La mue de Boujelloude ou le récit des inséparables
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Description

La mue de Boujelloud 1 Où le récit des inséparables. Brahim AGHZAF La Mue de Boujelloud Ou le RÉCIT DES INSÉPARABLES! © 2013 – Brahim AGHZAF Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur. 2 Image de couverture : PAYSAGE ITTO_ AZROU ; Brahim AGHZAF SOMMAIRE SOMMAIRE DEDICACE PROLOGUE PREFACE AVANT PROPOS Introduction AU SUJET DE L'AUTEUR OUVERTURE « Ijdad n’Tayri » L'IRRUPTION DU REEL... LE VENDEUR POLYVALENT QU'ELLE ORIGINE...! IL S'APPELLE RABAH RABAH ET SA VOITURE LE REVERS DE LA VIE 20 FEVRIER PLUTOT RAHIM ET SON CADEAU UNE NUIT BLANCHE TIRE A QUATRE EPINGLES UN DINER SOLITAIRE UN LIT PARTICULIER LA PLAINTE UNE NUIT PAS COMME LES AUTRES REACTION ORCHESTREE L'HEUREUX ABAGHOUSSE... ! L'ACTION RAHIM AU ZOO DE TEMARA LA MUE DE BOUJELLOUD ART & IRONIE, ... ! LAÂCHOURA EPILOGUE LEXIQUE DEDICACE À tous ceux qui nous aiment et que nous aimons tant et tant : Ma Femme et mes enfants : Naïma, Nadine, Chadi et Younès, Mon frère unique : Abdelmalek, qui m’avaient tant soutenu et encouragé à aller toujours de l'avant. PROLOGUE « C'est du dedans de lui-même que l'homme fait le monde comme il le voit. » (SHAKESPEARE) « Je suis la lune voilée,... Je suis sourire d'automne,... Je suis arbre sans feuilles.

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Publié le 24 février 2017
Nombre de lectures 12
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

La mue de Boujelloud
1 Où le récit des inséparables .
Brahim AGHZAF
La Mue de Boujelloud Ou le RÉCIT DES INSÉPARABLES! © 2013 – Brahim AGHZAF Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur. 2 Image de couverture : PAYSAGE ITTO _ AZROU ; Brahim AGHZAF
SOMMAIRE SOMMAIRE DEDICACE PROLOGUE PREFACE AVANT PROPOS Introduction AU SUJET DE L'AUTEUR OUVERTURE « Ijdad n’Tayri » L'IRRUPTION DU REEL... LE VENDEUR POLYVALENT QU'ELLE ORIGINE...! IL S'APPELLE RABAH RABAH ET SA VOITURE LE REVERS DE LA VIE 20 FEVRIER PLUTOT RAHIM ET SON CADEAU UNE NUIT BLANCHE TIRE A QUATRE EPINGLES UN DINER SOLITAIRE UN LIT PARTICULIER LA PLAINTE UNE NUIT PAS COMME LES AUTRES REACTION ORCHESTREE L'HEUREUX ABAGHOUSSE... ! L'ACTION RAHIM AU ZOO DE TEMARA LA MUE DE BOUJELLOUD ART & IRONIE, ... ! LAÂCHOURA EPILOGUE LEXIQUE
DEDICACE À tous ceux qui nous aiment et que nous aimons tant et tant : Ma Femme et mes enfants : Naïma, Nadine, Chadi et Younès, Mon frère unique : Abdelmalek, qui m’avaient tant soutenu et encouragé à aller toujours de l'avant.
