The Project Gutenberg EBook of Sur les moeurs et usages des Morlaques, appellés Montenegrins, by Alberto FortisThis eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it,give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online atwww.gutenberg.orgTitle: Sur les moeurs et usages des Morlaques, appellés MontenegrinsAuthor: Alberto FortisRelease Date: January 20, 2006 [EBook #17555]Language: French*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK SUR LES MOEURS ET USAGES DES ***Produced by Nikola Smolenski, Mireille Harmelin and the Online Distributed Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net.This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica)LIBRARY OF THE UNIVERSITY OF MICHIGANLETTRE DE M. L'ABBÉ FORTIS À MYLORD COMTE DE BUTE, SUR LES MOEURS ET USAGES DESMORLAQUES, APPELLÉS MONTENEGRINS.À BERNE, CHEZ LA SOCIÉTÉ TYPOGRAPHIQUE. M DCC LXXVIIIMYLORD,Pendant votre séjour parmi nous, vous aurez souvent entendu parler des Morlaques comme d'un peuple féroce,inhumain, stupide, & capable de commettre tous les crimes. Vous me taxerez, peut-être, de témérité, d'avoir dirigé mesvoyages dans un pays habité par une nation semblable?Les habitans[1] des villes maritimes de la Dalmatie, racontent une infinité d'actions cruelles de ce peuple, qui, livré à unerapacité habituelle, s'est porté, souvent, à des ...
Title: Sur les moeurs et usages des Morlaques, appellés Montenegrins Author: Alberto Fortis Release Date: January 20, 2006 [EBook #17555] Language: French
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK SUR LES MOEURS ET USAGES DES ***
Produced by Nikola Smolenski, Mireille Harmelin and the Online Distributed Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net. This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica)
LIBRARY OF THE UNIVERSITY OF MICHIGAN
LETTRE DE M. L'ABBÉ FORTIS À MYLORD COMTE DE BUTE, SUR LES MOEURS ET USAGES DES MORLAQUES, APPELLÉS MONTENEGRINS.
À BERNE, CHEZ LA SOCIÉTÉ TYPOGRAPHIQUE. M DCC LXXVIII
Morlaquescomme d'un peuple féroce, inhumain, stupide, & capable de commettre tous les crimes. Vous me taxerez, peut-être, de témérité, d'avoir dirigé mes voyages dans un pays habité par une nation semblable?
Les habitans[1] des villes maritimes de la Dalmatie, racontent une infinité d'actions cruelles de ce peuple, qui, livré à une rapacité habituelle, s'est porté, souvent, à des excès atroces. Mais ces faits raportés, ou sont d'anciennes dattes, ou, s'il y en a d'arrivés dans des tems plus modernes, les circonstances prouvent qu'il faut les attribuer plutôt à la corruption de quelques individus, qu'au mauvais caractère de la nation en général. Dans les dernières guerres contre lesTurcs, les Morlaqueset avoir donné, après la paix, quelquespeuvent avoir pris l'habitude de voler et d'assassiner impunément, tristes exemples de cruauté et d'un naturel féroce. Mais quelles troupes, revenues d'une guerre, qui semble autoriser toutes les violences contre un ennemi, n'ont pas peuplé les forêts et les grand chemins de voleurs et de meurtriers? Je crois devoir une apologie à une nation, qui m'a fait un si bon accueil, et qui m'a traité avec tant d'humanité. À cet effet, je n'ai qu'à raconter sincèrement ce que j'ai observé de ses moeurs et de ses usages. Mon récit doit paroître d'autant plus impartial, que les voyageurs ne sont que trop enclins à grossir les dangers, qu'ils ont courus dans les pays qui ont fait l'objet de leurs recherches.
[Note 1: l'orthographe et la ponctuation propres au manuscrit original sont conservées dans la présente édition.]
MYLORD,
§. I. De l'origine des MORLAQUES.
