Je l’attends dans la plaine sombre ; Au loin je vois blanchir une ombre, Une ombre qui vient doucement... Eh non ! — trompeuse espérance — C’est un vieux saule qui balance Son tronc desséché et luisant. Je me penche et longtemps j’écoute : Je crois entendre sur la route Le son qu’un pas léger produit... Non, ce n’est rien ! C’est dans la mousse Le bruit d’une feuille que pousse Le vent parfumé de la nuit. Rempli d’une amère tristesse, Je me couche dans l’herbe épaisse Et m’endors d’un sommeil profond... Tout à coup, tremblant, je m’éveille : Sa voix me parlait à l’oreille, Sa bouche me baisait au front.