En France, le taux d'emploi des personnes de 55 et 64 ans se situe autour de 38%. Il est inférieur à la moyenne européenne, qui est à 43,6%, et au taux d'emploi des seniors des principaux pays partenaires (Allemagne, Etats-Unis, Royaume-Uni notamment). Cette caractéristique s'explique principalement par l'existence en France d'une rupture importante entre 59 et 60 ans, le taux d'emploi passant de 42% à 59 ans à 25% à 60 ans. Ces dernières années, plusieurs dispositions ont été mises en oeuvre afin de favoriser une augmentation du taux d'emploi des seniors (réforme des retraites de 2003, mise en oeuvre d'un plan national d'action concerté pour l'emploi des seniors 2006-2010...). Ces différentes initiatives s'inscrivent notamment dans le cadre des objectifs fixés aux sommets de Lisbonne (mars 2000) et de Stockholm (mars 2001) visant à porter à 50% le taux d'emploi des travailleurs âgés de 55 à 64 ans. Dans cette même logique, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2009 prévoit un dispositif destiné à inciter les branches et entreprises à négocier des accords seniors et à s'engager sur des objectifs chiffrés. Plusieurs axes de négociation sont envisagés, dont un concernant le tutorat et la transmission des savoirs. Dans ce contexte, ce rapport vise à dresser l'état des différentes pratiques de tutorat et de la place que peuvent y tenir les seniors, d'énoncer des préalables à l'exercice du tutorat par les seniors et enfin de préconiser, à l'attention tant des partenaires sociaux que des pouvoirs publics, des pistes envisageables pour rendre plus pertinent et plus efficace le tutorat en général et celui par les seniors en particulier.
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue
Français
Extrait
Seniors tuteurs : comment faire mieux ? Rapport au Secrétaire d’Etat chargé de l’Emploi Bernard MASINGUE Directeur de formation Veolia Environnement Mars 2009
Ce rapport répond à une mission qui m’a été confiée par le Secrétaire d’Etat chargé de l’emploi1. Ayant constaté que les accords de branches ou d’entreprises en faveur de l’emploi des seniors pourraient prévoir une place significative au tutorat et à la transmission des savoirs et des compétences par ces mêmes seniors, le Secrétaire d’Etat m’a demandé d’engager une analyse des dispositifs de tutorat existants et de proposer des recommandations aux employeurs, aux partenaires sociaux ainsi qu’aux pouvoirs publics le cas échéant. J’ai voulu tout au long de cette mission et plus particulièrement dans la rédaction de ce rapport servir l’objectif qui m’avait été assigné: aider les partenaires sociaux dans leurs négociations et les pouvoirs publics dans leurs décisions concernant le rôle du tutorat et les conditions de son efficacité en particulier pour l’emploi des seniors. Pour réaliser ce travail, j’ai rencontré de nombreux interlocuteurs et me suis largement inspiré des rapports et ouvrages traitant de ces sujets (on trouvera leurs références en annexe et en citation dans le corps du rapport). D’ailleurs, au fil de mon écriture, j’ai fait le choix d’utiliser le « nous » plutôt que le « je » tant la contribution des uns et des autres participait d’évidence à ma propre production. Pour autant le tutorat, d’une part, et les seniors, d’autre part, intéressent des disciplines aussi nombreuses et essentielles que la démographie, la sociologie, le droit social, le management et les sciences de gestion, l’économie, la psychologie et bien sûr la pédagogie Aussi m’était-il difficile compte tenu du laps de temps dont je disposais, des échéances à respecter, de mes activités professionnelles et des limites de mon expertise de réaliser une synthèse sans faille et sans oubli de l’ensemble des paramètres et des enjeux de sujets aux variables si nombreuses. On voudra bien m’en excuser. Heureusement j’ai pu bénéficier du concours, de la compétence et de la disponibilité d’Alexandre Pascal, membre de l’IGAS. Il m’a rendu les choses plus faciles voire faisables. Par ailleurs en même temps que nous réfléchissions à ces enjeux, notre binôme a fait, je crois, la démonstration des vertus de l’intergénérationnel. Que ceux que nous avons rencontrés ne me reprochent pas trop de n’avoir su profiter de leur expertise autant qu’elle le méritait. Et que ceux que nous aurions dû rencontrer veuillent bien me pardonner de n’avoir eu la possibilité de le faire. Leur contribution manque à ce rapport. Enfin, que les collaborateurs de mon équipe au Campus VEOLIA Environnement soient remerciés d’avoir, pendant cette mission, assuré mieux que jamais la charge de l’intendance Bernard Masingue
1Cf. Lettre de mission du 17 juillet 2008.
