Phénixmag nouvelles : neige
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Description

Fred Audams : l’Azur noir - Nicolas Bally : comme une coquille d’oeuf - Frédéric Burian : l’Erreur H - Gilles Bizien : Escapade
Jean Effer : Pour Mémoire - Pierre Leclerc : Requiem - Aurélie Ligier : De Sérac à Névé - Bertrand Sjenick : le Dieu du froid - Timothée Rey : Naseaux fumants

Informations

Publié par
Publié le 19 mars 2011
Nombre de lectures 170
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

NEIGE Fred Audams Nicolas Bally Gilles Bizien Frédéric Burian Jean Effer Pierre Leclerc Aurélie Ligier Timothée Rey Bertrand Sjenik Spécial SPECIAL NEIGE Phénix Mag Nouvelles «Neige» janvier 2009 1 SPECIAL NEIGE 2 Gilles Bizien Escapade SOMMAIRE 5 9 17 Fred Audams L’Azur Noir Illustré par Emmanuelle Nuncq Pierre Leclerc Requiem L’ h i v e r nous gâte cette année. Un temps à rester bien au chaud, emmitoufflé dans une grosse couverture en buvant un bon chocolat chaud, et accompagné d’un excellent bouquin. Alors, nous avons eu l’idée de concocter un sommaire digne de la saison... Au menu, dix nouvelles pour vous réchauffer le coeur et l’esprit. Alors, ne vous gênez surtout pas, lisez, lisez, et lisez encore, et faites-nous part de vos avis. Bonne année 2009 à toutes et à tous. Marc Bailly EDITO SPECIAL NEIGE Nicolas Bally Comme une coquille d’oeuf Illustré par Emmanuelle Nuncq et Michèle Bigot 19 25 29 35 39 45 Jean Effer Pour Mémoire Bertrand Sjenik Le Dieu du froid Frédéric Burian L’Erreur H Aurélie Ligier De Sérac à Névé Timothée Rey Naseaux Fumants Le prochain numero N°9 Azulay Nicolas Benard Claire de Viron Freddy François Jacques Fuentealba Vincent Glasmacher Joby Gulzar Michel Lamart Hervé Martin Nicolas Preston Jimmy Sabater Patrick S. Vast Joël Verbauwhede Phénix Mag Nouvelles spécial «Neige», janvier 2009. 3, rue des champs - 4287 Racour - Belgique. http://www.phenixweb.net - bailly.phenix@skynet.be. Directeur de publication et rédacteur en chef : Marc Bailly Ont collaboré : Fred Audams, Nicolas Bally, Michèle Bigot, Gilles Bizien, Frédéric Burian, Véronique De Laet, Jean Effer, Pierre Leclerc, Aurélie Ligier, Emmanuelle Nuncq, Timothée Rey, Bertrand Sjenick. Les textes et dessins restent la propriété de leurs auteurs. 3 SPECIAL NEIGE 4 SPECIAL NEIGE gilles bizien Escapade Gilles Bizien est né le 27 octobre 1970 à Harfleur (76). Il écrit et peint depuis son plus jeune âge. La création prend une grande part dans sa vie mais il aime aussi la mer, sentir le sable humide sous ses pieds, deviner des étoiles derrière l’horizon, voyager par les êtres, échanger, contempler les mondes passés, présents et à venir. Bibliographie: En revue: Poésie Première, Décharge, An Amzer, Mortibus, Géante Rouge, Le Capital des Mots, Comme en Poésie, Brèves Littéraires, Temporel, et d’autres... Aux éditions Chloé des Lys: Néantes, recueil de poèmes. Sur Pitbook.com: Avant-île, recueil de poèmes. Aux éditions Poiêtês: Rouge Totem, recueil de poèmes. Les Cahiers de Poésie 2, recueil collectif. Les Cahiers de Poésie 3, recueil collectif. Aux éditions Sombre Bohème: Kelig ar gwilh changeait la mer, nouvelle. Son blog: http://gilles.bizien.over-blog.com/ 22 5 SPECIAL NEIGE Zaron et Murdock sursautèrent en même temps. Malgré la surdité quasi-totale qui ravageait son audition, Murdock perçut quand même le bruit de l’explosion qui pulvérisa la baie vitrée à vingt mètres de lui. Définitivement, à en croire sa bouche ronde et stupéfaite, l’explosion fit