Henry Rider Haggard
LES MINES DU
ROI SALOMON
(1885)
Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Table des matières
ALLAN QUATERMAIN. DÉCOUVERTE DES MINES DU
ROI SALOMON.........................................................................4
INTRODUCTION .........................................................................5
CHAPITRE I RENCONTRE DE SIR HENRY..............................8
CHAPITRE II LA LÉGENDE DES MINES DE SALOMON ...... 15
CHAPITRE III DÉCISION .........................................................26
CHAPITRE IV LA CHASSE À L'ÉLÉPHANT ............................36
CHAPITRE V LA TRAVERSÉE DU DÉSERT45
CHAPITRE VI DE L'EAU !57
CHAPITRE VII LA ROUTE DE SALOMON ..............................67
CHAPITRE VIII TOUALA LE ROI............................................ 80
CHAPITRE IX FÊTES AFRICAINES.........................................92
CHAPITRE X LA GUERRE ......................................................106
CHAPITRE XI IGNOSI ROI116
CHAPITRE XII UNE ASSEMBLÉE LUGUBRE ...................... 122
CHAPITRE XIII LA CHAMBRE DES TRÉSORS .................... 135
CHAPITRE XIV PLUS D'ESPOIR............................................ 146
CHAPITRE XV DÉPART DU PAYS DES KOUKOUANAS......160
CHAPITRE XVI RETROUVÉ...................................................166
ALLAN QUATERMAIN SUITE DES MINES DU ROI
SALOMON ............................................................................ 174
I ................................................................................................. 176
II................................................................................................ 187
III ............................................................................................. 200
IV...............................................................................................205 À propos de cette édition électronique.................................223
– 3 –
ALLAN QUATERMAIN.
DÉCOUVERTE DES MINES DU ROI
SALOMON
– 4 – INTRODUCTION
Voici mon histoire terminée : elle va être livrée au public, et
ce fait me remplit d'appréhensions. Ma crainte est de n'être pas
cru et d'être pris pour un simple hâbleur, moi, Allan Quater-
main, dont la parole a toujours valu un serment.
L'idée d'un doute ne me serait pas venue sans un petit inci-
dent tout récent, dont je vous fais juge.
J'avais eu la simplicité d'envoyer mes épreuves à mon fils
Harry. Lui, sans m'avertir, n'eut rien de si pressé que de les pas-
ser à un certain Jones, rédacteur distingué, paraît-il, d'un jour-
nal destiné aux jeunes garçons. Cet illustre personnage jugea à
propos de faire de cet ouvrage une critique blessante, et Harry
tout fier de la condescendance de l'homme célèbre, m'envoya
cette critique.
M. Jones, qui ignore comment j'ai recueilli les documents
de mon récit, s'exprime ainsi :
« L'idée de votre ami n'est pas mauvaise ; on aurait pu ce-
pendant en tirer un meilleur parti. Le style non plus n'est pas
fameux, et il me semble que, pour se permettre un ouvrage
d'imagination pareil, il aurait été bon que l'écrivain possédât, en
quelque mesure au moins, des connaissances exactes sur les
indigènes et les coutumes qu'il décrit. »
Remarquez, je vous prie, que me jugeant par lui-même,
sans doute, M. Jones me prend pour un de ses rivaux, c'est-à-
dire un compilateur de mensonges littéraires, et il insinue que
– 5 – mon histoire de la Découverte des mines du roi Salomon est un
fruit de mon imagination. Bien plus, selon lui, moi, le chasseur
Quatermain, qui, pendant quarante ans, ai vécu, travaillé aux
mines, chassé les fauves dans le sud de l'Afrique, je ne connais
pas les indigènes et leurs coutumes !
Cela suffit, et je n'ajoute rien, sinon que, malgré mon mé-
chant style, la lettre se terminait par une offre de neuf francs
cinquante centimes par page si je veux lui fournir des articles
analogues pour son journal. Il ne refuserait donc pas de l'em-
ployer, mon style !
Enfin, cette petite pique m'a troublé. Qui sait, me suis-je dit,
si d'autres n'auront pas la même impression que le grand Jo-
nes ?
Avertir mes lecteurs que ce récit est parfaitement vrai ne
convaincra personne ; on me répondra qu'une fois en train d'in-
venter, un effort d'imagination de plus ou de moins ne compte
pas beaucoup de peine.
Je pourrais peut-être renvoyer mes lecteurs au fac-similé de
la carte de José da Sylvestra, qui est en tête de ce volume. Ose-
rait-on dire que j'ai appris le portugais et la calligraphie du sei-
zième siècle pour étayer mon conte ?
Allez donc, je vous prie, au Musée Britannique, et vous y
verrez le document original, cette carte que le vieux Portugais
traça avec son sang, et l'os qui lui servit de plume, car j'ai l'in-
tention d'envoyer ces deux reliques au Musée.
Quant aux passages de ce livre qui paraîtront extraordinai-
res, je ne puis dire qu'une chose, c'est que j'ai tracé le récit véri-
table d'une aventure réelle.
– 6 – Il ne me reste qu'à vous présenter mes excuses sur mon
style qui n'est pas fameux. Que voulez-vous ? Chacun fait
comme il peut. Je n'ai pas la prétention d'employer de grands
mots et des phrases ronflantes, cela n'est pas donné à tout le
monde. Si j'avais qualité pour exprimer une opinion, je dirais
que les choses dites simplement nous impressionnent quand
elles sont attachantes.
