À la vie, à la mort de Aurélie Gaillot
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Résumé La vie de Lilou n’est pas la vie dont on rêve… De relations éphémères en baises défouloirs, elle tente d’avancer, mais glisse inexorablement vers des souvenirs qui l’enferment toujours plus loin dans la souffrance. Impertinente, provocatrice, indifférente, violente parfois, Lilou, tantôt charmeuse tantôt perdue, nous entraîne de par le monde dans ses errances, qui sont autant de fuites pour éviter l’ultime rencontre, la confrontation avec elle-même. Un roman qui pose un questionnement sur l’amour, les liens qui se tissent entre les êtres, ceux qui nous relient à notre propre passé. Peut-on véritablement s’en délivrer ? numeriklire.net Aurélie Gaillot À LA VIE À LA MORT ISBN 978-2-89717-660-0 numeriklire.net À Butterfly PREMIÈRE PARTIE 1. Lilou (extrait) Une intelligence supérieure a pour condition immédiate une sensibilité plus vive, et pour racine une grande impétuosité de la volonté et, par suite, de la passion ; de l’union de ces deux conditions résulte alors une intensité plus considérable de toutes les émotions et une sensibilité exagérée pour les douleurs morales et même pour les douleurs physiques. Ce qui contribue encore puissamment à tous ces effets, c’est, résultant de la force de l’imagination, la vivacité de toutes les représentations, donc également des représentations désagréables.

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Publié le 24 mai 2014
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Langue Français

Extrait

Résumé
La vie de Lilou n’est pas la vie dont on rêve… De relations éphémères en baises défouloirs, elle tente d’avancer, mais glisse inexorablement vers des souvenirs qui l’enferment toujours plus loin dans la souffrance. Impertinente, provocatrice, indifférente, violente parfois, Lilou, tantôt charmeuse tantôt perdue, nous entraîne de par le monde dans ses errances, qui sont autant de fuites pour éviter l’ultime rencontre, la confrontation avec elle-même. Un roman qui pose un questionnement sur l’amour, les liens qui se tissent entre les êtres, ceux qui nous relient à notre propre passé. Peut-on véritablement s’en délivrer ?
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Aurélie Gaillot
À LA VIE À LA MORT
ISBN 978-2-89717-660-0
numeriklire.net
À Butterfly
PREMIÈRE PARTIE
1. Lilou (extrait)
Une intelligence supérieure a pour condition immédiate une sensibilité plus vive, et pour racine une grande impétuosité de la volonté et, par suite, de la passion ; de l’union de ces deux conditions résulte alors une intensité plus considérable de toutes les émotions et une sensibilité exagérée pour les douleurs morales et même pour les douleurs physiques. Ce qui contribue encore puissamment à tous ces effets, c’est, résultant de la force de l’imagination, la vivacité de toutes les représentations, donc également des représentations désagréables. Ce que nous venons de dire s’applique, toutes proportions gardées, à tous les degrés intermédiaires qui comblent le vaste intervalle compris entre l’imbécile le plus obtus et le plus grand génie.
Arthur Schopenhauer,Aphorismes sur la sagesse dans la vie (1887).
Lilou court le long de la rivière aux courbes agitées, ses longs cheveux volant autour d’elle. Rageusement, elle repousse les mèches sombres qui s’emmêlent, de rage aussi elle pleure. Là, dans l’instant, elle allongerait le premier con venu à mains nues. En tout cas elle a l’audace de le penser. Mais peut-être qu’elle est juste capable de se fracasser un doigt de pied en balançant une bordée de coups dans un mur ; ça, pour sûr, elle l’a déjà fait. Du ciel sombre et épais tombent encore quelques gouttes éparses ; les éléments se calment peu à peu. L’adolescente se laisse choir lourdement sur la terre molle du talus, essuie ces fichues larmes qui coulent bêtement, tire une cigarette d’un paquet chiffonné extirpé de la haute chaussette rayée de vert, s’y prend à plusieurs reprises pour allumer le bout qui rougeoie et même la brûle, lui envoyant à la figure des micro-braises incandescentes. — Merde ! grogne Lilou dont la mauvaise humeur prend le pas sur tout. Elle fume à profondes bouffées, souffle fort, loin la fumée, mâchoires contractées. La pluie s’arrête enfin, les feuillages ruisselants s’ébrouent passivement ; l’orage est terminé. Plusieurs minutes, c’est la rage, une rage intense qui habite