Les deux fesses
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Les deux fesses I - Ils venaient de Khmis Negga, de Ras El Ain, de Youssoufia, de Sidi Tiji et de tous les douars des alentours du petit village de Chemmaia. Ils fuyaient leurs terres et se dirigeaient par centaines vers la ville de Safi, à quatre vingt kilomètres à l’ouest, dans l’espoir de trouver un travail. La sécheresse qui sévissait depuis des décennies leur avait fait perdre le peu de bétail qu’il leur restait. S’appuyant sur un long bâton, Rahou ouvrait cette marche lugubre. Sa longue barbe blanche qui flottait dans l’air, découvrant de temps en temps, la petite croix en bronze qu’il avait accrochée sur son djellaba au niveau de son cœur, ses pas réguliers et bien rythmés laissaient voir une certaine détermination chez cet homme de quatre vingt ans. Moïse conduisant le peuple d’Israël vers la Terre Sainte. Derrière lui, ses compagnons traînaient par petits groupes. Ils étaient exténués de fatigue. Visages sombres, ils avançaient péniblement le long du sentier très accidenté, oubliant, enfin, tous les problèmes qui les opposaient avant cette migration forcée. Sous un soleil accablant, les gémissements des vieillards et les pleurs des petits qui ne supportaient plus la fatigue, venaient troubler, de temps en temps, cette marche tristement silencieuse. II - Après être dépossédés de tous leurs biens par cette nature inhospitalière, beaucoup d’habitants avaient quitté ces lieux depuis des années.

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Publié le 20 juillet 2012
Nombre de lectures 203
Langue Français

Extrait

Les deux fesses
I -
Ils venaient de Khmis Negga, de Ras El Ain, de Youssoufia, de Sidi Tiji et de tous les
douars des alentours du petit village de Chemmaia. Ils fuyaient leurs terres et se dirigeaient
par centaines vers la ville de Safi, à quatre vingt kilomètres à l’ouest, dans l’espoir de trouver
un travail. La sécheresse qui sévissait depuis des décennies leur avait fait perdre le peu de
bétail qu’il leur restait.
S’appuyant sur un long bâton, Rahou ouvrait cette marche lugubre. Sa longue barbe blanche
qui flottait dans l’air, découvrant de temps en temps, la petite croix en bronze qu’il avait
accrochée sur son djellaba au niveau de son cœur, ses pas réguliers et bien rythmés laissaient
voir une certaine détermination chez cet homme de quatre vingt ans.
Moïse conduisant le peuple d’Israël vers la Terre Sainte.
Derrière lui, ses compagnons traînaient par petits groupes. Ils étaient exténués de fatigue.
Visages sombres, ils avançaient péniblement le long du sentier très accidenté, oubliant, enfin,
tous les problèmes qui les opposaient avant cette migration forcée. Sous un soleil accablant,
les gémissements des vieillards et les pleurs des petits qui ne supportaient plus la fatigue,
venaient troubler, de temps en temps, cette marche tristement silencieuse.
II -
Après être dépossédés de tous leurs biens par cette nature inhospitalière, beaucoup
d’habitants avaient quitté ces lieux depuis des années. Seules deux bourgades situées l’une en
face de l’autre, mais sur deux collines opposées avaient résisté à cette sécheresse inhabituelle.
La petite source d’eau qui se trouvait au creux des deux collines avait retardé leur départ sans
toutefois calmer leurs esprits. En effet, ces deux tribus étaient en conflit depuis des
générations à cause du petit filet d’eau qui formait une frontière naturelle entre les deux
belligérants et qui serpentait sur une centaine de mètres avant de disparaître ingurgité par la
terre assoiffée. Chaque tribu accusait l’autre de ne pas respecter le planning d’exploitation de
ce bien très cher. Aussi, la guerre entre ces deux frères ennemis n’avait-elle jamais connu de
répit. Les habitants des deux camps se tenaient, tout le temps, sur leur garde. Gare à celui qui
faisait un faux pas. Avant de prendre une décision quelconque, chaque tribu devait consulter
son conseiller de guerre. On analysait minutieusement le pour et le contre d’une riposte, d’une
défense, d’une attaque ou d’une contre attaque.
Pour cela, la tribu Ouled M’rah avait entièrement confiance en Rahou, un vieil homme
moustachu qui avait fait la campagne d’Indochine avec l’armée française.
Personne n’osait remettre en cause son savoir faire guerrier, eu égard aux innombrables et
brillants exploits qu’il avait réalisés à l’autre bout du monde. N’avait-il pas tué à l’aide de son
kalachnikov, des centaines de soldats aux yeux bridés ? N’avait-il pas fait prisonnier des
milliers d’indochinois ? Que serait la France aujourd’hui sans les valeureux services qu’il lui
avait rendus?
