Il ne faut pas jouer avec la douleurDelphine Gay de Girardin1853Chapitre IChapitre IIChapitre IIIChapitre IVChapitre VChapitre VIChapitre VIIChapitre VIIIChapitre IXIl ne faut pas jouer avec la douleur : Ch. 1IIl était une fois un séducteur qui cherchait de l’ouvrage. L’hiver s’était pour luijoyeusement passé en brillantes conquêtes ; mais le printemps était arrivé, et si leprintemps est la saison des amours, ce n’est pas celle des séductions. M. deLusigny était resté seul et désœuvré à Paris ; aux premiers rayons du soleil, toutesses heureuses victimes s’étaient envolées, emportant le trait qui les avait blessées,et il lui fallait attendre que l’été, le véritable été, fût venu pour aller les rejoindre auxeaux, ou pour les visiter dans leurs châteaux. Les correspondances étaient actives ;les petites lettres parfumées arrivaient chaque matin des provinces inquiètes ; maisque sont les joies de la correspondance pour un séducteur ? Un embarras flatteur,et voilà tout. L’ennui de ranger par ordre de dates et de couleurs (M. de Lusignyavait le tiroir des blondes et l’armoire des brunes ; il prétendait que les blondes sonten général méchantes et coquettes, tandis que les brunes, au contraire, sontbonnes et sensibles), l’ennui de ranger par ordre tous ces amoureux reproches étaità peine compensé par le plaisir de les mériter. D’ailleurs, ces cœurs qui luiappartenaient, ces orgueils qu’il avait soumis, ces imaginations qu’il avaittroublées, ne ...
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