Alice McDermott SOMEONE roman Traduit de l’anglais (États-Unis) par Cécile Arnaud Quai Voltaire P R E M I È R EP A R T I E egeen chehabrevenait du métro dans la lumière du soir. Elle portait son beau manteau de mi-saison caPmbrure de ses grands pieds et un chapeau beige dont bleu pastel, des chaussures noires qui couvraient la la calotte s’ornait de quelque chose de plus sombre : une ou deux plumes marron. Elle avait les épaules légèrement asymétriques et chaloupait comme une bossue. Une mèche de cheveux noirs, échappée de son chignon, retombait toujours contre sa joue et jusqu’à son épaule. Son sac à main, qu’elle tenait du bout des doigts, pendait le long de sa jambe, ce qui lui donnait un air indolent et fatigué, alors qu’elle avançait assez vite sur le trottoir gris qui la menait du métro jusqu’à chez elle, au rez-dechaussée et au sous-sol de la maison voisine. J’étais sur le perron de ma propre maison, où j’attendais mon père. Pegeen s’arrêta pour me dire bonjour. Ce n’était pas une très jolie fille : des yeux trop étroits et une mâchoire trop large, des dents de travers, des sourcils broussailleux et une ombre de moustache. Elle avait hérité les épais cheveux noirs de son père syrien, ainsi que les rougeurs permanentes, juste sous sa peau claire, des pommettes de sa mère irlandaise. Après avoir terminé son apprentissage cette année-là, elle avait trouvé un emploi dans le sud de Manhattan, mais elle me dit qu’elle n’aimait pas les gens là-bas.
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