Et tant que nous vivrons, nous aurons tous les deux. Alfred de Musset.
O les charmants nuages roses, Les jolis prés verts tout mouillés ! Après les vilains mois moroses, Les petits oiseaux réveillés S’envolent aux champs dépouillés.
Tout là-haut ce n’est que bruits d’ailes, Rendez-vous, murmures, chansons ; Aux toits courent les hirondelles, Tandis que moineaux & pinsons S’éparpillent dans les buissons.
Quittant aussi le coin de l'âtre Resté désert & rembruni, Comme tout ce peuple folâtre, Les hôtes du foyer béni S'en vont saluer l'infini.
Lui devant, elle après, ils viennent Le long des sentiers dégelés. Ils passent & tous se souviennent : La terre où verdissent les blés Crie aux villages : « Voyez-les ! »
Les aubépines sont plus blanches, Les petits muguets plus nacrés, Les violettes, les pervenches Ont des airs plus délibérés Quand par eux ils sont effleurés.
L'enfant sourit à leur présence, Le paysan leur dit bonjour ; Car on sait qu'en leur bienfaisance, Dans tout le pays d'alentour, Chaque malheureux a son tour.
Elle porte, malgré le cercle Rouge dont son bras est meurtri, Un très-grand panier à couvercle Qu'à l'envi, le cœur attendri, Ils vident, elle & son mari,
Quand près des grabats misérables, Son œil, sur le sien arrêté, Peut lire en traits inaltérables : « — Pour toi l'amour, ô ma beauté ! « Pour les autres la charité. »