La défaite de l’amour I- Il l’avait vue grandir. Elle avait presque dix neuf ans. Il en avait vingt six. Chaque soir, en ramenant son troupeau de chèvres à la maison, il la croisait sur son chemin. Elle revenait chez elle avec son lourd fardeau de bois sec sur la tête. Il la saluait. Elle lui rendait son salut en souriant.Ce soir là, en se retournant pour la voir s’éloigner, il remarqua les longues tresses de ses cheveux qui se balançaient de droite à gauche, mais ce qui retint le plus son regard, c’étaient surtout ses hanches qui telle une balançoire montaient et descendaient au rythme des pas. Il sentit un frisson qui l’envahissait. Il continua son chemin tout en pensant à cette ravissante jeune fille et en se faisant des reproches : Comment n’avait-il pas remarqué cette beauté depuis longtemps ? Comment n’avait-il pas essayé de la courtiser pour sonder sa réaction et pour se rapprocher peut-être davantage d’elle ? Et si elle pensait à un autre garçon ? Il chassa de sa tête cette idée qui lui paraissait insensée. Comment pourrait-elle songer à un autre tout en lui envoyant des signes très encourageants chaque fois qu’ils se croisaient ? « Pourquoi se met-elle sur mon chemin chaque soir ? Sa démarche n’est-elle pas préméditée et savamment chronométrée ? Pourquoi me rend-elle mon salut tout en souriant ? Non, elle doit bien penser à moi ».