Guy de MaupassantLes SabotsBoule de suif, P. Ollendorff, 1907 (pp. 139-146).Les Sabots❦Le vieux curé bredouillait les derniers mots de son sermon au-dessus des bonnetsblancs des paysannes et des cheveux rudes ou pommadés des paysans. Lesgrands paniers des fermières venues de loin pour la messe étaient posés à terre àcôté d’elles ; et la lourde chaleur d’un jour de juillet dégageait de tout le monde uneodeur de bétail, un fumet de troupeau. Les voix des coqs entraient par la grandeporte ouverte, et aussi les meuglements des vaches couchées dans un champvoisin. Parfois un souffle d’air chargé d’arômes des champs s’engouffrait sous leportail et, en soulevant sur son passage les longs rubans des coiffures, il allait fairevaciller sur l’autel les petites flammes jaunes au bout des cierges « … Comme ledésire le bon Dieu. Ainsi soit-il ! » prononçait le prêtre. Puis il se tut, ouvrit un livre etse mit, comme chaque semaine, à recommander à ses ouailles les petites affairesintimes de la commune. C’était un vieux homme à cheveux blancs qui administraitla paroisse depuis bientôt quarante ans, et le prône lui servait pour communiquerfamilièrement avec tout son monde.Il reprit : « Je recommande à vos prières Désiré Vallin, qu’est bien malade et aussila Paumelle qui ne se remet pas vite de ses couches. »Il ne savait plus ; il cherchait les bouts de papier posés dans un bréviaire. Il enretrouva deux enfin, et continua : « Il ne faut pas que les garçons et les ...
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