Claude Garcia La journée accablante d’un professeur d’économie Je suis débordé !!! Ou comment mieux comprendre les grandes questions économiques grâce à un feuilleton narrant les mésaventures d’un jeune prof d’économie. Dans ce premier tome en 6 chapitres et 30 épisodes et grâce à des résumés et à un lexique à la fin de chaque chapitre, vous aurez un ouvrage (voir mode d’emploi page suivante) permettant aux lycéens, mais aussi à tous ceux qui ont compris qu’il faudrait de plus en plus… comprendre l’économie, qui vous aidera à décrypter notre environnement économique. Claude GARCIA, Professeur agrégé de Sciences sociales. 1 MODE D’EMPLOI Sans prétention littéraire vous retrouverez les (més)aventures de Bastien, jeune professeur d’économie qui essaie tant bien que mal d’expliquer à ses élèves, sa famille et d’autres interlocuteurs les principaux problèmes économiques. LA JOURNÉE ACCABLANTE D’UN PROFESSEUR D’ÉCONOMIE Le prologue permet de présenter le personnage principal et de laisser entrevoir les difficultés qu’il va rencontrer durant cette longue journée. Les chapitres sont divisés en plusieurs épisodes et à la fin de chaque chapitre, on trouvera un résumé rappelant les points essentiels. Attention, les chapitres sont quasiment indépendants. On peut en sauter pour aller vers les questions qui intéressent le lecteur. - Le chap. 1 (épisodes 1 à 3) permet de réfléchir à l’intérêt de l’économie et ses limites. - Le chap.
Cláude Gárciá Lá journée áccáblánte dun professeur déconomie Je suis débordé !!! Ou comment mieux comprendre les grandes questions économiques grâce à un feuilleton narrant les mésaventures dun jeune prof déconomie.
Dáns ce premier tome en6 chapitreset30 épisodeset grâce à desrésuméset à unlexique àlá fin de cháque chápitre, vous áurez un ouvráge (voir mode demploi páge suivánte) permettánt áuxlycéens, máis áussi àtous ceuxqui ont compris quil fáudráit de plus en plus… comprendre léconomie, qui vous áiderá à décrypter notre environnement économique. Claude GARCIA, Professeur ágrégé de Sciences sociáles.
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MODE DEMPLOI Sáns rétentionlittéráire vous retrouverez lesmés áventuresde Bástien,eune rofesseur déconomieui essáie tánt bienue mál dexli uerà ses élèves, sá fámille et dáutres interlocuteurs les principáux problèmes économiques.LA JOURNÉE ACCABLANTE DUN PROFESSEUR DÉCONOMIELeprologuede présenter le personnáge principálet de láisser entrevoir les permet difficultés quil vá rencontrer duránt cette longue journée. Les cháitres sont divisés enlusieurs éisodes et à lá fin de cháue cháitre, on trouverá un résumé ráppelánt les points essentiels. Attention, les chápitres sont quásiment indépendánts. On peut en sáuter pour áller vers les questions qui intéressent le lecteur. -Le cháp. 1(épisodes 1 à 3)permet de réfléchir àlintérêt de léconomie et ses limites.-. 2Le chá4 à 6é isodes. 3le chá et7 à 12é isodes exli uentce uestune économie monétáire, comment on crée lá monnáie,our uoiil fáut lá contrôler et lutter contre linflátion ; lutte qui á áussi ses inconvénients. -. 4Le cháferále ointsur lEuro13 à 17 ,é isodessur les esá fáit náîtreoirs uil et ses limites. -Le chápitre V(épisodes 18 à 27)áborderá les questions relátives áuxácquis sociáux, à lá protection sociále(retráite, RSA etc.) -Lé ilo uede fáire unremier sur lá crise desdu tomeI ermetsub rimesses et conséquences(épisodes 28 à 30).-le tome DánsII, le feuilleton tráiterá le thème due, chômá desmo ensde lutte, des rándes théories économi ues et il ferá áussi leoint sur lámondiálisátion, et áutres questions dáctuálité.Conseil de lecture. Après le prologue, on peut très bien commencer pár le chápitre IV sur lEuro, ou le 5 sur le riche cháitre sur lárotection sociále, et déláisserár exem lele cháitre IIIlus techniue sur linflátion. Le cháitre Ieut être contourné, máis il permet en quelques páges de montrer les átouts et les fáiblesses de lá science économique.
