La Maison du chat-qui-peloteHonoré de Balzac1829DÉDIÉ À MADEMOISELLE MARIE DE MONTHEAU.Au milieu de la rue Saint-Denis, presque au coin de la rue du Petit-Lion, existaitnaguère une de ces maisons précieuses qui donnent aux historiens la facilité dereconstruire par analogie l’ancien Paris. Les murs menaçants de cette bicoquesemblaient avoir été bariolés d’hiéroglyphes. Quel autre nom le flâneur pouvait-ildonner au X et aux V que traçaient sur la façade les pièces de bois transversalesou diagonales dessinées dans le badigeon par de petites lézardes parallèles ?Évidemment, au passage de toutes les voitures, chacune de ces solives s’agitaitdans sa mortaise. Ce vénérable édifice était surmonté d’un toit triangulaire dontaucun modèle ne se verra bientôt plus à Paris. Cette couverture, tordue par lesintempéries du climat parisien, s’avançait de trois pieds sur la rue, autant pourgarantir des eaux pluviales le seuil de la porte, que pour abriter le mur d’un grenieret sa lucarne sans appui. Ce dernier étage était construit en planches clouées l’unesur l’autre comme des ardoises, afin sans doute de ne pas charger cette frêlemaison.Par une matinée pluvieuse, au mois de mars, un jeune homme, soigneusementenveloppé dans son manteau, se tenait sous l’auvent de la boutique qui se trouvaiten face de ce vieux logis, et paraissait l’examiner avec un enthousiasmed’archéologue. À la vérité, ce débris de la bourgeoisie du seizième siècle pouvaitoffrir à l’observateur ...
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