Ce séjour promettait d'être calme. C'était même l'idée de départ, prendre du recul, faire un pas de côté hors du quotidien. En acceptant l'invitation je ne courais aucun risque, la sinécure s'annonçait même idéale, un mois dans une région forestière et reculée, un mois dans une ville perdue avec juste ce qu'il faut de monde pour ne pas craindre d'être seul, tout en étant royalement retiré, ça semblait rêvé. En plus, on était au début de l'automne, ça promettait de belles balades au fil des chemins creux, des fins d'après-midi à parcourir la forêt, des heures à se perdre dans des panoramas aux couleurs incendiées, pour en revenir le sang neuf et la tête gorgée d'idées neuves, ce serait parfait. En contrepartie de cette villégiature j'aurais certes une mission à remplir, mais bien mince et plutôt distrayante, sans pression d'aucune sorte. À vrai dire il n'y avait pas de réels enjeux, pas le moindre péril, pas de piège, je savais être attendu avec une sincère bienveillance, voire de l'impatience chez certains, et c'est pourquoi, en prenant le train ce lundi matin avec mon grand sac, pas une seconde je n'imaginais que le doux séjour puisse virer au cauchemar, pas une seconde je ne pouvais envisager que tout bascule au point de sombrer dans la folie des pires dérèglements. Oui, sans ce fait divers à quelques kilomètres de là, tout se serait parfaitement bien passé.
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