Les morts commandent
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Description

Extrait : Febrer, en passant devant ces richesses, héritées des ancêtres, leur jeta un ironique regard. Aujourd'hui, plus rien de tout cela ne lui appartenait. Il y avait déjà plus d'un an que toutes les tapisseries étaient devenues la propriété de certains usuriers de Palma, qui toutefois avaient consenti à les laisser pour quelque temps encore, accrochées à leur place. Elles y attendaient la venue de quelque riche amateur, qui les paierait plus largement en croyant les acheter à leur propriétaire. Jaime n'en était plus que le dépositaire, menacé de la prison, s'il s'en montrait infidèle gardien.

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Publié par
Nombre de lectures 39
EAN13 9782824712666
Licence : Libre de droits
Langue Français

Extrait

V ICEN T E BLASCO-I BAN EZ
LES MORTS
COMMAN DEN T
BI BEBO O KV ICEN T E BLASCO-I BAN EZ
LES MORTS
COMMAN DEN T
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1266-6
BI BEBO OK
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Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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compris à Bib eb o ok.Pr emièr e p artie
1CHAP I T RE I
 F  le va à neuf heur es du matin. Mado Antonia[ ¹ ], qui
l’avait v u naîtr e , ser vante pleine de r esp e ct p our son illustr e fa-J mille , se contentait d’aller et de v enir depuis une heur e dans la
chambr e , p our tâcher de l’é v eiller . Jug e ant insuffisante la lumièr e qui p
énétrait p ar l’imp oste d’une lar g e fenêtr e , elle ouv rit les vantaux de b ois
v er moulu où les vitr es manquaient. Puis elle tira les ride aux de damas
r oug e , g alonné d’ or , qui, en for me de tente , env elopp aient le vaste lit,
antique et majestueux, où avaient v u le jour , s’étaient r epr o duites et éteintes,
plusieur s g énérations de Febr er .
La v eille , en r entrant du cer cle , Jaime avait instamment r e commandé à
Mado Antonia de le ré v eiller de b onne heur e , car il était invité à déjeuner
à V alldemosa. Allons, deb out !
C’était une splendide matiné e de printemps. D ans le jardin, les
oise aux p épiaient en chœur , sur les branches fleuries, balancé es p ar brise ,
qui v enait de la mer v oisine , p ar-dessus le mur .
2Les morts commandent Chapitr e I
La domestique , v o yant que monsieur s’était enfin dé cidé à quier le
lit, se dirig e a v er s la cuisine . Jaime Febr er se mit à cir culer dans la piè ce ,
de vant la fenêtr e ouv erte , que p artag e ait en deux p arties une mince
colonnee .
Il s’était endor mi tard, inquiet et ner v eux, en song e ant à l’imp ortance
de la démar che qu’il allait entr epr endr e le lendemain matin. Pour se couer
la tor p eur que laisse un sommeil tr op court, il r e cher cha avidement la
ré confortante car esse de l’ e au fr oide . En se lavant dans sa p auv r e p etite
cuv ee d’étudiant, Febr er jeta sur elle un r eg ard plein de tristesse . elle
misèr e ! Il manquait des commo dités les plus r udimentair es, dans cee
demeur e seigneuriale . La p auv r eté se manifestait à chaque p as dans ces
salons, dont l’asp e ct rapp elait à Jaime les splendides dé cor s qu’il avait v us
dans certains théâtr es, au cour s de ses v o yag es à trav er s l’Eur op e .
Comme s’il était un étrang er , entrant p our la pr emièr e fois dans sa
chambr e à coucher , Febr er admira cee piè ce monumentale au plafond
éle vé . Ses puissants aïeux avaient constr uit p our des g é ants. Chacune des
salles était aussi vaste qu’une maison mo der ne . T outes les baies de l’é
difice manquaient de vitr es, et l’ on était contraint, cet hiv er , de tenir tous les
vantaux fer més, ce qui ne p er meait à la lumièr e de p énétr er que p ar les
imp ostes, dont les car r e aux fendus étaient obscur cis p ar le temps.
L’absence de tapis laissait à dé couv ert le car r elag e en pier r e siliceuse et tendr e
de Major que , dé coup é e en fins r e ctangles, comme des lames de p ar quet.
Les plafonds laissaient encor e ap er ce v oir l’antique splendeur des
caissons, les uns de b ois sombr e , ing énieusement assemblés, les autr es de vieil
or mat, où se détachaient les ar moiries de la famille . Les mur s, très hauts,
simplement blanchis à la chaux, disp araissaient dans certaines piè ces,
sous des files de table aux anciens, ou sous les plis de somptueuses
tentur es aux viv es couleur s, que le temps ne p ouvait effacer .
La chambr e à coucher de Jaime était or né e de huit grandes tapisseries,
r eprésentant des jardins, de longues allé es b ordé es d’arbr es au feuillag e
automnal, ab outissant à des r onds-p oints, où g ambadaient des biches, où
l’ e au tombait g oue à g oue dans de triples vasques. A u-dessus des p ortes
étaient accr o chés de vieux table aux italiens d’une miè v r erie fade , où des
enfants aux chair s ambré es, jouaient av e c des agne aux.
L’ar cade qui sép arait l’alcô v e de la chambr e avait grand air , av e c
3Les morts commandent Chapitr e I
ses colonnes cannelé es, soutenant un plein cintr e de feuillag e sculpté ,
d’un or pâle et discr et, comme les or nements d’un autel. Sur u ne table
du X V I I I ᵉ siè cle , on v o yait une statuee p oly chr ome de saint Ge or g es à
che val, piétinant les Maur es. P lus loin, le lit, vénérable monument de
famille . elques fauteuils anciens aux bras incur vés, dont le v elour s r oug e ,
éraillé et p elé , laissait v oir la blancheur de la trame , v oisinaient av e c des
chaises de p aille et un lavab o de p auv r e . « Ah ! la misèr e ! » p ensa der
echef l’héritier des Febr er , p ossesseur du majorat. La demeur e ancestrale ,
av e c ses b elles fenêtr es sans vitr es, ses salons, tendus de haute lice et
dép our v us de tapis, ses pré cieuses antiquités mêlé es aux meubles les plus
misérables, lui faisait l’ effet d’un prince r uiné , se p arant encor e d’un
mante au somptueux et d’une cour onne glorieuse , mais n’ayant plus ni ling e
ni chaussur es.
Lui-même n’était-il p as semblable à ce p alais, env elopp e imp osante et
vide , sous laquelle brillaient jadis la gloir e et la richesse de ses aïeux ? Les
Febr er , mar chands ou soldats, avaient tous été navig ateur s. Leur s ar mes
avaient ondulé sous la brise , br o dé es sur les flammes ou les p avillons
de plus de cinquante v oilier s, les plus rapides de la marine major quine ,
qui allaient v endr e l’huile des Balé ar es à Ale x andrie , embar quaient des
épices, des soies et des p arfums d’Orient aux Échelles du Le vant,
trafiquaient av e c V enise , Pise et Gênes, ou, franchissant les Colonnes
d’Hercule , s’ enfonçaient dans les br umeuses mer s du Nord, p our p orter dans
les F landr es et les Républiques hansé atiques, les faïences des Morisques
valenciens, nommé es Maïoliques p ar les étrang er s, p ar ce qu’ elles pr o v
enaient de Major que . Ces p er p étuelles randonné es à trav er s des mer s
infesté es de pirates, avaient fait de cee famille de riches mar chands, une
tribu de vaillants soldats.
Les Febr

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