Chaque fois que l’occasion se présentait, Rahou répétait à son auditoire qui n’avait, bien
entendu, aucune idée sur l’évolution du monde et qui avait toujours vécu à l’écart des conflits
mondiaux ne souciant que des problèmes qui se posaient au niveau de l’exploitation de l’eau
de la source:
« Reni Coty, le prizidane de la France, m’a remis en pirsonne citte midaille », et il exhibait
fièrement une minuscule croix en bronze qui avait perdu tout son éclat et que l’ex-soldat
gardait jalousement au fond du capuchon de son djellaba, bien enveloppé dans un petit bout
de tissu tout crasseux.
Personne n’avait jamais compris à quoi pouvait servir ce morceau de métal. Personne n’avait
jamais entendu parler de « Reni Coty ».
Grâce à son expérience et au petit poste de radio qu’il avait ramené avec lui- preuve tangible
qu’il avait bien quitté le pays-, Rahou était devenu l’érudit, le politicien, l’intellectuel de toute
la région, bien qu’il ne sache, comme tous les autres habitants, ni lire ni écrire. Il lui arrivait
même d’analyser méticuleusement la politique française, critiquait acerbement l’hégémonie
américaine et se mettait hors de lui chaque fois qu’il évoquait la misère du continent africain.
Comme ils ne comprenaient rien à ce que disait ce vieux poilu, les habitants croyaient qu’il
délirait à cause des insolations qu’il avait contractées en Asie.
Pourtant, toute sa bourgade le respectait. Elle le vénérait même.
Rahou n’avait pas de famille. Avant d’être enrôlé dans l’armée française, il avait ramené et
épousé une jeune berbère d’une lointaine contrée. Elle était d’une beauté exquise. Ses yeux
bleus, ses longs cheveux roux et sa peau lisse faisaient le bonheur des hommes ; ils rendaient,
par contre, toutes les femmes de la tribu extrêmement malheureuses et surexcitées.
Le couple s’installa dans une vieille cabane un peu à l’écart du hameau. A cette époque,
Rahou était encore jeune. Son corps bien bâti, faisait de lui l’ouvrier le plus recherché dans
toute la région.
Malheureusement le gouvernement français confisqua cet homme robuste à sa tribu et l’enrôla
dans l’armée coloniale.
Il fut emmené, quelques mois après, en extrême Orient, pour tuer des gens qu’il ne connaissait
pas et qu’ils ne lui avaient rien fait de mal.
Restée seule, Itto, sa belle femme, fut alors la cible de toute la junte masculine et féminine de
la bourgade : Les hommes , et à leur tête l’imam (le chef religieux du douar) usaient de tous
leurs moyens pour bénéficier des dernières faveurs de la jeune berbère ; quant aux femmes,
conscientes du danger que représentait « la vipère » -comme elles aimaient la surnommer-
cherchaient par tous les moyens à la faire disparaître du champ de vision des mâles de la tribu.
Aussi, un beau matin, la berbère avait-elle disparu.
Les hommes furent inquiets. Les femmes soulagées.
Personne n’osa poser de questions sur les circonstances de cette mystérieuse disparition.
Lorsque la guerre prit fin en Indochine et que la France n’avait plus besoin de soldats
africains, elle les ramena doucement pour les décharger sans ménagement dans leurs pays
d’origine tout en leur promettant des indemnités qu’ils n’avaient malheureusement n’avaient
jamais touché.
Rahou, que la guerre et le climat de l’Asie de l’Est avaient outrageusement usé, retourna donc
au bercail pour se retrouver au cœur du conflit qui opposait sa tribu à la tribu voisine. Il crut
fermement qu’il était de son devoir de mettre à la disposition de son clan toute l’expérience
qu’il avait acquise en Indochine. Il devint ainsi son conseiller de guerre et oublia très vite la
disparition de la ravissante Ittou
III-
La tribu d’Ouled Berka, par contre, n’avait pas de conseiller de guerre du charisme
de Rahou. Leur force de frappe résidait dans leur union. Avant de prendre une quelconque
décision, tous les membres de ce clan se concertaient, se conseillaient, sans toutefois laisser
filtrer la moindre information sur les stratégies à adopter. Avec le temps, ils étaient devenus
les as de l’attaque éclaire. En effet, toute opération menée contre l’ennemi ne durait
pratiquement jamais plus d’une heure, mais elle était largement suffisante pour causer des
dégâts considérables. Beaucoup de Berkaouis (habitants de Ouled Berka) avaient tenté de
jouer le rôle de leader de la tribu, mais vainement. La devise : « tous le monde peut être
corrompu et plus particulièrement les responsables. » était scrupuleusement respectée.
Aucun habitant ne pouvait se hasarder de l’autre côté du cours d’eau, aucune bête non plus.
