La vieillesse Dossier IEP 2010 Réalisé par L. Hansen-Löve (30 octobre 2009) Le plan : Présentation I. Le propre de l’homme II. La vieillesse désolée III. La vieillesse magnifiée IV. Une « voyageuse de la nuit » V. Anthropologie de la vieillesse A - La vieillesse des autres B - Le grand âge aujourd’hui C - Un nouveau modèle social Conclusion Page 1 sur 21 Présentation La question de la vieillesse n’a suscité au siècle dernier qu’un intérêt très limité, tant du côté des chercheurs que de celui des acteurs politiques. On peut s’en étonner ; mais il faut remarquer que l’éthique du bonheur individuel d’une part, et d’autre part l’obsession du corps parfait et du rajeunissement permanent, laissent peu de place aux préoccupations morales et epolitiques liées à ce que l’on nomme désormais le « 4 âge » de la vie. Pire encore : le déni du vieillissement est parfois explicitement affiché par une culture déterminée désormais par la tentation de la maîtrise du vivant. La dérive est telle que parfois la vieillesse est considérée, non seulement par ceux qui la vivent mais aussi par le monde médical, comme une sorte de maladie qu’il convient de traiter, voire de prévenir. Depuis quelques années, toutefois, cette omission semble s’être inversée en quasi-fixation. Le thème du grand âge s’est invité dans le débat public.
La question de la vieillesse n’a suscité au siècle dernier qu’un intérêt très limité, tant du côté des chercheurs que de celui des acteurs politiques. On peut s’en étonner; mais il faut remarquer que l’éthique du bonheur individuel d’une part, et d’autre part l’obsession du corps parfait et du rajeunissement permanent, laissent peu de place aux préoccupations morales et e politiques liées à ce que l’on nommedésormais le « 4âge » de la vie. Pire encore : le déni du vieillissement est parfois explicitement affiché par une culture déterminée désormais par la tentation de la maîtrise du vivant. La dérive est telle que parfois la vieillesse est considérée, non seulement par ceux qui la vivent mais aussi par le monde médical, comme une sorte de maladie qu’il convient de traiter, voire de prévenir. Depuis quelques années, toutefois, cette omission semble s’être inversée en quasi-fixation. Le thème du grand âge s’est invité dans le débat public. Les responsables politiques, accompagnant tardivement l’opinion publique et des médias, ont finalement admis le problème considérable posé par le grand âge aux sociétés hyper individualistes, insouciantes, «jeunistes »,mais néanmoins très affectées par le vieillissement global de la population. Désormais, la réflexion sociologique et éthique concernant les « seniors »s’avère tout aussi nécessaire et urgente que celle qui concerne- par exemple - le commencement de la vie oula question de l’immigration.Il nous est donc apparu opportun de renouer avec la philosophie intemporelle des anciens, notamment celle des stoïciens ou de relire les poètes et les grands écrivains qui nous sensibilisent à la déréliction de ceux que l’onnomme désormais, non plus seulement les « seniors » (terme emprunté au langage sportif, ou pire encore, à celui du marketing !), mais, plus élégamment, les «aînés ».La prise en compte et la réhabilitation de la culture des « anciens »est donc devenue une nécessité dans une société par ailleurs obsédée par l’innovation et le dynamisme économique ou intellectuel. Il est grand temps de rappeler, même si l’aveu n’en est pas spécialement agréable, que l’homme est« un être-pour-la mort » (Heidegger), ce qui signifie, entre autres, que la vieillesse n’est pas un écueil inopportun (« un naufrage »), mais la conclusion souhaitée de toute vie heureuse (qui souhaite mourir jeune ?). Les questions posées par le vieillissement aujourd’hui recoupent tous les registres dela condition humaine. Les premières sont d’ordre philosophique et éthique: «En quoi le vieillissement est-il consubstantiel de notre humanité? »,« Pourquelles raisons devons-nous modifier notre regard sur le grand âge? ».Les grands philosophes et les meilleurs écrivains proposent des interrogations existentielles, voire des réponses, éclairantes et précieuses. La réflexion comporte également un volet anthropologique; il est intéressant en effet de comparer les différentes approches du vieillissement selon les sociétés et les différentes cultures. Puis viennent toutes les grandes questions d’ordre politique, économique et social: comment faire face au vieillissement global de notre société en occident? Quel dispositif mettre en œuvre afin de neinactive »pas stigmatiser la part «charge »de la population dont la «pèse chaque jour davantage dans la politique de la nation? Quelle révolution doit-on opérer, notamment sur le plan économique afin de ne pas abandonner les «grands dépendants», aujourd’hui encore trop souvent traités comme des« résidus de personne » ? Certaines de ces questions suscitent perplexité et même angoisse. Cependant plusieurs études d’ordre sociologique qui soulignent l’apport positif- sur le plan économique - et bienfaisant sur le plan psychologique et moral - de la part non pas « inactive », mais apaisée et, dans le meilleur des cas, généreuse, de notre humanité contrastée.