L'origine desMorlaques, répandus aujourd'hui dans les vallées riantes deKotar; le long des rivieres deKerka, de Cettina, deNaventa, & dans les montagnes de laDalmatie intérieure[2], est envelopée dans la nuit obscure des siècles barbares. Il en est de même à l'égard de celle de plusieurs peuples, qui, à cause de leur ressemblance avec les Morlaquesdans la langue & dans les Moeurs, paroissent composer une seule nation, étendue depuis le Golfe de Venise jusqu'à la mer Glaciale. Les émigrations des différentes tribus des peuplesSlaves, qui sous le nom deScythes, deGetes, deGoths, deHuns, deSlavini, deCroates, d'Avares, deVandales, ont inondé les provinces Romaines du tems de la décadence de l'Empire, ont vu troubler étrangement la généalogie des nations qui dans des siècles plus reculés, se sont emparées peut-être des mêmes pays de la même manière[3]. Les restes desArdiées, desAutariates, & des autres peuples Illiriens, anciennement établis, en Dalmatie & toujours impatiens du joug des Romains, se seront joints volontairement à ces conquérans étrangers dont la langue, & les moeurs ressembloient si fort à celles du peuple conquis[4]. Au commencement du treiziéme siècle, lesTartareschasserentBelaIV, Roi de Hongrie, qui se réfugia dans les isles de Dalmatie. Il est probable que plusieurs familles de ce peuple se fixérent, à cette occasion, dans les vallées désertes des montagnes & produisirent ces germes deCalmouks, qu'on voit encore s'y déveloper, principalement dans le comté deZara. [Note 2: Le pays habité par les Morlaques s'étend beaucoup plus loin vers la Grèce, l'Allemagne, & la Hongrie. Il ne s'agit ici que de la partie que l'auteur a parcourue.] [Note 3: L'auteur compte parmi ces branches prétendues desSlaves, des peuples d'une origine très différente.Scythes paroit avoir été un nom générique, donné par les Grècs, à toutes les nations du nord de l'Asie & de l'Europe orientale. Ce que nous savons desGoths& deHuns, nous prouve clairement qu'ils n'ont pas été d'extractionEsclavone. Remarque du Trad.] [Note 4: On ne peut pas douter de l'existence de la langueEsclavoneenIllirie, déjà du tems de la république Romaine. Les noms des villes, des rivières, des montagnes, des peuples, de ces contrées, conservés par les auteurs Grècs & Latins, sont visiblementEsclavons.Promona,Alvona,Senia,Jadera,Rataneum,Stlupy,Uscana,Bilazora,Zagora, Tristolus,Ciabrus,Ochra,Carpatius,Pleuratus,Agron,Teuca,Dardani,Triballi,Græbai,Pirusiæ, & tant d'autres mots, qui se trouvent dans les historiens & les géographes anciens, le prouvent assez. On pourroit ajouter encore un grand nombre de noms de racineEsclavone, qu'on rencontre enIlliriedans des inscriptions, dressées du tems des premiers Empereurs.] On ne peut pas faire grande attention au sentiment deMaginy, qui dérive de l'Épire& lesUscoques& lesMorlaques. Le dialecte de ces peuples a cependant plus d'affinité avec celui desRasciens, & desBulgares, qu'avec celui des Albanois. Suposé même que lesMorlaquesde la Dalmatie Vénitienne fussent sortis, en partie de l'Albanie, il seroit toujours question de savoir d'où ils sont venus pour se transplanter autrefois dans ce dernier pays? Cet auteur fait d'ailleurs une nation séparée desHaiduckspar la signification de leur nom, n'ont jamais, qui, comme on peut juger formé un peuple[5]. [Note 5:Haiduck, signifie originairement un chef de parti, ou, comme enTransylvanie, un chef de famille. En Dalmatie on se sert de ce mot pour désigner un criminel, un fugitif, un assasin ou un voleur de grand chemin.]