Les premiers risquaient d’être violemment rudoyés à coups de bâtons ou de gourdins, les
seconds d’être froidement abattus ou égorgés. Seul Tahar, le fou, avait le privilège de circuler
librement, à moitié nu, sur les deux collines. Il n’appartenait à aucune des deux tribus.
Chaque fois qu’un conflit éclatait entre ces deux tribus, Tahar courait directement vers la
grande place du village et commençait à crier :
« Les poils des deux fesses (faisant allusion aux habitants des deux collines) s’emmêlent une
fois encore à cause de ce sale et visqueux trou ».
Et si on lui demandait plus de précision, il répondait spontanément tout en riant à gorge
déployée : « Il paraît qu’une bestiole était en train de dévorer le duvet qui cernait ce trou de
cul ».
IV-
Avec le temps, la guerre entre les M’rahi et les Berkaoui avait pris d’autres allures et
d’autres élans. On recourait à la propagande pour user les nerfs de l’ennemi. Chaque clan
répandait le plus loin possible de fausses informations sur le camp adverse. Chaque tribu
visait la dignité de l’autre pour la réduire en décombres. Ainsi, on entendait souvent les
M’rahi raconter aux habitants du village de Chemmaia que telle jeune femme Berkaoui,
récemment mariée, fut répudiée parce qu’elle n’était pas vierge. De leur côté Ouled Berka
ripostaient que la femme de tel M’rahi l’avait quitté parce qu’il était impuissant.
La montée en force de nouvelles générations de décideurs dans chacune des deux tribus
bouleversa carrément la guerre classique entre les « deux fesses ». Les jeunes s’avérèrent plus
téméraires et plus belliqueux que leurs aînés. Les campagnes et les opérations devinrent plus
désastreuses. Cette nouvelle situation fit perdre à Rahou tout l’aura dont il jouissait auprès des
habitants de sa tribu. Il quitta, sans gloire, le champ de bataille et s’enferma dans sa cabane.
V -
Le lendemain de la nuit du drame, le tiers de la population des deux tribus se retrouva
dans les locaux de la gendarmerie pour répondre des actes dangereux qu’ils avaient commis.
Le second tiers, souffrant de blessures graves, fut emmené sur des brouettes et des charrettes
au dispensaire du village pour recevoir les premiers soins avant d’être évacué vers la ville de
Marrakech. Quant au reste des habitants des deux tribus, ils avaient fui le lieu des opérations
et se dirigeaient directement vers la ville de Safi dans l’espoir de trouver un travail.
S’appuyant sur son long bâton, Rahou avait pris la fuite parmi les premiers et s’était dirigé,
comme tant d’autres vers la ville de Safi.
Resté seul, Tahar assouvissait joyeusement le désir que lui interdisaient les deux tribus :
Comme un éléphant, il roulait tout nu dans l’eau boueuse de la source.
VI-
La veille de cet exode, un M’rahi mariait sa fille. Pour célébrer cet heureux
événement tout en prouvant à ses ennemis que sa tribu demeurait, aussi bien au niveau
économique qu’au niveau prestigieux, la plus forte et la plus respectée, il avait tué quatre
chèvres et fait appel à trois musiciens et une chanteuse populaire. Celle-ci avait une très belle
voix, de plus, elle avait le don d’exécuter merveilleusement la danse du ventre.
On avait dressé un peu à l’écart des maisons, trois grandes tentes destinées à recevoir les
invités. Deux d’entre elles étaient réservées aux hommes, la troisième aux femmes.
Malheureusement, il n’y avait pas d’électricité. Les autorités communales avaient fait savoir
aux habitants que l’électrification des deux fesses allait coûter la peau des fesses au conseil.
Des bouteilles de gaz vinrent donc éclairer les nuits sombres des deux tribus.
VII-
Cette nuit là, un commando Berkaoui avait décidé de porter un coup dur à
l’ennemi. Munis de gourdins, de couteaux et de sabres, une dizaine de jeunes s’infiltrèrent
dans le camp adverse. En prenant leur position d’attaque dans la pénombre, ils décidèrent de
n’agir que quand tout le monde serait fatigué. Ils suivirent donc calmement le déroulement
des festivités, en n’ayant d’yeux que pour la danseuse qui excitait le public masculin par ses
postures surchargées de messages érotiques. Tels des papillons, on voyait de temps en temps
certains jeunes tournoyer autour de la diva dans l’espoir de frôler une partie de son corps. Les
maris, par contre, se tenaient sagement : De la tente non éclairée, leurs femmes les
surveillaient attentivement, prêtes à déjouer toute manœuvre suspecte.