roussir le peu de tympan encore en service que Murdock possédait. Des milliers d’éclats de verre diaphanes jonchaient le sol de l’hospice. La neige poudreuse s’engouffrait au travers de la brèche. Des bris de verre triangulaires étoilaient les plaids orange et verts posés sur les genoux des deux vieillards. Le souffle de l’explosion avait ébouriffé les perruques mauves des autres pensionnaires, des femmes pour la plupart. L’intensité de la déflagration avait arraché plusieurs dentiers en alliage textène. Le froid mordant assaillait déjà les pensionnaires. – Je te l’avais dit, fit Zaron, rien que ça, ça valait le coup de ne pas casser sa pipe ! Une alarme trop puissante se mit en route. Un robot aspergeur traversa la pièce et lança un jet de mousse blanchâtre sur toute la surface des murs, anticipant sur un éventuel début d’incendie. Murdock s’épousseta, chassa les morceaux de verre sur ses vêtements. Il en profita pour allumer une cigarette. Le personnel de l’hospice serait trop occupé à faire sortir les gens pour que l’on fasse attention à cette petite entrave au règlement. Il pouvait s’en griller une tranquille sans qu’un infirmier lui arrache sa drogue favorite du bec. Quant à Zaron, il tâta sa poche, son livre s’y trouvait toujours semblait-il, rien de lui était arrivé. Aucun éclat de verre ne l’avait transpercé, n’avait endommagé le livre qu’il chérissait plus que tout autre, en l’occurrence, La métamorphose de Franz Kafka. Pour Zaron, Grégor Samsa était un peu son alter ego, littéraire celui-là. Ce récit étrange paraissait pour Zaron décrire parfaitement son état de décrépitude. – Tu cherches encore ton horrible bouquin, lança Murdock. – Il est comme neuf, increvable. – C’est bien celui qui se transforme en grenouille, un livre sûrement écrit par un Français, non ? – Pas une grenouille, un cancrelat. – Ca change quoi ? – Tout. – Si tu le dis. De toute façon, l’écriture n’a jamais été mon fort, même avec Peter Pan j’ai eu du mal. C’est dingue ce qu’ils peuvent raconter comme sottises dans les bouquins. C’est vrai, quand ce n’est pas un gosse qui vole, c’est une grenouille qui se transforme en charrette, et quand ce n’est pas un voyage au centre de la terre, c’est une invasion extraterrestre. Je me demande si ce n’est pas plutôt une grenouille extraterrestre en voyage au centre de la terre sur une charrette, un truc dans ce goût là. Mais bon, si c’est ce qui te plaît. – Ouais, ça me plaît. – D’après toi, c’est qui cette fois ? Des indépendantistes martiens, une secte émergeante ? Zaron avait toujours été bluffé par la surdité de Murdock. Il n’entendait rien mais cela ne le gênait pas pour converser, ce qui ne manquait jamais de faire sourire Zaron à chaque fois qu’il y pensait. – Des extrémistes écolos, des fanatiques de tous poils, au choix. Tiens, regarde ça, proposa Zaron. Des pompiers en scaphandre rouge bouclaient le périmètre. Les infirmiers sortaient les derniers pensionnaires. D’une pichenette, Murdock lança sa cigarette au travers du trou béant de la baie vitrée. Le point incandescent du mégot disparu, emporté par une bourrasque. Il était encore temps pour les deux acolytes de se faire la belle. Les sciences et les technologies avaient beau avoir fait des progrès conséquents, Zaron et Murdock se traînaient sur d’antiques chars à roulettes. Leurs pensions infimes ne permettaient pas à de pauvres hères comme eux de posséder le dernier cri en matière de fauteuil roulant. L’hospice avait cependant palié à cette