Des mouvements, des objets qu’on déplaçait sans doute quelque part derrière les parois du cabinet, ou du couloir adjacent, attirèrent brusquement son attention. Laurence leva le nez de sa lecture. Aux bruits vagues succédaient l’écho de voix et plus précisément d’une dispute. Deux personnes, un homme et une femme mais pour quel cinéma personnel ? Au fait, cela venait du cabinet lui-même. Le praticien et la cliente échangeaient des répliques hargneuses, dont le volume allait crescendo, sans pourtant qu’on puisse comprendre leurs propos. Comme non seulement l’altercation ne semblait pas se calmer, mais bien au contraire gagner en violence, Laurence se leva et, sans trop savoir si elle allait intervenir ou seulement tâcher de suivre ce qui se passait, s’approcha du battant fermé. Ce dernier s’ouvrit brusquement, la jeune femme jaillit de la pièce, les cheveux ébouriffés et l’œil ailleurs. Son corsage était à moitié déboutonné, ses sous-vêtements tachés de sang. Dans la main gauche elle tenait un instrument sanglant, que Laurence identifia comme un bistouri. Elle pénétra dans la pièce. Cerf gisait au sol, contre la table d’examen. Sa gorge béait, et du sang continuait d’en couler. Ses lunettes étaient tombées par terre, les branches désarticulées, dévoilant ses yeux où absurdement Laurence s’étonna de ne plus voir l’éclat dominateur qu’elle connaissait si bien.
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