PROLOGUE
« C'est du dedans de lui-même que l'homme fait le monde comme il le voit. » (SHAKESPEARE) « Je suis la lune voilée,... Je suis sourire d'automne,... Je suis arbre sans feuilles.» Par Ma femme : Naïma Ben M’Barek
PREFACE Souvenirs et récits fictifs par les lieux, les événements, suivi d’un essai : écrit expérimental : premiers jets d’encre : s’exprimer autrement pour ne pas oublier : Les souvenirs comme tels sont délaissés à travers le temps et l’espace. L’écrit est une trace d’un tatouage marquant dont l’empreinte ne sera jamais effacée. C’est une confrontation des énigmes dont le fantastique dévoile des vérités profondes sur l’âme humaine, sans, toutefois, avoir à les nommer : souvenirs, réalité et incursion dans le fantastique.
AVANT PROPOS Tout au long de ce récit, sont mises en exergue : des citations tirées des extraits publiés sur le Net ou des lectures personnelles. Cela paraîtrait trop encombrant ! Voir cette illustration de cette statuette, bas-relief et comprendre l’esprit même de l’expérience d’écrire ce récit. L’inspiration multidimensionnelle.
(Sculpture d’Ash Fraser : méditation) "Comme lorsqu'on laisse la fenêtre ouverte et que l'air entre à sa guise, la méditation est tout ce que l'air apporte, c'est tout ce qu'est le vent. Mais si vous êtes aux aguets, si vous attendez que le vent s'engouffre par la fenêtre parce que vous l'avez ouverte, jamais l'air ne se répandra. Il faut qu'elle soit ouverte par amour, par affection, en toute liberté et non pas dans l'attente de quelque chose. Voilà ce qu'est cet état de beauté, cet état de l'esprit qui voit mais ne demande rien." J. Krishnamurti
Introduction
AU SUJET DE L'AUTEUR Originaire D’Azrou, ville joyeuse du Moyen Atlas, Brahim AGHZAF a, surtout, vécu à Aït Ishaq, depuis sa plus tendre enfance, à partir de l’âge de 6 ans, avec un intermède de quelques 3 années à Lekbab, Hammam Zayane , puis retour au pays natal : Azrou. Avant de regagner les villesMeknès et Fès, pour poursuivre des études anglaises au Lycée Moulay Ismail. Avant de rejoindre l’université Sidi Mohamed ben Abdellah de Fès. Il avait fait ses études secondaires au lycée Abou EL Kacim Azzayani de Khénifra, au Lycée Tarik Ben Zyad d’Azrou, puis, au Lycée Moulay Ismaïl de Meknès. Ayant obtenu son baccalauréat en 1979. Ensuite, l’école des rédacteurs administratifs, en 1986 ; Le C.P.R. 1988, il exerce comme professeur de français au collège Homan EL Fatouaki .Formation continue à l’Ecole Normale Supérieure de Meknès .Il revient à M’Rirt comme professeur du Second cycle, au lycée Oum Rabiaâ.
OUVERTURE
Le pessimisme n'est qu'une longue complainte de notre foie malade. (TAINE) ----------------------------« Rien ne s’accomplit, dans ce monde sans passion ! » HEGEL ----------------------------
4 « Ijdad n’Tayri » Un de ces beaux jours du bon vieux temps; il y avait un jeune couple qui s’était longtemps cherché à travers le temps et l'espace. Il se rencontra par hasard, quelque part, au pays des merveilles. Que de merveilleux moments passèrent, tous les deux ensemble ! Une vie sur une oasis où tout le monde vivait les divers sentiments : Le Bonheur, La Tristesse, Le Savoir, ainsi que tous les autres, l'Amour y compris. Un jour, un rêve bascula Touda et lui prédit, telle une voix céleste que : « les sentiments allaient courir le risque de fuir l’oasis. » Elle prépara, donc, tout ce dont elle pouvait comme moyens possibles et partit à la conquête de l’insolite. L’amour, seul, demeura jusqu'au dernier moment. Quand l’oasis fut sur le point de sombrer, le cœur de Touda eut le secours de son génie imaginaire. Ainsi, commencèrent à jouer leur jeu, l’irruption du réel dans le monde factice, le virtuel et la vie du