don d'écriture.
Pour moi rien n'est fortuit.
C'est à nous de se débrouiller avec ce que la vie nous donne.
Et rien n'est offert sans raisons.

Informations

Publié par
Publié le 02 mai 2014
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Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

LA OU LE BEGAIEMENT M’EST APPARU
P a g e|1
Lors de ma sortie de l’Institut St Pierre, ma mère voulant que je reçoive une éducation scolaire au top et ne faisant pas confiance à l’école laïque me mit, en Septembre 65, à l’école Privée Religieuse de St Denis, Cours Gambetta, pour mon entrée en CE1. J’étais demi-pensionnaire. Bonne maman mettait dans mon cartable un encas pour la récrée du matin. Je goûtais, chez elle, dès mon retour de classe. Ma Maitresse venait de débarquer fraîchement d’Algérie. Comme je vous l’ai déjà dit pour mon âge, j’étais grande, sans compter que j’étais je pense la plus âgée. Pour ma taille les bureaux scolaires étaient trop petits. Et que fait-on dans ces cas là ? On bouge pour se déplier et trouver sa place. Ce qui déplaisait plus que tout à ma maîtresse, puisque je faisais du bruit et gênais le bon déroulement de ses cours. Cerise sur le gâteau je me suis révélée en plus être une gauchère pure et dure. Et c’est là qu’intervient mon deuxième changement de pôle du début qui s‘est traduit par mon bégaiement. Je sais. Je ne suis pas la seule dans ce cas. Mais moi je sais que cela a changé définitivement le cours de ma vie. Ce que je vais dire n’engage que moi. Ce sont les deux raisons dont l’une majeure qui l’ont faite me forcer à écrire coûte que coûte de la main droite. L’une découle de l’autre. La première généralement admise par le corps enseignant de l’époque était que les gauchers étaient indésirables dans le système scolaire. Pourquoi ? J’ai ma petite idée la dessus qui corrobore la raison majeure de ma maîtresse. Depuis la nuit des temps la main gauche a été considérée comme la main du Diable. Main maléfique, quoique se situant du même côté que le cœur qui lui est le siège de l’Amour. Venant d’un pays où cette croyance était plus ancrée que chez nous, elle n’a pas eu suffisamment de recul et de connaissances pour se poser des questions. Qui plus est elle travaillait chez des religieuses. Comme toute employée modèle chaque soir, elle faisait un rapport détaillé sur sa journée à la Mère Supérieure. Et invariablement j’étais en bonne place à cause de mon indiscipline et ma soi-disante incorrection. Et invariablement ma mère était convoquée seule dans le bureau de la Mère Supérieure qui se plaignait de mes frasques. Et invariablement ma mère tenant compte des dires ma foi exacts de la religieuse, tous les soirs à mon retour me flanquait une correction magistrale avec la boucle de sa ceinture. Et moi invariablement je subissais ses coups de ceinturon, sans mots qui vaillent et gardais tout ce qui aurait pu faire changer la situation en ma faveur, à l’intérieur. Secrète je l’ai toujours été, et le resterais jusqu’à ma mort.
P a g e|2 Un jour où j’étais seule dans le hall d’entrée, trouvant que l’entretien s’éternisait, ce qui n’était pas bon augure pour moi, je n’ai pas trouvé mieux à faire que de sortir pour retourner toute seule à la maison. Qu’est-ce que je n’avais pas fait ? Indirectement, j’ai mis ce soir là, de l’eau dans le moulin de mes détractrices et prouvais que j’étais bien le petit monstre elles décrivaient toutes 2. Ma mère dans tous ses états me rattrapa 300 m plus loin, me donna une fessée d’enfer qui n’avait rien en commun avec celle que je reçu ce soir là. Chaque fois que maman avait peur à l’occasion d’une de mes bêtises, qu’elle soit insignifiante ou non, cela se terminait immanquablement par une correction. Cela aurait pu continuer tout mon CE1 et peut-être plus loin, sans intervention, après 3 mois de souffrance, de mon Ange Gardien qui s’appelait Lisette. Mais en dépit de son aide providentielle, le mal était déjà fait. Lisette était une de mes camarades de classe qui s’était rendu compte malgré son âge de l’injustice de l’institutrice envers moi. Car non contente, de faire chaque soir son compte rendu, elle m’infligeait ce que je nommerais des sévices. Pour que j’écrive de la main droite elle m’attachait, la gauche dans le dos, tout en m’interdisant de bouger. Comme cela m’était impossible, pour me punir, elle