Il y a place pour deuxUne très jolie bourgeoise de la rue Saint-Honoré, d'environ vingt-deux ans, grasse,potelée, les chairs les plus fraîches et les plus appétissantes, toutes les formesmoulées quoique un peu remplies, et qui joignait à tant d'appas de la présenced'esprit, de la vivacité, et le goût le plus vif pour tous les plaisirs que lui interdisaientles lois rigoureuses de l'hymen, s'était décidée depuis environ un an à donner deuxaides à son mari qui, vieux et laid, lui déplaisait non seulement beaucoup, maiss'acquittait même aussi mal que rarement des devoirs qui peut-être un peu mieuxremplis eussent pu calmer l'exigeante Dolmène, ainsi s'appelait notre joliebourgeoise. Rien de mieux arrangé que les rendez-vous qu'on indiquait à ces deuxamants : Des-Roues, jeune militaire, avait communément de quatre à cinq heuresdu soir, et de cinq et demie à sept arrivait Dolbreuse, jeune négociant de la plusjolie figure qu'il fût possible de voir. Il était impossible de fixer d'autres instants,c'était les seuls où Mme Dolmène fût tranquille : le matin il fallait être à la boutique,le soir il fallait quelquefois y paraître de même, ou bien le mari revenait, et il fallaitparler de ses affaires. D'ailleurs Mme Dolmène avait confié à une de ses amiesqu'elle aimait assez que les instants de plaisirs se succédassent ainsi de fort près :les feux de l'imagination ne s'éteignaient pas, prétendait-elle, de cette manière, riende si doux que de passer d'un plaisir à ...
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