passé, …! L’éternel passait avant toute forme de sentiments et de sensation. Ainsi, l’amour côtoyait l’éternel et l’accompagnait vers un monde extraordinaire. Ah,...! Amour, je suis tellement triste que j'ai besoin de m’échapper et de fuir cette solitude infernale ! Hina ! Oh Hina ! Quel est ton dîner, pour ce soir ? Et Hina de répondre à son cousin et amant : Mon dîner est de croûtes de pain en miettes Mon sommeil est avec les fillettes. Ce fut un moment d’inspiration. Un Moment de création ! C'est parce que Seul le Temps est capable de comprendre combien l'Amour est important dans la Vie. Les choses se déroulèrent tellement vite. À l’insu de son plein gré, et ce qui était sûr, c’était qu’elle avait manqué d’à-propos, quand on lui présenta l’animal AU PAYSAGE lunaire « ITTO » : région touristique, au nord-ouest d’AZROU,Paysage Itto :touristique site panoramique prêt de la ville d’Azrou -ville natale de son mari- sur la route de Meknès entre Azrou et El Hajeb au cœur du pays des Ait-M’Guild (Moyen Atlas). Itto Laârbi fut une femme de pouvoir et de prestige, très respectée au sein de sa tribu. En vrai chef guerrier, elle mena des batailles contre des tribus voisines à la fin du 19ème siècle et contre les colons français au début du protectorat. Le territoire libéré sous son influence pris ainsi son nom et par la suite les Français ont donné à ce balcon panoramique le nom de « Paysage d’Itto ». Touda aurait dû refuser, dire « non, mon mari ne va pas apprécier ». Mais le vendeur – bien entraîné en marketing, par auto-formation et de par son expérience avec les touristes, en leur vendant les pierres précieuses : roches et minéraux, objets artisanaux de la région Amazigh, ainsi que ces animaux - savait ferrer le client. Peut-être même, voyant débarquer Touda, il s’était frotté les mains. « Ya Allah ! Ya Fattah Ya Razzaq ! » ; « Voilà un pigeon de la pure espèce, Madame, très répandue dans la région, j’en fais mon affaire ». Tout avait commencé quelques jours plus tôt. Touda cherchait un cadeau de La Saint-Valentin et de l’Aâchoura pour Rahim. Cette fête, nouvellement intégrée dans la culture du Bled grâce à Internet et aux nouveaux moyens de communication, coïncida avec la célébration de l’Aâchoura. Un soir, elle s’endormit avec ce projet en tête, se disant que la nuit allait lui
porter conseil, et qu’au petit matin, la solution allait l’attendre au pied du lit. Une seule idée en tête : « Comment concilier la Saint-Valentin et L’Aâchoura ? » 5 D’habitude, à l'Aâchoura , c’était les enfants : garçons et filles qui en bénéficiaient : la fête des jouets ! Aâchoura ! Quelle idée ! Quelle exception,...! Rahim et elle, cela faisait vingt-cinq ans qu’ils étaient ensemble. Déjà, Les années précédentes, elle lui offrait de beaux cadeaux. Mais cette fois, Touda voulait quelque chose de vraiment exceptionnel. Le cadeau unique en son genre et le plus épatant ! L’idée lui était venue, naturellement, sans la moindre complication. Elle avait poussé un ouf de soulagement. Comme toutes les grandes idées, celle-ci, était simple et limpide. Poétique, aussi, avec un merveilleux pouvoir symbolique : rendre leur vie éternelle ! Un couple inséparable ! Toujours jeune ! Touda se souvint d’un film marquant qu’elle avait vu au Nouveau Monde et prit la décision d’offrir à Rahim des oiseaux d’un genre un peu particulier : un couple d’inséparables. Alfred Hitchcock avait rendu ces volatiles célèbres. Les Anglais les appelaient « love birds ». Ces perroquets étaient réputés pour leur fidélité – conjugale- et leur tendresse. Ce surnom venait également de leur nom scientifique Agapornis signifiant « oiseaux d’amour » en grec. Dans cette région du Moyen Atlas : Le