Extrait de "Le liseur du 6h27" - Jean-Paul Didierlaurent

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Employé discret, Guylain Vignolles travaille au pilon, au service d'une redoutable broyeuse de livres invendus, la Zerstor 500. Il mène une existence maussade mais chaque matin en allant travailler, il lit aux passagers du RER de 6 h 27 les feuillets sauvés la veille des dents de fer de la machine. Dans des décors familiers transformés par la magie de personnages hauts en couleurs, voici un magnifique conte moderne, drôle, poétique et généreux : un de ces livres qu'on rencontre rarement.
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22 mai 2014

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54

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Français


Employé discret, Guylain
ignolles travaille au pilon, au
service d’une redoutable broyeuse
de livres invendus, laZerstor 500.Il
mène une existence maussade mais
chaque matin en allant travailler, il
lit aux passagers du RE
de 6 h 27 les feuillets sauvés la
veille des dents de fer de la
machine…Dans des décors familiers
transformés par la magie de
personnages hauts en couleurs,
voici un magnifique conte moderne,
drôle, poétique et généreux : un de
ces livres qu’on rencontre rarement.


Jean-Paul Didierlaurent vit dans
les Vosges.Le Liseur du 6 h 27 est
le premier roman de ce nouvelliste
exceptionnel, lauréat à deux
reprises du fameux Prix
Hemingway.


ean-PaulDidierlaurent

LeLiseur du 6 h 27

Sabine,
sans qui ce livre ne serait
pas,

à mon père,
qui, par son invisible
présence, continue de
m’insuffler son amou
éternel,

àColette et à son
indéfectible soutien.

1

Certains naissent sourds, muets
ou aveugles.D’autres poussent leu
premier cri affublés d’un strabisme
disgracieux, d’un bec de lièvre ou
d’une vilaine tache de vin au milieu
de la figure. Il arrive que d’autres
encore viennent au monde avec un
pied bot, voire un membre déjà
mort avant même d’avoir vécu.
Guylain Vignolles, lui, était entré
dans la vie avec pour tout fardeau la
contrepèterie malheureuse qu’offrait

le mariage de son patronyme avec
son prénom : Vilain Guignol, un
mauvais jeu de mots qui avait
retenti à ses oreilles dès ses
premiers pas dans l’existence pou
ne plus le quitter.

Ses parents avaient ignoré les
prénoms du calendrier desPostes de
cette année 1976 pour porter leu
choix sur ce « Guylain » venu de
nulle part, sans même penser un
seul instant aux conséquences
désastreuses de leur acte.
Étonnamment et bien que la

curiosité fut souvent forte, il n’avait
amais osé demander le pourquoi de
ce choix. Peur de mettre dans
l’embarras peut-être. Peur aussi
sûrement que la banalité de la
réponse ne le laissât sur sa faim. Il
se plaisait parfois à imaginer ce
qu’aurait pu être sa vie s’il s’était
prénommé Lucas, Xavier ou Hugo.
Même un Ghislain aurait suffi à son
bonheur. Ghislain Vignolles, un vrai
nom dans lequel il aurait pu se
construire, le corps et l’esprit bien à
l’abri derrière quatre syllabes
inoffensives. Au lieu de cela, il lui

avait fallu traverser son enfance
avec, accrochée à ses basques, la
contrepèterie assassine : Vilain
Guignol. En trente-six ans
d’existence, il avait fini pa
apprendre à se faire oublier, à
devenir invisible pour ne plus
déclencher les rires et les railleries
qui ne manquaient pas de fuser dès
lors qu’on l’avait repéré. N’être ni
beau, ni laid, ni gros, ni maigre.
uste une vague silhouette
entraperçue en bordure du champ
de vision.Se fondre dans le paysage

usqu se ren er meso -m pou
rester un ailleurs jamais visité.
Pendant toutes ces années,Guylain
ignolles avait passé son temps à
ne plus exister tout simplement,
sauf ici, sur ce quai de gare sinistre
qu’il foulait tous les matins de la
semaine. Tous les jours à la même
heure, il y attendait son RER, les
deux pieds posés sur la ligne
blanche qui délimitait la zone à ne
pas franchir au risque de tomber su
la voie. Cette ligne insignifiante
tracée sur le béton possédait
l’étrange faculté de l’apaiser.Ici, les

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