prenait tout ce qu’avait mis bonne maman pour mes 10H00 et le distribuait à toute la classe. A la récréation je restais dedans à faire des lignes pendant que les autres élèves jouaient. J’avais à peine l’autorisation d’aller aux toilettes. Elle en chronométrait le temps de peur que j’en profite pour m’amuser un peu. Il est vrai que je flânais en y allant. Surtout quand le soleil brillait radieusement. Lisette en a parlé à sa mère, qui un jour nous rencontrant toutes les deux, nous invita chez elle, nous envoyant nous les petites jouer dans la chambre de Lisette. Elle en profita pour tout raconter à maman qui en est tombée des nues. Elle ne m’en parla pas. Mais ma grand-mère a été mise au parfum. De par les échos de la discussion que j’entendais très vaguement dans ma chambre, elle en a été offusquée et outragée. Même plus tard qu’en on en reparlait, elle ne comprenait toujours pas mon mutisme de cette époque. Quelle ne fut pas ma première surprise d’être conviée à participer à l’entretien du soir entre les deux adultes. Sans coup férir et sans attendre la litanie habituelle de la Mère, elle mit les pieds dans le plat sans dire pour autant sa source d’information. Je n’en croyais pas mes oreilles. J’étais de plus en plus stupéfaite, d’autant que je pensais que mon terrible secret était inviolable puisque je croyais en être la seule détentrice. Etant une enfant solitaire, et les autres élèves étant méchantes ou indifférentes à mon sort, je ne comprenais plus rien à la tournure que prenaient les évènements. Comment se pouvait-il ? Comment aurais-je pu penser qu’une des enfants qui me côtoyait avait été sensibilisée par mon calvaire, sans en connaître toute l’ampleur ? Je n’avais pas fait la relation entre l’invitation de la veille et ce que j’étais entrain de regarder et de vivre.
P a g e|3 La réaction de la Supérieure ne se fit pas attendre. Elle me fit venir dans son bureau et commença à m’houspiller m’imputant d’avoir tout révélé à ma mère. Lui répondant non, elle m’accusa de lui mentir et me demanda de venir près d’elle. Une fois proche de lui tendre les doigts pour me les frapper avec une grosse règle en fer. Mama Mia. Jusque là maman n’avait fait qu’observer la scène silencieusement. Elle a vu rouge. Elle avait le droit de vie et de mort sur moi, même quand j’avais 20 ans (véridique), mais malheur à celui qui osait toucher à un seul de mes cheveux en sa présence, une vraie tigresse puissance 100. De plus le comportement plus qu’autoritaire de la religieuse confirmait sans l’ombre d’un doute la version de la maman de Lisette. Elle en a entendu de toutes les couleurs la Mère Supérieure. Le jour d’après, sans une autre forme de procès, je me retrouvais à l‘école communale des filles : Victor Duruy, boulevard Louis Blanc, toujours à Montpellier. Depuis ce jour ma mère s’est promis de réfléchir à deux fois avant de me corriger dans cette démesure. Elle y est parvenue je dirais qu’à moitié. J’ai mis très longtemps à lui pardonner et à lui redonner mon entière confiance. Et quand elle me sortait comme propos la justice, je la contrecarrais en lui remémorant sa propre injustice. Mais rassurez-vous, maintenant ce n’est plus qu’un souvenir anodin qui ne sert que de témoignage. Comme tous ceux que je vous propose aussi durs et terribles qu’ils soient. Car celui là n’est que le premier d’une longue série à venir. A part en de très rares exceptions, je ne me souviens dans mes réminiscences quelles qu’elles soient que celles qui se sont déroulés par une très belle journée ensoleillée. Bien sur, ce qui est étonnant est cette étrange rareté de celles se déroulant en temps de pluies ou par un temps nuageux. A croire que je les ai occultés que pour ne prendre en compte que la lumière et pour me diriger que vers les horizons les plus lumineux. La leçon en est peut-être celle là : Quoiqu’il t’arrive d’obscur, tu auras toujours un éclaircissement pour illuminer ton mal-être. Il faut y croire à fond la caisse. Certes, il y a les opposés, mais il y a surtout les intermédiaires et toutes les nuances qui les accompagnent pour te soutenir et te guider. A toi de reconnaître ceux qui te conviennent, de t’en servir, de les remercier d’être là pour toi. Bien entendu, ce que je dis, est très réaliste et à la foi très symbolique.
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