Paysage ITTO, notamment, les oiseaux d’exception et de rare espèce étaient bien remarqués. Ils sont connus de leur nom, en langage local : « Ijdad N’tayri ». Ces oiseaux de crépuscule, jaunâtres et bleuâtres et ce collier rouge tout autour du cou, méritaient bien leur nom. Le couple ne se séparait jamais. Les inséparables se vouaient un amour profond et inaltérable. Ils symbolisaient le couple modèle. Deux amoureux perdus dans leur tendre rêverie, serrés l’un contre l’autre,… Fantastique ! Se disait Touda. Aussi vrai qu’elle s’appelait ainsi : « la douce » !, Rahim allait adorer. Même plus que ça : il allait craquer, grimper aux rideaux et pousser le cri de l’homme heureux. Touda en était toute frémissante. La perspective de L’Aâchoura et de la Saint-Valentin radieuse la portait au comble de l’émotion. Elle souriait au fond d’elle-même. Elle imaginait la tête et la réaction que son époux Rahim allait avoir. ----------------------------« Les organes de l'optimiste sont lubrifiés par l'huile de gaîté et guidés par le bon sens. » (TAINE). ----------------------------------
L'IRRUPTION DU REEL... Elle prit le chemin des forêts du Moyen Atlas, se répétant les mots qu’elle intimerait à son mari, le moment venu. « Chez les inséparables, les conjoints vivent en totale symbiose. L’un mange, l’autre fait de même. L’un se baigne, l’autre aussi. Le mâle crie, la femelle lui répond aussitôt. Si l’un d’eux tombe malade, l’autre le soigne… Mon chéri, c’est ainsi que je vois notre couple ». On disait aussi que si l’un de ses oiseaux mourait, l’autre mettrait fin à sa vie en se suicidant. Peut-être était-elle romantique. Elle se posait la question, avant d’arriver à Ifrane. Puis elle se dirigea, sans réfléchir vers Azrou, ensuite, vers le Paysage Itto.
Elle descendit de son 4x4. Elle resta coite, un moment, devant cette vue panoramique sur les vitrines de ces magasins – cabanons- avant de se décider d’entrer en celui qui donnait sur ce paysage paradisiaque d’Itto. Cela ressemblait à un feuilleton mexicain sentimental, un conte de milles et une nuit d’une autre vision. Mais, devait-on forcément dire « je t’aime » par mail ou par sms ? Avec une rose rouge ou blanche en guise de pièce jointe ? Touda pénétra dans la cabane. Le vendeur dégageait une sorte d’autorité naturelle, voire un peu brutale. Touda se mit à bafouiller, comme au boulot, quand le stress prenait le dessus. — Des inséparables pour l'Aâchoura ou la Saint-Valentin ? -J’entends ce mot beaucoup de fois chez les Nsara, répéta le commerçant. -Tout le monde en veut, cette année ! C’est effectivement très à la mode. Malheureusement, nous sommes en rupture de stock,… Le dernier couple vient de partir. — Oh non ! Touda chancela. Tout s’effondra soudain. Son regard erra tristement sur les cages alignées aux côtés des cabanes. 6 — Vous pourriez lui prendre un chat sauvage d’Amghass ou un chien ? proposa le vendeur. Ou des poissons rouges ! — Non, répondit Touda, maussade. — Allez ! Un peu de nerfs, voyons ! — C’est-à-dire que,… j’aurais voulu quelque chose de,… de vraiment,… — Extraordinaire ? — Oui, c’est ça, extraordinaire. ! — Vous avez raison, faut pas lésiner sur les moyens. La vie passe trop vite. Après, on regrette,… Eh puis, vous êtes une battante, vous ? N’est-ce pas ? Touda prit une voix de fausset, suppliante. Dans le rôle de la victime. — Vous,… vous n’auriez pas quelque chose ? Je suis à court d’idées,… - Vous comprenez, Rahim et moi, ça fait vingt-cinq ans,… Il faut absolument que je lui trouve un cadeau original,… Aidez-moi, comme vous aideriez quelqu’un en train de se noyer dans la baignoire de sa belle-mère. ----------------------------Toutes les personnes âgées le disent : "La solitude, c'est pire que la mort" ----------------------------
