Le MètreGaston Tissandier1873Le MètreLe 8 mai 1790, un décret de l’Assemblée Constituante chargeait l’Academie dessciences de créer un système de mesures, uniforme, simple, construit sur desbases rationnelles. Jusque-là, les poids et les mesures dont on se servait enFrance, offraient le caractère d’une inextricable Babel, d’un chaos désordonné. Lacommission nommée par l’Academie, comptait parmi ses membres des Berthollet,des Borda, des Delambre et des Laplace ; l’œuvre qu’elle a créée estimpérissable. Ces illustres savants fondèrent le nouveau système sur l’unité demesure ; ils en prirent la base dans la nature même, en empruntant à la terre unefraction de son méridien.Le 18 germinal de l’an III (avril 1795), une règle de platine, solennellement portée àla barre de la Convention, fut définitivement reconnue comme l’unité des mesuresfrançaises : c’était le mètre, dont la longueur représente la quarante-millionièmepartie du tour de la terre.Nous ne célébrons pas ici les incomparables avantages du système métrique ; ilssont évidents et incontestés. Pendant longtemps, toutefois, ce beau systèmerencontra des obstacles qu’on pouvait croire insurmontables ; il entra dans noshabitude et dans nos usages avec une désespérante lenteur ; mais, malgrél’inévitable coalition des esprits arriérés et envieux, que l’on voit toujours marcher àl’encontre du progrès, il s’imposa de lui-même et fut peu à peu accepté par tous.En France, quoi qu’en disent des dénigreurs ...
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