Le groupe de travail présidé par Yvan Lachaud privilégie l'insertion professionnelle des jeunes handicapés en milieu ordinaire de travail, et ce, même s'il n'écarte pas la question de l'insertion en milieu protégé. Le rapport replace la problématique de l'insertion professionnelle des jeunes handicapés dans son contexte, analyse les dispositifs existants et aborde successivement les difficultés et besoins des jeunes handicapés, des structures existantes et des entreprises. Les propositions du groupe de travail tournent autour de six axes : promouvoir une mise en situation professionnelle pour éviter la rupture entre la sortie de l'école et l'entrée dans le monde du travail ; favoriser la voie de l'alternance ; favoriser le tutorat pour les travailleurs handicapés ; créer un guichet unique pour les entreprises et un interlocuteur référent pour les jeunes handicapés ; mieux valoriser toutes les actions favorisant l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés, et pas uniquement l'embauche ; créer un label « Solidaire handicap », décerné par la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité) pour récompenser les entreprises qui organisent l'accueil et l'accompagnement des travailleurs handicapés.
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue
Français
Extrait
Yvan Lachaud Député du Gard Premier adjoint au maire de Nîmes Vice-président de Nîmes Métropole Favoriser linsertion professionnelle des jeunes handicapés A la suite du rapport sur la scolarisation des élèves handicapés remis par Yvan LACHAUD en octobre 2003 au ministre de lEducation nationale et à la secrétaire dEtat chargée des personnes handicapées, la loi pour légalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a affirmé le droit pour tout élève handicapé de pouvoir bénéficier dun parcours de prise en charge qui soit adapté à ses besoins. La suite logique de cet accès à la scolarité en milieu ordinaire est laccès à un métier en milieu ordinaire. Tel a été le sujet sur lequel Mme Montchamp, secrétaire dEtat aux personnes handicapées, a confié lanimation dun groupe de travail, le 9 mars 2005. Cette mission a été confirmée par M. Bas, ministre délégué à la Sécurité sociale, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille. Ce groupe de travail, conduit par Yvan LACHAUD, était composé de : - M.EQUELEVGuy, secrétaire général de l'association R2H (Ressources humaines et handicap) et représentant du MEDEF - M.RUYlAMMheic, directeur de lALEPH (Association pour lemploi des personnes handicapées du Gard), Cap Emploi - MmeBOLElCiaerN, coordinatrice du PDITH de la Lozère Il a également fait appel à : - MmeANCCNAlCedua, inspectrice AIS du Gard - M.GuyVAUGE,SIOconseiller chargé de lapprentissage et de la formation professionnelle auprès du ministre délégué à lEmploi, au travail et à linsertion professionnelle des jeunes. Il sest réuni régulièrement entre mars et novembre 2005, à Paris et à Nîmes. Il a auditionné une large partie des représentants des organismes participant à linsertion professionnelle des jeunes handicapés. Ces auditions ont permis de comprendre les difficultés que rencontrent les jeunes handicapés dans leur parcours vers lintégration professionnelle, mais aussi dimaginer des propositions pour améliorer la situation. Ce rapport est le fruit de ce travail.
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Nous souhaitons adresser nos sincères remerciements à : -Jean BOISSE, directeur général adjoint chargé des ressources humaines et de la communication au groupe HENNER -Jean-Paul CHAMPEAUX, directeur de FAIT 21 -Patricia DOMERGUE, directrice du CIO spécialisé de Paris -RRH dans lentreprise Melox à Bagnols sur Cèze etElisabeth FREUND-CAZAUBON, adjointe Claire GAYE, correspondante TH -FRUCHARD, direction des ressources humaines de LAFARGEBenoît -Christian GRAPIN, directeur de lassociation Tremplin -GUILLON, du secrétariat dEtat pour linsertion professionnelle des jeunesMonique -Yves HINNEKINT, directeur de lOPCAREG Ile-de-France -Pépita JODAR, responsable du développement du CFA Com -Daniel LAMAR, président de lAFIJ -Marie-Joëlle MANTEAU, conseillère technique au ministère de lEducation nationale -Sébastien MORTREUX, responsable de la mission Emploi Travailleurs handicapés de Paris, OHE 75 Prométhée -Mme PARNAUDEAU, directrice de la Mission locale de Maisons-Alfort, et Mme HACKSPILL, responsable de linsertion des jeunes handicapés -Marie-Aude TORRES-MAGUEDANO, coordinatrice apprentissage-insertion à la direction des relations sociales de LOréal Philippe VIVIEN, directeur des ressources humaines du groupe AREVA -
