La paix du ménage
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Description

1829. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome I. Premier volume de l'édition Furne 1842. Au cours d'un grand bal, une belle inconnue attire les regards de deux jeunes séducteurs. Dans des jeux de salon, les intrigues se font et se défont tandis qu'une bague de grande valeur change à plusieurs reprises de propriétaire. Extrait : Cette railleuse accumulation de consonnes servit de réponse à la provocation du général que son ami toisa plaisamment avant de le quitter. La mode de ce temps obligeait un homme à porter au bal une culotte de casimir blanc et des bas de soie. Ce joli costume mettait en relief la perfection des formes de Montcornet, alors âgé de trente-cinq ans et qui attirait le regard par cette haute taille exigée pour les cuirassiers de la garde impériale dont le bel uniforme rehaussait encore sa prestance, encore jeune malgré l’embonpoint qu’il devait à l’équitation. Ses moustaches noires ajoutaient à l’expression franche d’un visage vraiment militaire dont le front était large et découvert, le nez aquilin et la bouche vermeille. Les manières de Montcornet, empreintes d’une certaine noblesse due à l’habitude du commandement, pouvaient plaire à une femme qui aurait eu le bon esprit de ne pas vouloir faire un esclave de son mari. Le colonel sourit en regardant le maître des requêtes, l’un de ses meilleurs amis de collége, et dont la petite taille svelte l’obligea, pour répondre à sa moquerie, de porter un peu bas son coup d’œil amical.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 46
EAN13 9782824709956
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LA P AIX DU MÉNA GE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LA P AIX DU MÉNA GE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0995-6
BI BEBO OK
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DÉDI É A MA CH ÈRE N I ÈCE, V ALEN T I N E SU RV I LLE.
’      cee Scène se p assa v er s la fin du mois
de no v embr e 1809, moment où le fugitif empir e de Nap olé onL aeignit à l’ap og é e de sa splendeur . Les fanfar es de la victoir e de
W agram r etentissaient encor e au cœur de la monar chie autrichienne . La
p aix se signait entr e la France et la Co alition. Les r ois et les princes vinr ent
alor s, comme des astr es, accomplir leur s é v olutions autour de Nap olé on
qui se donna le plaisir d’ entraîner l’Eur op e à sa suite , magnifique essai de
la puissance qu’il déplo ya plus tard à Dr esde .
Jamais, au dir e des contemp orains, Paris ne vit de plus b elles fêtes que
celles qui pré cé dèr ent et suivir ent le mariag e de ce souv erain av e c une
archiduchesse d’ A utriche  ; jamais aux plus grands jour s de l’ancienne
monar chie autant de têtes cour onné es ne se pr essèr ent sur les riv es de la
Seine , et jamais l’aristo cratie française ne fut aussi riche ni aussi brillante
qu’alor s. Les diamants rép andus à pr ofusion sur les p ar ur es, les br o
deries d’ or et d’ar g ent des unifor mes contrastaient si bien av e c l’indig ence
républicaine , qu’il semblait v oir les richesses du glob e r oulant dans les
1La p aix du ménag e Chapitr e
salons de Paris. Une iv r esse g énérale avait comme saisi cet empir e d’un
jour . T ous les militair es, sans en e x cepter leur chef, jouissaient en p
arv enus des trésor s conquis p ar un million d’hommes à ép aulees de laine
dont les e xig ences étaient satisfaites av e c quelques aunes de r uban r oug e .
A cee ép o que , la plup art des femmes affichaient cee aisance de mœur s
et ce r elâchement de morale qui signalèr ent le règne de Louis X V . Soit
p our imiter le ton de la monar chie é cr oulé e , soit que certains membr es
de la famille imp ériale eussent donné l’ e x emple , ainsi que le prétendaient
les fr ondeur s du faub our g Saint-Ger main, il est certain que , hommes et
femmes, tous se pré cipitaient dans le plaisir av e c une intrépidité qui
semblait présag er la fin du monde . Mais il e xistait alor s une autr e raison de
cee licence . L’ eng ouement des femmes p our les militair es de vint comme
une frénésie et concorda tr op bien aux v ues de l’ emp er eur , p our qu’il y
mît un fr ein. Les fré quentes prises d’ar mes qui fir ent r essembler tous les
traités conclus entr e l’Eur op e et Nap olé on à des ar mistices, e xp osaient
les p assions à des dénoûments aussi rapides que les dé cisions du chef
suprême de ces k olbacs, de ces dolmans et de ces aiguillees qui plur ent
tant au b e au se x e . Les cœur s fur ent donc alor s nomades comme les
régiments. D’un pr emier à un cinquième bulletin de la Grande- Ar mé e , une
femme p ouvait êtr e successiv ement amante , ép ouse , mèr e et v euv e .
