Guy de MaupassantLes SabotsContes de la bécasse, V. Havard, 1894 (pp. 115-128).À Léon FontaineLe vieux curé bredouillait les derniers mots de son sermon au-dessus des bonnets blancs des paysannes et des cheveux rudes oupommadés des paysans. Les grands paniers des fermières venues de loin pour la messe étaient posés à terre à côté d’elles ; et lalourde chaleur d’un jour de juillet dégageait de tout le monde une odeur de bétail, un fumet de troupeau. Les voix des coqs entraientpar la grande porte ouverte, et aussi les meuglements des vaches couchées dans un champ voisin. Parfois un souffle d’air chargéd’arômes des champs s’engouffrait sous le portail et, en soulevant sur son passage les longs rubans des coiffures, il allait fairevaciller sur l’autel les petites flammes jaunes au bout des cierges… "Comme le désire le bon Dieu. ainsi soit-il !" prononçait le prêtre.Puis il se tut, ouvrit un livre et se mit, comme chaque semaine, à recommander à ses ouailles les petites affaires intimes de lacommune. C’était un vieux homme à cheveux blancs qui administrait la paroisse depuis bientôt quarante ans, et le prône lui servaitpour communiquer familièrement avec tout son monde.Il reprit : "Je recommande à vos prières Désiré Vallin, qu’est bien malade et aussi la Paumelle qui ne se remet pas vite de sescouches".Il ne savait plus ; il cherchait les bouts de papier posés dans un bréviaire. Il en retrouva deux enfin et continua : "Il ne faut pas que lesgarçons et les ...
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