Variétés historiques et littéraires, Tome III
Le Trebuchement de l’ivrongne.
Guillaume Colletet
1627
Le Trebuchement de l’Ivrongne.
À Paris.
1M.D.C.XXVII . In-8.
Ô vous de qui la gloire, à nulle autre seconde,
Sur l’aisle des beaux vers vole par tout le monde,
Qui, n’aspirans à rien qu’à l’immortalité,
Ne languissez jamais dedans l’oisiveté,
Quittez un peu ce soin de vouloir tousjours vivre
Qui vous tient jour et nuit collez dessus un livre.
Bacchus veut des honneurs aussi bien qu’Apollon,
Une table vault mieux que le sacré vallon,
Et les charmes d’un luth, ou bien d’une guiterre,
N’ont rien de comparable aux delices d’un verre,
De qui la melodie et le doux cliquetis
Sçavent l’art d’attirer Juppiter chez Thetis,
Lors que, sollicité de son humeur plus douce,
2Avecque tous les dieux il veut faire carousse .
Amis, soyons touchez d’un semblable desir ;
Ne mesurons le temps qu’aux règles du plaisir,
Et, ne nous plongeans point dans ces vaines pensées
Des choses advenir ny des choses passées,
Sans que pas un de nous face le suffisant,
Arrêtons nos esprits aux choses du present.
Jouissons du bon-heur que le ciel nous octroye ;
Sacrifions au dieu qui preside à la joye,
Et, sans parler des roys ou bien des potentats,
Ny du dereiglement qu’on voit dans leurs estats,
3Ny des divers advis du conseil des notables ,
Ne nous entretenons que de mots delectables,
Et tous expedions en nos particuliers
Plus de verres de vin qu’ils ne font de cahiers.
Les sages anciens, dont les ...
Voir