Étaitce la p er sp e ctiv e d’un pr o chain v euvag e , celle d’une dotation, ou l’ esp oir
de p orter un nom pr omis à l’Histoir e , qui r endir ent les militair es si
séduisants  ? Les femmes fur ent-elles entraîné es v er s eux p ar la certitude
que le se cr et de leur s p assions serait enter ré sur les champs de bataille ,
ou doit-on cher cher la cause de ce doux fanatisme dans le noble arait
que le courag e a p our elles  ? p eut-êtr e ces raisons, que l’historien futur
des mœur s imp ériales s’amusera sans doute à p eser , entraient-elles toutes
p our quelque chose dans leur facile pr omptitude à se liv r er aux amour s.
oi qu’il en puisse êtr e , av ouons-le-nous ici  : les laurier s couv rir ent
alor s bien des fautes, les femmes r e cher chèr ent av e c ardeur ces hardis
av enturier s qui leur p araissaient de véritables sour ces d’honneur s, de
richesses ou de plaisir s, et aux y eux des jeunes filles une ép aulee cet hiér
ogly phe futur , signifia b onheur et lib erté . Un trait de cee ép o que unique
dans nos annales et qui la caractérise , fut une p assion effréné e p our tout
ce qui brillait  : jamais on ne donna tant de feux d’artifice , jamais le
dia2La p aix du ménag e Chapitr e
mant n’aeignit à une si grande valeur . Les hommes aussi avides que les
femmes de ces cailloux blancs s’ en p araient comme elles. Peut-êtr e l’
oblig ation de mer e le butin sous la for me la plus facile à transp orter mit-elle
les jo yaux en honneur dans l’ar mé e . Un homme n’était p as aussi ridicule
qu’il le serait aujourd’hui, quand le jab ot de sa chemise ou ses doigts
offraient aux r eg ards de gr os diamants. Murat, homme tout oriental, donna
l’ e x emple d’un lux e absurde chez les militair es mo der nes.
Le comte de Gondr e ville , l’un des Lucullus de ce Sénat Conser vateur
qui ne conser va rien, n’avait r etardé sa fête en l’honneur de la p aix que
p our mieux fair e sa cour à Nap olé on en s’ effor çant d’é clipser les flaeur s
p ar lesquels il avait été pré v enu. Les ambassadeur s de toutes les
puissances amies de la France sous bénéfice d’inv entair e , les p er sonnag es les
plus imp ortants de l’Empir e , quelques princes même , étaient en ce
moment réunis dans les salons de l’ opulent sénateur . La danse languissait,
chacun aendait l’ emp er eur dont la présence était pr omise p ar le comte .
Nap olé on aurait tenu p ar ole sans la scène qui é clata le soir même entr e
Joséphine et lui, scène qui ré véla le pr o chain div or ce de ces augustes ép oux.
La nouv elle de cee av entur e , alor s tenue fort se crète , mais que l’histoir e
r e cueillait, ne p ar vint p as aux or eilles des courtisans, et n’influa p as
autr ement que p ar l’absence de Nap olé on sur la g aieté de la fête du comte
de Gondr e ville . Les plus jolies femmes de Paris, empr essé es de se r endr e
chez lui sur la foi du ouï-dir e , y faisaient en ce moment assaut de lux e ,
de co queerie , de p ar ur e et de b e auté . Or gueilleuse de ses richesses, la
banque y défiait ces é clatants g énéraux et ces grands-officier s de l’
empir e nouv ellement g or g és de cr oix, de titr es et de dé corations. Ces grands
bals étaient toujour s des o ccasions saisies p ar de riches familles p our y
pr o duir e leur s héritièr es aux y eux des prétoriens de Nap olé on, dans le fol
esp oir d’é chang er leur s magnifiques dots contr e une fav eur incertaine .
Les femmes qui se cr o yaient assez fortes de leur seule b e auté v enaient en
essay er le p ouv oir . Là , comme ailleur s, le plaisir n’était qu’un masque . Les
visag es ser eins et riants, les fr onts calmes y couv raient d’ o dieux calculs  ;
les témoignag es d’amitié mentaient, et plus d’un p er sonnag e se défiait
moins de ses ennemis que de ses amis. Ces obser vations étaient né
cessair es p our e xpliquer les é vénements du p etit imbr oglio , sujet de cee
Scène , et la p eintur e , quelque adoucie qu’ elle soit, du ton qui régnait alor s
3La p aix du ménag e Chapitr e
dans les salons de Paris.
―  T our nez un p eu les y eux v er s cee colonne brisé e qui supp orte un
candélabr e , ap er ce

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