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PROLOGUE Présentátion de lá journée áccáblánte - « Monsieur, quelquun fráppe à lá porte. - Cest áá ántdêtre interromu, surtout à cousûr ourun motif futile,ensá Bástien. Il dit : « entrez ! » - Nous voudrions párler à Bástien Etchándy, cest bien vous ? - Oui, máis qui êtes-vous ? Il me semble vous connáître, en tout cás, vous, le bárbu. - Je suis Kárl Márx, et voici Adám Smith. - Cest une blágue, un poisson dávril en áutomne ! - Pás du tout, nous sommes très mécontents de lá fáon dont vousrésentez nos théories, et nous sommes venus vous donner une le on. Nous állons vous remettre les idées en pláce, nous ávons une méthode infáillible. » Il ne leur fállutue uelues secondesour ouvrir lá fenêtre, et susendre árles iedsce páuvre professeur dont les efforts de vulgárisátion ne leur convenáient pás. - Aidez-moi les élèves, áu secours ! Le délé ué devenurudent de uis le dernier conseil de clásse,uánd il sá issáit de sádresser à des ádultes, résumá le sentiment générál en se contentánt de répondre : - Máis Monsieur, vous nous dîtes quil fáut rester neutre en économie. - Çá suffit ! Lâchez-moi ! - Tu pláisántes, je suppose ? - Nhésitez pás, lâchez-le ! dit ávec fermeté un nouvel árrivánt. Son ton contrástáit ávec son délicieux áccent ángláis, et son flegme tout británnique. - Qui cest celui-là encore ? Que me veut-il ? - Je suis John Máynárd Keynes. - Máis, Monsieur Kenes, áitou ourseu beáucoudádmirátion ourvous, etinsiste sur limportánce de vos tráváux. - Pás de flágornerie, pás de sentimentálisme, tránchá net Kárl Márx. - Lâchez-moi ! - Tu insistes petit ? - Máis ce nest pás possible. Vous náppártenez pás áux mêmes siècles, et puis vos théories sont contrádictoires. - Certes, máis nous sommes lássés de ces vulárisátions uicáricáturent lá richesse, lá profondeur de nos œuvres, dit J.M. Keynes.
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- Tout à fáit, encháîná Smith. Nous ne supportons plus que de petits prétentieux de ton espèce nous áttribuent, selon leur bon vouloir, des bons, et surtout de máuváis points. Les deux Británniques se tournèrent vers Márx. - Que fáisons-nous ? - Je suis pour un châtiment, disons… cápitál. Le verdict tombá, tout comme Bástien. - Je váis me tuer en tombánt de 6 mètres, non 7 mètres, 7, 7… 7… Il est 7 heures leournál de Fránce Inter. - Quel áffreux cáuchemár ! Décidément,e dors mál dáns lá nuit de Dimánche à Lundi. Déà lá semáine dernière, ávánt de me réveiller en sursáut,étáis oursuivi árFriedmán uime reprocháit de mál présenter le couránt libérál et limportánce de lá lutte contre linflátion, et lá semáine récédente,cétáit Málthusui vouláit métrier áurétexte uee brocárdáisles positions rigoristes du pásteur quil étáit. Déjà 7h 15.Une bonne douche puis un ráságe pour être présentáble. Ce será áussi loccásion de fáire leoint sur cette dureournée uisánnonce. Etuelle ournée! 6 heures de cours un Lundi, cest déráisonnáble. Je ne váisás tout de même, à 28 áns, sácrifier tout mon week-end, pour peáufiner des cours destinés à des élèves encore moins en forme que moi. Nem êcheue sur lá monnáie et linflátion en Première, siái desuestions tro techni ues,e ris ue dêtre en difficulté. Ce nestás ráve,éluderái, edirái uelá question est intéressánte máis que je ne peux, en début de Première, y répondre com lètementcár celá nous conduiráit dáns des déveloements trolon s,tro árdus.Un Lundi, ceenre dárument est très dissuásif. Pár contre, cet árès-midi sur le chômáe, á devráit rouler. Cest un de mes dádás. Je pourrái briller et leur montrer lintérêt des Sciences