LE VENDEUR POLYVALENT Le vendeur la jaugea. Touda ressemblait à une petite fille perdue, sur le point d’éclater en sanglots. Ça la foutait mal dans le magasin. Les animaux en cage sont sensibles à la détresse humaine et les chiots pouvaient se mettre à hurler à la mort. Le commerçant réfléchissait un instant puis hocha la tête. — Bon, j’ai peut-être quelque chose,... quelque chose de très bien,... qui vient de loin,... du sud du Sahara marocain. Ce sont les américains d’Ougmass qui nous en avaient vendu quelques pièces. Ou Allah ! — Des américains ? Un couple de koalas,...? — Mieux que ça. Des kangourous. — Des kangourous ? Au Maroc ? À Azrou ?
Le fantastique et le merveilleux prirent tout de suite l’âme de la dame. Elle sut comment gérer cette situation dans laquelle elle s’était mise. C’était plus que l’inconcevable. Elle croyait un instant qu’elle rêvait toujours. — Beaucoup mieux encore ! — Des perdrix ? Les "Tiskourines", on en a beaucoup dans la région. — Vous voulez quelque chose qui se mange avec les crêpes berbères ? Je vois que vous avez une allure de femme étrangère mais pas marocaine ! Touda haussa les épaules, in différente, elle ne connaissait pas très bien le fond de ce discours. L’Amérique, oui, elle y était. Elle avait passé là-bas une bonne partie de sa vie. — Comment dire,...Je voudrais que mon mari comprenne à quel point je l’aime, vous voyez ? — Parfaitement. Je crois que j’ai quelque chose pour vous. — Vraiment ? — Attendez, fit le vendeur, je vais vous le chercher. Ne bougez pas ! Touda reprit espoir tout à coup. L’espace d’un court instant, elle avait vu tous ses efforts réduits à néant. Elle ne voulait pas faire partie de ces femmes qui offraient du tout-venant, vite fait, histoire de se débarrasser de la chose. C’était clair dans sa tête. Elle voulait quelque chose dont Rahim se souviendrait longtemps. C’était peut-être présomptueux de sa part, mais pour une fois, elle avait envie de se situer au-dessus de la mêlée ordinaire. Elle voulait faire bien, voire très bien, flirter même avec l’excellence et le fantastique. Elle avait envie d’être une Touda N’Aït M'guild en référence à l’origine de la famille : une sorte de figure héroïque au cœur d’une saga sentimentale. Aussi les femmes D’Amghass l’appelaient – elles : Tagouramte. Sans doute, cette femme dont tous les hommes rêvaient : une femme capable, savante et travailleuse. La reine du cadeau,... Car la vie de couple était un travail de tous les jours. Rien n’était jamais acquis, jamais. Seule la poésie pouvait sauver la paix des ménages,… Le vendeur revint en tenant une petite bête qui marchait sur deux pattes. Ou plutôt, il la traînait en la tirant de l'avant. Elle avait un peu la tête d’un boxeur et souriait à pleines dents. Régulièrement, elle s’enfonçait le doigt dans l’oreille puis le ressortait, l’examinant ensuite de près. Touda clignait des yeux, comme sous l’effet d’un éblouissement. — Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda-t-elle, défaite. Elle eut l’impression de se voir dans un miroir, même si elle savait qu’elle était incapable de sourire ainsi, en exhibant son cou orné de parures de la région, telle une danseuse heureuse à 7 Tamaghra . — Alors, qu’est-ce que vous en dites ? demanda le vendeur, en lui criant presque dans l’oreille. Touda resta sans voix. La seule pensée qui lui vint à l'esprit était qu’elle n’aurait jamais dû pénétrer dans cette cabane. Elle venait de franchir la limite de ce que pouvait sereinement gérer son cerveau. ----------------------------Le mal et la résistance incitent à l'action. (BOEHME). ----------------------------
QU'ELLE ORIGINE...!
