Rudyard Kipling — C o n t e sL’Homme qui voulut être roiThe Man Who Would Be King1888Traduit par Louis Fabulet et Robert d’HumièresL’HOMME QUI VOULUT ÊTRE ROI>e commencement de tout, ce fut dans le train sur la route d’Ajmir à Mhow. Undéficit budgétaire, survenu à cette époque, nécessitait le voyage non pas ensecondes, qui ne coûte que la moitié du prix des premières, mais en classeintermédiaire, ce qui est absolument odieux. Il n’y a pas de banquettesrembourrées en classe intermédiaire, et le public y est soit intermédiaire, c’est-à-dire Eurasien, soit indigène, ce qui finit par incommoder au bout d’un long trajet,soit de l’espèce vagabond, gens d’esprit quoique ivrognes. Les intermédiaires nepatronnent pas les buffets de chemin de fer. Ils portent leurs vivres dans despaquets ou des pots, achètent des sucreries au marchand de bonbons indigène etboivent l’eau le long des routes. C’est pourquoi, en été, on les extrait parfois défuntsde leurs compartiments et qu’en toutes saisons on leur témoigne, à juste titre, unminimum de considération.Mon compartiment, à moi, resta vide par hasard jusqu’à la gare de Nasirabad où unmonsieur de considérable prestance et en bras de chemise y pénétra, et, selon lacoutume des intermédiaires, se mit incontinent à l’aise. C’étajt un errant et unvagabond, comme moi-mêrne ; doué, par surplus, d’un goût cultivé pour le whiskey.Il racontait des choses vues ou accomplies en tels coins perdus de l’empire où ilavait pénétré, ...
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