Économi ueset Sociáles. Les S.E.S. áident à mieux comrendre lá société et léconomie dáns lesuelles nous vivons. Elles contribuent éálement à former le citoen, cest sûrement pour celá quelles ágácent les Ministres de lÉducátion Nátionále. Notre discours est jugé tro critiue. Il me tárde vráiment de fáire ce cours,e ne cráins rien sáufeut-être… le cássoulet de Mámán. Cest pás vrái, jáváis oublié que cháque Lundi, je mánge chez mes párents. Má mère croit ue loin de chez ellee dééris. Il est vrái dit-elle,ue les fillesuon côtoie áuourdhui, ont rem lácélá cásseroleár louvre-boîte et les bonnes sáucesár desláts surelés « liht ». Résultát, le Lundi cest sáucisse lentilles, couscous ou rágoût de mouton ávec bien sûr des ommes de terre. Difficile dáns ces conditions de rendre vivánt un cours. Enensánt áux cuisinières du troisième millénáire,e ne suisás content de Julie, márof dán láis préférée. On peut dire quon est proches et même très proches, máis áussi modernes. Je trouve normáluelle soit állée ávec sá collèue Cécile à Páris,ásser le week-end chez une áutre coine. Máis elle exáère, elle áuráitu me téléhoner, même en rentránt tárd. Je suis pourtánt beáu joueur. En cours, quánd on áborde le státut de lá femme, je me félicite de son évolutionositive, de lémánciátion féminine. Jémáille même mesro osde termes án láis.Et comme récomense ? Pás un coude fil et du surelé tout le week-end, ceui ne surprendráit pás má mère. Ne báissons pás les brás, il fáut que je nous orgánise une etite soirée sm á: Je ferái les courses à 17 heures, non 17 h 30. Je reois Mme Bourdon, qui, bien entendu, ná pás le morál à cáuse de son fils. Quelle journée ! Heureusement que je commence pár un cours de Seconde sur lá populátion áctive, les táux dáctivitéár sexe etár âe, etc. Autánt deuestions ássionnántes ui vous endorment une clásseás vráiment réveillée. Cá meermettrá dárriver sáns encombre áu cáfé de 10 heures et de voir Julie pour lui párler de notre soirée ».
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Chápitre I EPISODE 1 - LÉCONOMIE, UNE SCIENCE MOLLE ? A QUOI CA SERT LÉCONOMIE ? Sonnerie de 8 h 55. Sálle des professeurs. - En forme Bástien ? - Comme un lundi. - Tu ás trop fáit lá fête. - Non, jái simplement conversé ávec des fántômes cette nuit.
- Quoi de plus… - Surnáturel ! Lâche-moi un peu Pátrick. - Un conseil en tout cás, évite de brûler le feu rouge près du lycée. - Jái simplement confondu loránge et le rouge. Au fáit, mon cours de seconde est bien dáns lá chemise oránge. Ce nest pás vrái, jái pris lá rouge, celle de lá séánce de terminále. Déjà quávec mon prompteur de páuvre (le cours) je peine le lundi, je váis cárrément rámer. Il vá fálloir ruser et gágner du temps. 9 h 00. Début du cours. Après un minutieux et donc, long áppel, il fáut se láncer. - Avez-vous des questions sur láctuálité ? - Allons, on se concentre. Je répète : y á-t-il des questions ? Je men doutáis. Ils dorment, ils sen foutent, ils ne feront rien pour máider. En ángláis, Julie les bráncheráit sur des «gossips», des potins, máis nous, on se prend pour des gens sérieux. Tánt pis, revenons áux définitions de lá populátion áctive, áux différents cálculs qui en découlent.
- Tout le monde á bien compris lintérêt de ces cálculs ?
- Eh ben, à quoi çá sert Monsieur ?
- Vous voulez dire Ráchid, ces cálculs ?
- Non, léconomie.
- Mon père, il dit à remplir les formuláires de lA.N.P.E. ou du pôle emploi comme on dit máintenánt…
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- Ah pás ceenre dhumour Kévin, surtout un lundi! Revenons à lá question de Ráchid. Précisez votre pensée.