Un chimpanzé ! hurla le vendeur, en soulevant la patte de la bête olympique. Mammifère, primate, anthropoïde d’Afrique, qui nous vient du zoo de Sydney, en Australie ! Physiquement et génétiquement, c’est l’animal le plus proche de l’être humain. Pour la Saint-Valentin et L’Aâchoura c’était très recherché, beaucoup plus que les inséparables. Touda savait très bien qu’il n’y avait pas de chimpanzé au Maroc. Sauf ceux des parcs de Casa et de Rabat. Sinon, en Afrique Centrale. Ce qui se trouvait dans cette région du Moyen Atlas était une autre espèce de singe. — Un chimpanzé !!? répéta Touda, sans y croire. — J’ai offert le même à l’épouse de mon frère qui travaille en Italie. C’est une Italienne. Elle est ravie. Sa vie a complètement changé. Dieu lui a donné dix enfants : quatre filles et six garçons. C’est le bonheur ! Le don du bon Dieu ! Tu ne vois pas ? — Vraiment ? Donc, ils sont sacrés, tes « chimpanzés » ! — Toutes ses copines en sont dingues ! C’est une occasion exceptionnelle, pour vous. Quasi extraordinaire ! — Ah ? AH Oui ! On entend dire que ces animaux sont les gardiens du paradis.Le singe magot bien connu par les marocains et les étrangers qui visitaient cette région splendide du pays. Touda ne pouvait que penser du mal que faisaient ces gens à ces pauvres animaux, étant devenus l'objet du trafic international, comme le lion de l’Atlas jadis et les autres fauves de la région. Ceux-là, les vendaient, les autres, les achetaient pour en faire des animaux domestiques, sinon, des animaux de compagnie. En principe, on en trouvait dans la cédraie du Moyen Atlas. Avec les changements des choses dans le pays, on avait transformé cette région en une sorte de réserve naturelle et biologique : patrimoine à conserver et à garder. Aujourd'hui, c’était une action humaine, mais ces animaux enduraient, en fait, de toutes les couleurs dans les forêts d’Azrou. 8 Le petit Abaghousse poussait des petits cris aigus et montrait ses gencives mouchetées. Ses poings battaient sa poitrine. Avec sa patte, il adressait des signes à Touda, comme un naufragé de mer, en train de couler. « — C’est une façon de vous dire qu’il vous apprécie beaucoup, reprit le vendeur. Il ne fait pas ça avec tout le monde. Si, si ! Il voit en vous quelqu’un capable de le sauver de sa condition ! Ou Allah A Oulthma ! " » Touda ne savait plus quoi faire. Les idées se bousculaient dans son esprit. Elle ne savait plus distinguer le bien du mal. Tout ça était si rapide, si inattendu. Et puis, il y avait ce vendeur qui lui mettait la pression, qui était en train de lui expliquer comment elle devait s’y prendre, avec son mari. Du harcèlement moral. Mais où étaient les relations humaines ? Où étaient-elles ? Les gens vous souriaient, de face, puis, vous critiquaient et se moquaient de vous, de dos. Touda savait cela par cœur. Elle n’était pas tombée de la dernière pluie, malgré les apparences. Elle était fille du bled. ----------------------------Nous nous plaignons par vieille habitude humaine, qui doit être bien assommante pour les dieux et dont nous devrions nous corriger. (DE COULEVAIN). ----------------------------
IL S'APPELLE RABAH
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