carence du système en leur octroyant à chacun une vieille chaise surannée et ridicule montée sur roue, encore plus invalidante en fin de compte. Les roues grinçaient, les dossiers étaient déchirés, depuis longtemps ils ne contenaient plus de mousse ou de rembourrage. Les pieds des deux vieux reposaient sur des grilles de métal aussi laides que des plaques d’égout. Mais ce matériel obsolète, cette fois, ne serait pas un souci pour prendre la clé des champs. Au signal, trompant l’attention des infirmiers et des pompiers, les deux compères s’élancèrent. Ils furent rapidement dans la rue. Ils n’eurent même aucune difficulté à se faufiler, le nombre de personne à évacuer était invraisemblable. Pris par une énergie surnaturelle, un coup de sang improbable, les deux vieillards déboulèrent dans l’artère principale, tels deux météores harnachés sur un siège. Le plus difficile était de se diriger sur le verglas et la neige. – Nous allons nous fracasser ! cria Murdock. – Ouais ! approuva Zaron. Ils se servaient de leurs fauteuils comme d’une luge. Il était préférable pour eux de glisser que d’essayer de rouler. Ayant prit un élan suffisant, de tête-à-queue en tête-à-queue, ils glissaient entre les wags, les sides et les véhicules articulés de toutes sortes. Les cheveux au vent, dévalant les rues en pente, le visage déformé par le froid, ils étaient libres. Ils traversèrent à une vitesse phénoménale le quartier appelé Potiron Street. Le froid les dévorait, les deux vieux se cramponnaient à leurs luges sur roues délirantes. Bientôt, ils quittèrent les rues fréquentées, se râpèrent le crâne sur un arc de cercle en béton sous un tunnel et en un petit vol plané sec, ils atterrirent sur les berges enneigées de la Long Ouest River. Ils ne tardèrent pas à glisser sur la rivière figée par la glace. Hilare Murdock cria : 6 SPECIAL NEIGE – Regarde moi ça, toute cette neige, toute cette glace, cette rivière gelée, rien qu’à nous, c’est pas beau ça ! – T’as raison, gloussa Zaron, c’est drôlement beau. – Y a pas à ergoter, c’est ça la vie au grand air ! – Ben ouais, fit en souriant Zaron, alors que la peau craquelée de ses lèvres, gercées, céda affreusement mais dessina néanmoins une espèce de sourire. – Imagine le temps que nous avons perdu à l’hospice, nous aurions pu vivre au dehors. – Comment aurions nous fait pour vivre au dehors ? Sans un sou ? réussit à dire Zaron, la bouche congelée par le froid. Il avait l’impression de mâcher des clous. – Je ne sais pas, ce n’est pas ce que je voulais dire. – Ah bon, que voulais-tu dire ? – Tu ne t’en doutes pas, gros bêta ? – Ben non. – Ben t’es vraiment un gros bêta alors. Peu importe…Ce que je voulais dire est assez simple. C’est juste que si nous avions vécu à l’extérieur, nous serions été plus vivants, nous aurions véritablement vécu au lieu d’attendre la fin, c’est tout ce que je voulais dire en gros. – Tu n’as sans doute pas tort. – La vie c’est quoi ? Un rayon de soleil, un baiser, du miel sur une tartine, une caresse, la chaleur d’une poitrine féminine, un vent tiède sur une plage, des lumières multicolores comme un bataillon de fourmis dansant sous l’eau noire d’un pont, une parole réconfortante, des jeunes années emplies de joies et d’insouciance, est-ce qu’il faut arriver à notre âge pour s’apercevoir de cela ? S’apercevoir que sans cela ça n’en vaut pas la peine ? – T’es pas un peu fleur bleue sur ce coup-là ? – Ben non, bordel ! La vie c’est
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