Les RustiquesLouis PergaudUn sauvetageIls avaient joué à des jeux divers : aux billes d’abord, mais comme Camus et Lebracavaient perdu beaucoup et qu’ils étaient, autant dire pannés puisqu’il ne leur enrestait plus que deux ou trois à chacun, on ne put continuer. Alors on joua auxvoleurs : Camus et Lebrac, ainsi que Tintin, furent les gendarmes, alors que Boulot,qui avait gagné douze billes, Tétas, qui en avait gagné huit, et Grangibus, quin’avait « rien fait », devaient représenter les voleurs.Sous le porche de l’église qui simulait une maison, des cailloux qui figuraient destrésors ou des lapins, on ne sut jamais, furent disposés en tas ; ensuite de quoi, lestrois gendarmes s’éloignèrent vers la droite et les trois voleurs se retirèrent vers lagauche.Dès que les cognes eurent disparu au premier contour, Boulot, Tétas et Grangibus,en se rasant, revinrent à l’église pour emplir leurs poches de butin, tandis que lestrois gendarmes, frisant d’imaginaires moustaches, s’amenaient à leur tour en sedandinant et en flairant le vent comme trois renards.— Brigadier, vous avez raison, dit Lebrac à Camus qui n’avait pourtant émisaucune idée. Il me semble que ça bouge par là-bas et ça n’est pas naturel.— C’est des voleurs, conclut Tintin. En avant !— Ah, tas de salauds, attendez ! s’exclama le trio en s’élançant.Les trois voleurs, les poches alourdies de cailloux, prirent la fuite aussitôt, tout endonnant les signes les plus manifestes d’une vive terreur.La ...
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