- Lerenez ásmál, Monsieur. Cá fáitlus dun moisuon á commencé cette nouvelle mátière, et je nái pás su bien expliquer à quoi çá sert, quánd mon père má posé lá question.
Purée, je vouláis méloigner de ce cours oublié, máis là, on áttáque fort. Cest une question essentielle.
- Disons que cette mátière doit vous áider à mieux comprendre, à décrpter léconomie et lá société dáns lesquelles nous vivons. On sáppuie sur diverses sciences comme léconomie…
- Le prof de Máths, il á dit que ce nétáit pás une science.
Intervention perfide de Solène, une petite peste, comme pár hásárd fille dun collègue de physique.
- Vous êtes sûre quil á dit çá ? - Monsieur, il ne fáut pás vous láisser fáire. Il fáut lui demánder des comptes, on peut venir ávec vous à lá récréátion. - Du cálme Mustáphá ! - En fáit, il á dit ce nest pás une science exácte. - Votrerécision est imortánte Solène, et elle devráit nous éviter unu ilátdáns lá sálle des profs. - Et pourquoi pás ? il nous á donné un devoir váchement difficile láutre jour. - Jái dit du cálme ! Revenons à ceui nous intéresse. On oose les sciences exáctesex. lá phsique, lá chimieáux sciences humáinesex. lhistoire . Les premières concernent des phénomènes á priori náturels quon peut souvent étudier en láborátoire. Jássocie les roduits A et B eten retire leroduit C. Je refáis áutánt de fois lexérience uille fáut en neutrálisánt les fácteurs extérieurs, eten tire une loi. Les sciences humáines, elles, étudient les hommes, les femmes, leurs comportements. Les fácteurs explicátifs sont très nombreux. Im ossiblede les mettre sérieusement en éuátions. Au mieux, on dirá, voilà ceui dáns cet ensemble déléments me páráît le mieux expliquer le phénomène étudié. Conclusion : dáns une science exácte áu même moment on áurá à peu près lá même vérité, le même discours, sáuf de láárt des incométents, máis áussi des chercheurslus brillántsui font pro resserleur science. Lá vérité des sciences exáctes est donc bien plus relátive quon ne veut bien le dire. Dáns les sciences humáines, áu même moment des gens reconnus pár lá communáuté scientifique pourront tenir des discours diámétrálement opposés. - Même en éco ? - Oui. - Cest embêtánt.
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- Moi,e diráis plutôt que cest ce qui fáit le chárme de léconomie. Pár exemple, pour lutter contre le chômáge, certáins ávánceront quil fáut álléger le coût du tráváil, et dáutres diront quil fáut áméliorer le pouvoir dáchát des sáláriés.
- Qui á ráison ?
- Je ne peux répondre áinsi à lá question. Il fáut comprendre lá logique, lá cohérence de ces ro ositions,les remettre dáns leur contexte historiue. Autrement dit, fáisons lá différence entre léconomie, cest-à-dire ce quon peut vivre quotidiennement et lÉconomie, lá discipline, qui áide à comprendre les rouáges de léconomie cápitáliste. Elle doit dire voilà, ce uisest ássé,elle álus de mál à dire voilà ceui vá seásser. Máis elle doit áider lhomme politique à fáire les bons choix économiques, et le cito en à choisir ceux qui semblent cápábles de fáire ces bons choix économiques.
- Donc léconomie, comme dit mon père, est une science molle.
- Cest vrái Solène que certáins opposent sciences duresou exáctesáux mollesou humáines). Personnellement, nétánt pás un universitáire déconomie, je mámuse de ce clássement uise veut blessánt. Ceui comte, cestue lá démárche ádotée dáns une discipline soit lá plus scientifique possible. Cest le cás de léconomie et de lá socioloie, même si leurs tráváux débouchent fréquemment sur des conclusions nuáncées et donc décevántes ourles médiás et les citoens uiáimeráient ávoir des certitudes. Encore une fois, lêtre humáin, ete men félicite, nest pás près dêtre mis en équátions. Máis pás de doute, léconomie est bien plus proche de lástronomie que de lástrologie.
- Ouáis, máis moi çá ne me pláiráit pás de me fáire tráiter de science molle.