Lilou, la fait fulminer, et ses yeux verts de lancer des éclairs noirs quand elle grince un « Ta gueule ! » à l’oiseau qui pousse un cri strident, quand elle maudit en pensées la pouffe qui passe sur la route en piaffant, ses ricanements aigus insupportables. Dans l’instant, Lilou emmerde globalement le monde entier, assène silencieusement quantité de tagueule,je vousemmerde, comme un prêtre distribue ses bénédictions les unes après les autres. Lilou, ainsi fâchée, se sent capable de faire un peu n’importe quoi, en tout cas tout ce qui serait susceptible d’emmerder le monde. Même si elle a intégré qu’il n’y a que dans l’acceptation (concept découvert lors de l’écoute plus ou moins attentive d’une émission religieuse) qu’on noue contact avec la paix intérieure, elle pense que, quand même, il se passe des choses qui restent du domaine de l’inacceptable en ce bas monde – quoi qu’on en dise. Le soleil s’extrait difficilement d’un banc de lourds nuages grisonnants, se pose un instant sur le front plissé, frôle les prunelles soucieuses. Lilou, ça, elle aime ; elle ne dit pas ta gueule au soleil, c’est un ami. Un ami infidèle certes, mais il finit toujours par revenir ; à force, ça crée des liens, ces rencontres inattendues, mais ponctuelles, qui s’avèrent
réconfortantes, chaleureuses, nourrissantes. Rien à voir avec la pâleur exaspérante de l’autre, des autres, avec l’insignifiance de la danse maussade de tous ces êtres dont aucun ne parvient à l’émouvoir, dont aucun ne parvient à échanger de vie, de souffle à souffle, de corps à cœur avec elle. Lilou s’allonge, paupières closes dans le rayon chaud, émerveillée observe le kaléidoscope mouvant de couleurs vives, s’astreint à nommer les teintes qui fusent les unes après les autres. Durant quelques minutes, lumières et coloris se mêlent, se démêlent sous la baguette multicolore de Lilou, dansent en elle. Tandis que le cyan frôle timidement le magenta rougissant, les pigments de l’émeraude caressent sans vergogne un pourpre profond velouté et le bleu maya – lui – épais, presque arrogant, écrase sans façon absinthe la timide qui disparaît à jamais. Lilou s’émeut de la beauté fugitive, cerveau nourri d’un feu d’artifice magique et enivrant, intensément contenté à l’abstrait. Comblée, la jeune fille écoute le soleil courir sur sa peau, ouvre les yeux, grimace : la réalité lui revient en vrac. Tout à son agacement du monde entier – même de la galaxie tout entière, Lilou écarte les cuisses, remonte l’étoffe soyeuse si légère de sa robe verte. La jeune fille ne porte pas de culotte, ça l’amuse d’aller de par le monde faire des politesses à la con l’entrecuisse à l’air. Le soleil chauffe les jambes nues, la brise légère – joueuse, s’immisce dans la toison brune docile qu’elle plie, redresse, au gré de ses fantasmes. Ainsi offerte – ange sans perversion – pleine de cette source de vie qui bouillonne en elle, Lilou imagine une silhouette sur l’autre rive. Sûrement un pêcheur qui s’ennuie, qui retarde le plus possible l’heure du retour au bercail ; rêvant d’un ailleurs passionnant l’homme tendrait vers elle un regard qui quémande. Alors Lilou ouvre largement les jambes – que le voyeur mate à son aise – glisse une main sur son ventre chaud, soulève la robe jusqu’au nombril, frôle d’un doigt léger les lèvres humides de son sexe, titille çà et là, fouille un peu, attentive aux petits bruits sans équivoque. Le pêcheur – émoustillé comme jamais – arrive en silence, s’agenouille devant elle, mate, reluque à pleines mirettes le sexe miraculeux, prestement fait descendre la fermeture d’un pantalon d’épaisse cotonnade, sort à la hâte un sexe durci qu’il branle fébrilement – presque durement tellement il est excité. Lilou agite son doigt, gémit, concentrée sur la main de l’homme qui va, vient. Et les mots de jaillir par saccades, un peu fous, un peu douloureux tellement ils sont intenses. Lilou jouit très fort, de ces jouissances extraordinaires qui laissent le corps tout mou tout flagada avec des étoiles, de la lumière partout, dans la tête aussi ; ça, Lilou, elle adore. *** — Liiiilou, Lilou, Lilouuuu ! Lilou se dresse, corps long qu’elle déplie comme se déploie une fleur : elle s’était endormie. Sans précipitation – énergique quand même – elle tapote la robe qui, de toute façon, semble fichue. C’est son père ! Elle va vers lui, saute et court, gracieuse et légère. — Lilou ! Le soulagement se lit sur le visage de l’homme. — Magne mon chou, on va être à la bourre, tu sais bien… Lilou niche une petite main au creux de la grande. Elle allonge le pas, lève les yeux, dévisage le paternel au front plissé ; rasé de près (il s’est encore entaillé sous le menton), Mathieu a revêtu l’unique costume sur une chemise blanche parfaitement repassée. Lilou freine le grand corps, attire la tête qui se prête, docile ; Lilou plie le col. Elle aime ces instants, quand elle fait ce qu’elle veut de son père ; même s’il n’est pas particulièrement fin ou instinctif, Mathieu sait très bien cela. Mais le voilà qui râle, roule des