L’excitation avait atteint même certains membres du commando. Hammouda, le plus costaud
du groupe envahisseur, faisait déjà l’éloge de la danseuse qui continuait à balancer sa croupe
devant son public hypnotisé. Dans un langage on ne peut plus sensuel, il parlait des seins, des
jambes, et des cuisses de la star. On dirait qu’il s’adressait à un groupe d’aveugles qui n’avait
pas la chance d’admirer cette scène. Son discours accéléra la respiration de ses compagnons.
Certains commençaient même à caresser leur bas-ventre, dans l’espoir de jouir … d’un plaisir
plus écumeux.
Quand la musique avait cessé, la chanteuse prit place entre les musiciens et alluma une
cigarette. On distribua des verres de thé aux convives.
La star de la soirée fit appel à un des trois responsables de l’ordre pour lui signifier qu’elle
voulait aller aux toilettes. Le jeune homme parut gêné : il n’avait pas aménagé de place pour
un tel besoin. Après une concertation rapide, on conseilla à la chanteuse d’aller derrière
quelques pierres qui se trouvaient à une cinquantaine de mètres des tentes.
Celle-ci s’engouffra dans le noir.
Hammouda qui surveillait minutieusement les manœuvres du camp adverse, ordonna alors à
ses compagnons de l’attendre et disparut lui aussi dans la direction des tas de pierres.
Quelques instants après, on entendit les cris stridents de la danseuse qui jaillissaient de l’autre
côté de l’amas de pierres et qui s’éloignaient, au fur et à mesure, en direction de la source.
Ce fut la débâcle.
Tous les hommes, armés de bâtons, de haches, de faucilles ou de couteaux se lancèrent à la
poursuite du ravisseur qui parvint à étouffer les cris de sa proie mettant ses poursuivants dans
l’impossibilité de détecter sa situation sur le champ de bataille.
Déçus par ce cuisant revers, et craignant toutes les railleries qui allaient les tourner en dérision
auprès des habitants de Chemmaia, les M’rahis foncèrent directement sur la bourgade des
Ouled Barka et commencèrent à massacrer tout le bétail. Hommes, femmes et enfants furent
sauvagement malmenés. Les cris perçants de douleur et de désespoir semèrent le désarroi
chez les habitants. Seuls quelques rescapés parvinrent à se dissiper dans l’obscurité.
VIII-
Sachant que sa tribu était en train de payer cher cette violation du territoire avec
rapt d’une personne innocente, le reste du commando se dirigea vers ce qui restait des
habitants de la tribu Ouled M’rah. Il n’y trouva que quelques vieilles femmes qui n’avaient
pas participé aux festivités, et qui, malheureusement payèrent pour les absents. En forçant les
portes des chambres à la recherche d’autres coupables, les membres du commando trouvèrent
par hasard la mariée. Bien maquillée et légèrement habillée, elle attendait calmement,
allongée sur un tapis, l’arrivée de son jeune époux.
Ce fut donc cette bande de jeunes, toujours sous l’effet de l’excitation de la danse du ventre,
qui dédommagea la jeune fiancée du retard de son mari.
IX -
Certains rescapés des deux camps parvinrent à rejoindre la gendarmerie et à
l’informer du drame.
Mais le caporal de garde leur fit savoir qu’il ne pouvait rien pour eux étant donné que
l’officier responsable était parti avec sa famille à Marrakech et qu’il avait pris la seule jeep
dont disposait la brigade. Il pria tout le monde d’attendre dans la cour jusqu’au lever du jour.
X-
Vers dix heures du matin, une troupe de badauds s’était formée devant l’entrée
principale de la gendarmerie pour assister au débarquement des héros de la bataille dont les
habits étaient couverts de sang. Trois hommes en uniformes essayèrent tant bien que mal de
faire disperser la foule mais sans succès.
L’unique dispensaire de Chemmaia fut lui aussi envahi par des dizaines de curieux qui avaient
abandonné leur commerce et leur routine ennuyeuse pour venir compter le nombre de blessés.
Les représentants de l’autorité dépêchés sur les lieux des opérations ne purent arrêter aucun
membre du commando. La chanteuse-danseuse et la mariée avaient elles aussi disparues. Ils
en ramenèrent, sur le chariot d’un tracteur, trois vieilles femmes légèrement blessées. Elles
étaient les dernières à quitter la tribu.
. Tahar le fou, tenta de monter, lui aussi, sur le tracteur pour être conduit à la gendarmerie,
mais il fut chassé à coup de bâton. Il parvint tout de même à rejoindre, à pied, le village de
Chemmaia en criant :
« Le pet était tellement fort qu’il a rasé tous les poils des deux fesses. Seule la fiancée a eu de
la chance puisqu’elle a remporté une dizaine de maris. Il paraît qu’elle va les accueillir par
paire dans son lit ».
Et tout nu, il s’engouffra dans une des ruelles étroites du village.
M. LAABALI
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