INTRODUCTION
SOMMAIRE
2
1CONSTAT DES PRATIQUES 41.1LA FAUSSE EVIDENCEDU LIEN NATUREL TUTEURS/SENIORS 51.1.1GLOBALEMENT,LES TUTEURS NE SEMBLENT PAS ETRE CHOISIS PARMI LES SENIORS 51.1.2LES PRINCIPAUX FACTEURS D’EXPLICATION DE LA«SOUS-REPRESENTATION»DES SENIORS PARMI LES TUTEURS 61.2DES PRATIQUES DE TUTORAT PAR DES SENIORS EXISTENT CEPENDANT 71.3DIFFERENTES FORMES DE TUTORAT 102PREALABLES AU TUTORAT SENIOR 142.1TOUT SENIOR N’A PAS VOCATION A DEVENIR TUTEUR 152.2POUR ETRE TUTEUR LE SENIOR DOIT INVESTIR SUR SON EXPERIENCE 172.3LE SENIOR TUTEUR DOIT ETRE AU SERVICE DE LA PERFORMANCE COLLECTIVE 183 21PRECONISATIONS POUR MIEUX FAIRE3.1AMPLIFIER ET ENRICHIR LES PRATIQUES DE TUTORAT 223.1.1CONCEVOIR LE TUTORAT AUTOUR DE QUATRE GRANDES FAMILLES 223.1.2ELARGIR LE CHAMP DES BENEFICIAIRESDU TUTORAT PAR LES SENIORS 283.1.3ENVISAGER UN TUTORAT SPECIFIQUE:LE TUTORAT«D’HERITAGE» 293.2VALORISER ET ORGANISER LE TUTORAT 303.2.1IDENTIFIER LES FREINS AU TUTORAT PAR LES SENIORS 303.2.2DEVELOPPER UNE«DEMARCHE QUALITEELAROTUT» 313.2.3ORGANISER LE TUTORAT SPECIFIQUE«D’HERITAGE» 373.3DEVELOPPER UN CADRE INSTITUTIONNEL FAVORISANT 373.3.1VALORISER L’IMAGE PROFESSIONNELLE DES SENIORS ET DU TUTORAT 373.3.2RECONNAITRE LES TUTEURS 383.3.3FACILITER LE TUTORAT DES RETRAITES DANS CERTAINS CAS SPECIFIQUES 393.3.4RENFORCER LES POSSIBILITES ET LA PERTINENCE DES FINANCEMENTS 40
CONCLUSIONS
ANNEXES
1
42
44
Introduction
2
En France, le taux d’emploi des personnes de 55 et 64 ans se situe autour de 38%. Il est inférieur à la moyenne européenne, qui est à 43,6%, et au taux d’emploi des seniors des principaux pays partenaires (Allemagne, Etats-Unis, Royaume-Uni notamment). Cette caractéristique s’explique principalement par l’existence en France d’une rupture importante entre 59 et 60 ans, le taux 2 d’emploi passant de 42% à 59 ans à 25% à 60 ans . Ces dernières années, plusieurs dispositions ont été mises en œuvre afin de favoriser une augmentation du taux d’emploi des seniors (réforme des retraites de 2003, mise en œuvre d’un plan national d’action concerté pour l’emploi des seniors 2006-2010 ). Ces différentes initiatives s’inscrivent notamment dans le cadre des objectifs fixés aux sommets de Lisbonne (mars 2000) et de Stockholm (mars 2001) visant à porter à 50% le taux d’emploi des travailleurs âgés de 55 à 64 ans. Dans cette même logique, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2009 a prévu un dispositif destiné à inciter les branches et entreprises à négocier des accords seniors et à s’engager sur des objectifs chiffrés. Plusieurs axes de négociation sont envisagés, dont un concernant le tutorat et la transmission des savoirs. Dans ce contexte, ce rapport vise à dresser l’état des différentes pratiques de tutorat et de la place que peuvent y tenir les seniors, d’énoncer des préalables à l’exercice du tutorat par les seniors et enfin de préconiser, à l’attention tant des partenaires sociaux que des pouvoirs publics, des pistes envisageables pour rendre plus pertinent et plus efficace le tutorat en général et celui par les seniors en particulier. Il est précisé que la conception du tutorat retenue dans ce rapport dépasse largement l’approche juridique traditionnelle, liée principalement à l’alternance (contrats d’apprentissage et de professionnalisation). Nous en retenons une définition très large : une activité de personne à personne permettant à un « tutoré » d’acquérir ou de développer ses compétences par la contribution d’un salarié expérimenté. S’agissant de la notion de senior, les statistiques évoquées plus haut, concernent des salariés âgés de 55 ans ou plus. D’autres approches situent cependant l’âge de début de la « séniorité » dès 50 ans, voire 45 ans. Dans ce rapport, il ne sera pas pris position sur ce sujet, la détermination de l’âge à partir duquel on devient senior étant largement dépendante du contexte, des institutions et de leurs acteurs.
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2 Données communiquées par la Direction de l’Animation de la R Source : Statistiques (DARES). Seniors tuteurs : comment faire mieux ?