yeux – soupirs ponctuant l’infime révolte – se remet en chemin, tire sa fille qui prend son temps, scrute le ciel avec inquiétude. — Le vin d’honneur est dans le jardin… chuchote-t-il comme à lui-même. Lilou hausse les épaules, se renfrogne : pourvu qu’il pleuve. Mathieu semble si jeune, remarque-t-elle. C’est vrai qu’il s’est retrouvé géniteur à seize ans, ce bien malgré lui puisquela filleavait décidé d’avoir un enfant sans le consentement de son partenaire. Sa majorité atteinte,elle(la fille) avait cependant décidé qu’être mère ça n’était pas son truc ; elle s’était alors barrée, tout simplement… Mathieu était ainsi passé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire de la vie d’ado à celle d’adulte chargé de famille. À ce jour, dix-sept ans – enfin, bientôt dix-huit – après une arrivée hasardeuse dans le vaste monde, Lilou n’a jamais revu sa mère. Mais pour l’heure, même avant, c’est bien le cadet de ses soucis d’adolescente. Aujourd’hui — jour maudit pour toujours et à jamais sur le calendrier —, son père se remarie… Le pire de l’histoire c’est que l’autre idiote va débarquer chez eux dès la porte de l’église close etçapour Lilou le pire du comble des enfers. La dulcinée (la représente morue, donc) d’ici quelques heures à peine va entreprendre de faire pipi dans tous les coins de la maison familiale pour marquer la conquête d’un territoire qui n’est en rien le sien ; elle va apposer sa trace comme on plante un drapeau, estampiller le moindre millimètre carré d’espace. Lilou, ça va vite l’agacer. Adieu glandages sur canapé, films nullards, crises de rire ; envolés les plateaux-télé, ceux au jardin à la pleine lune, les plateaux-lits du dimanche matin. Adieu tranquillité divine, douce vie, plus aucune chance de faire à laon fera comme ça vient. De toute façon c’est clair, quand l’autruche montre son terne plumage, Mathieu n’est plus le même : d’un coup d’un seul il devient tout petit, parvient même à être ridicule – nullissime parfois – tellement il minaude, tellement il débite à la seconde de banalités affligeantes en réponse aux banalités affligeantes incessantes de la pintade ; même – oh, suprême offense – il envoie balader injustement Lilou quand ça lui prend, quand ça les prend… Ne reste plus qu’à espérer que la future se perde pour toujours à jamais sur le chemin de l’église, qu’elle sombre à pic dans l’eau noire du port ; ou – ultime don du ciel – que cette dinde tombe follement amoureuse du curé, qu’elle se fasse la malle avec lui juste avant le oui solennel ; ou même après. Du moment qu’elle se barre. La Maude, justement, est là, perchée sur le perron, fulminante, pétaradante, définitivement barbante ; oie qui trépigne d’impatience, qui s’essaye encore à fusiller cette future belle-fille, mais peine perdue, les yeux marron glauque sont définitivement inexpressifs. — Quoi ? elle grince, mais, mais… Elle ne va pas venir comme ça à mon mariage, cette, cette, cette… — Trois fois sept vingt et un, marmonne Lilou qui se fourre un gros chewing-gum violet au creux de la joue. — Mais non mais non, tente d’apaiser le futur, fébrile. — Si si vingt et un je vous dis ! chuchote dans un souffle Lilou. — Lilou, tu ne vas pas venir comme ça n’est-ce pas ? s’enquiert le père, mimiques peu convaincantes, coups d’œil implorants censés ramener la jeune fille à un état plus conciliant. — J’irai pas !... Plutôt mourir ! déclame avec emphase Lilou qui gonfle illico une bulle énorme, bras croisés sur le torse menu, solidement campée sur ses longues jambes dans une attitude décidément bornée. — Lilou !
***
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Tous droits réservés Aurélie Gaillot et Numeriklivres, 2014
Éditeur : Jean-François Gayrard Éditrice déléguée : Anita Berchenko
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