Selon le dictionnaire Koukouana, « une lance bien affilée
n'a pas besoin d'être ornée », et, d'après le même principe, j'ose
espérer qu'une histoire vraie, tout étrange qu'elle paraisse,
n'exigera ni grands mots ni style pompeux.
ALLAN QUATERMAIN. Juin 1885.
– 7 – CHAPITRE I
RENCONTRE DE SIR HENRY
À mon âge, entreprendre d'écrire une histoire, – j'ai cin-
quante-trois ans, – cela m'étonne moi-même. Je me demande si
j'en viendrai à bout et quelle sorte d'histoire ce serait.
J'ai commencé à travailler bien jeune. À l'âge où la plupart
des garçons sont encore sur les bancs des écoles, je gagnais ma,
vie, et je viens seulement de pouvoir cesser si cela me convient,
car il n'y a pas huit mois que je suis devenu riche. J'ignore en-
core à quel chiffre se monte ma fortune, tout ce que je sais, c'est
qu'elle est amplement suffisante et qu'elle a failli nous coûter
bien cher. Enfin, je suis rassasié d'aventures ; Dieu merci, je vais
me reposer.
Ce que je vais raconter, c'est l'histoire de cette fortune.
J'écris pour me distraire ; je souffre d'une morsure de lion,
et il faut que je reste étendu. Avoir tué soixante-cinq lions et se
laisser mâcher la jambe par le dernier, c'est raide !
Une autre raison pour écrire, c'est mon désir d'amuser mon
fils Harry et de lui laisser un souvenir de mes aventures. Harry
est étudiant en médecine à Londres, et l'hôpital n'est pas tou-
jours amusant ; je me flatte de le distraire un moment par ce
récit.
Maintenant, je commence.
– 8 – D'abord, je tiens à vous dire, un peu d'orgueil peut-être, que
je suis fils d'une bonne et ancienne famille ; si j'ai passé ma vie
en nomade, à chasser ou à travailler, c'est la fatalité qui l'a vou-
lu. Je n'en suis pas moins resté honnête homme ; j'ai la crainte
de Dieu. Jamais, dans toutes mes expéditions, je n'ai attenté à la
vie de mon semblable, sauf en cas de légitime défense, et j'ai
épargné mon adversaire toutes les fois que je l'ai pu. J'espère
qu'il m'en sera tenu compte là-haut. Je dis cela, pour que vous
sachiez à qui vous avez affaire, lecteur.
Il y a dix-huit mois, au retour d'une excursion de chasse au
delà du Bamamgouato, je fis la rencontre de sir Henry Curtis et
du capitaine Good. Je venais de vendre mon ivoire et je m'étais
rendu au Cap.
Cette ville m'était déjà familière : j'y visitai le Jardin Botani-
que, qui me paraît appelé à rendre de grands services à la colo-
nie, et le magnifique Palais du Parlement, qui sera certainement
moins utile. Mais la vie d'hôtel ne me va pas, sans compter
qu'on m'écorchait, et je résolus de retourner chez moi à Durban.
J'arrêtai mon passage à bord du Dunkeld, et, dans l'après-
midi, nous voguions vers Natal.
Nous avions reçu par transbordement les passagers du Cha-
teau-d'Édimbourg, qui venait d'Angleterre. Parmi ceux-ci, deux
messieurs attirèrent mon attention. L'un d'eux pouvait avoir
trente ans. C'était un solide gaillard aux robustes épaules, avec
une large poitrine bombée, des bras nerveux. Ses cheveux et sa
barbe étaient blond jaune ; ses grands yeux gris enfoncés don-
naient à sa belle physionomie un cachet particulier. Il me fit
penser à ces héros scandinaves dont l'histoire nous parle. J'ai su
plus tard qu'effectivement il descendait de ces grandes races du
Nord. C'était sir Henry Curtis.
– 9 – Avec ce blond fils d'Albion se trouvait un petit homme brun,
gros, rond, à l'air bon enfant, que je pris tout de suite pour un
officier de marine. On les reconnaît à première vue, les marins ;
ce sont de braves cœurs, ils valent mieux que les autres hom-
mes, en général. C'est la grande mer, le souffle puissant des
vents du ciel qui, peut-être, balaient de leurs âmes les impuretés
et en font des hommes plus droits, plus honnêtes que d'autres.
Je ne me trompais pas : ce compagnon de sir Henry était
lieutenant de vaisseau. Il avait un peu plus de trente ans et on
l'y avait mis en retrait d'emploi. Il s'appelait Good. Sa bonne
figure faisait plaisir à voir. Il était bien vêtu, minutieusement
propre, tiré à quatre épingles ; un monocle, enchâssé dans l'œil
droit, tenait là sans cordon. Ses dents me firent envie, à moi qui
ne les ai pas bonnes ; c'était un superbe râtelier, dont je vous
prie de prendre note dès maintenant.
Peu après notre départ, le temps se gâta ; un vilain brouil-
lard, un vrai brouillard anglais, chassa tous les passagers de
dessus le pont, et j'allai m'abriter près des machines. Un pen-
dule se balançait devant moi à chaque mouvement du bateau.
« Ce pendule n'est pas