Éric Le MendiantPierre Zaccone1853Table des matièresI.II.III.IV.V.VI.VII.VIII.IX.Éric Le Mendiant : 1Le 15 juin 1848, un paysan et une jeune fille sortirent de bon matin du bourg de Lanmeur, et s’acheminèrent vers le petit village deSaint-Jean-du-Doigt, situé à quelques lieues de là, sur le bord de la mer.Il pouvait être sept heures.La journée promettait d’être superbe ; le ciel étendait au-dessus de leurs têtes son éclatante tenture bleue, frangée de nuagesblancs ; le soleil sortait étincelant des montagnes loin-taines ; le souffle frais du matin courbait les arbres en fleur, et semait sur laroute les gouttes odorantes que la rosée venait d’y verser. Il régnait de toutes parts un calme, une paix, une sorte de recueillementpieux, mêlé de doux et ineffables tressaille-ments ; on eût dit que la terre encore à demi assoupie luttait en soupirant contre lesdernières étreintes de la nuit, et qu’elle murmurait doucement sa prière au dieu du jour.Le paysan portait le costume breton dans toute son austère simplicité – Le chapeau rond à larges bords, la veste de drap noir, le longgilet brun, la ceinture de couleurs diverses, la culotte large et flottante, les guêtres de toile, et les souliers fer-rés. – Il était grand et fort,robuste et nerveux, fumait une pipe grossière, et s’appuyait, en marchant, sur un énorme p e u- b a s, ce rude instrument des v e n d e t t ebretonnes.Cet homme pouvait avoir une cinquantaine d’années envi-ron ; mais il était encore ...
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