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Sommaire Remerciements..2 Sommaire....3 Introduction....4 Présentation des six propositions.7 Le constat 8 I. Les jeunes handicapés sont dabord des jeunes II. Le contexte de linsertion professionnelle des personnes handicapées III. Les dispositifs existants IV. Une reconnaissance difficile du handicap entre 16 et 25 ans V. Les difficultés et les besoins des jeunes handicapés VI. Du côté des structures existantes VII. Du côté des entreprises : quels sont les obstacles rencontrés ? Les propositions 19 1.Donner à chaque jeune handicapé une orientation validée par une mise en situation professionnelle I. Améliorer le repérage du jeune appelé à devenir un « travailleur handicapé » II. Améliorer lorientation 2. Favoriser la voie de lalternance III. Favoriser laccès des jeunes handicapés à lalternance : favoriser lentrée sur le marché du travail par la voie professionnelle IV. Développer et valoriser les stages en entreprise 3. Systématiser laccompagnement des jeunes handicapés par un tuteur V. Favoriser le tutorat pour les travailleurs handicapés 4.Créerun/ interlocuteur référent pour les entreprisesguichet unique VI. Simplifier les procédures pour les entreprises, en leur fournissant un interlocuteur unique VII. Mieux coordonner les différents acteurs de linsertion professionnelle 5. Valoriser toutes les actions des entreprises en faveur de linsertion professionnelle VIII. Mieux valoriser toutes les actions favorisant linsertion professionnelle des travailleurs handicapés, et pas uniquement lembauche IX. Rationaliser le mode de calcul de lobligation demploi des travailleurs handicapés 6. Un label « Solidaire handicap » pour récompenser les entreprises X. Décerner un label « Solidaire handicap » XI. Prospecter les entreprises XII. Améliorer la diffusion de linformation sur les offres demploi XIII. Informer, sensibiliser et former tous les niveaux hiérarchiques des entreprises, pour changer les mentalités XIV. Développer une offre demploi conforme au niveau des jeunes handicapés Conclusion..38 Comptes-rendus des auditions..39 Annexe : statistiques..62 Lexique des principaux sigles utilisés..65
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1 objectif : faciliter lentrée des jeunes handicapés en entreprise 3 axes forts : orientation, qualification, accompagnement 6 propositions pour faire changer les choses INTRODUCTIONLes objectifs du groupe de travail sont délaborer des propositions claires et efficientes, en étant innovant. Le périmètre retenu ici pour linsertion professionnelle sétend à la fois au milieu ordinaire, au milieu protégé et aux entreprises adaptées. Quun jeune handicapé soit intégré à lécole primaire puis au collège et au lycée malgré un handicap, cest bien ; trouver un établissement spécialisé adapté aux troubles spécifiques des enfants handicapés, cest parfait. Mais à quoi servent les pédagogies adaptées, les efforts autour de lélève handicapé, sils ne débouchent pas, par la suite, sur une insertion professionnelle à la hauteur des compétences du jeune adulte ? La scolarisation dans le primaire et le secondaire possède ses filières, ses repères et ses structures propres, mais le parcours qui va de lécole à lentreprise nest pas encore balisé ; les chemins sont nombreux et les obstacles encore plus : difficulté à choisir une orientation et à évaluer les débouchés, intervenants trop divers, secteurs cloisonnés, absence de vue densemble des possibilités Si la loi sest fixé comme objectif de scolariser un maximum de jeunes handicapés, et cest une bonne chose, lEducation nationale et ses partenaires doivent aujourdhui se préoccuper davantage de la sortie des jeunes de ce dispositif. Ce serait, dans le cas contraire, susciter une profonde déception des jeunes et de leurs parents. De plus, laisser échapper la possibilité de linsertion professionnelle à ce moment, cest risquer de rendre cette insertion beaucoup plus difficile ensuite. La demande dinsertion professionnelle va nécessairement croître dans les prochaines années, du fait de la sortie du système UPI de nombreux jeunes handicapés et de lamplification de ce système ; en effet, les UPI ont été étendues en 200112003, le ministère de lEducation nationale et leet, en secrétariat dEtat aux personnes handicapées se sont engagés sur la création de 1 000 UPI supplémentaires en cinq ans. Il ne faut pas non plus méconnaître le fait que les parents mettent lécole comme un but ultime, surinvestissent lécole, au détriment de la vie sociale à côté. Le but ultime doit être de former un adulte intégré. Linsertion scolaire, professionnelle, sociale comporte une prise de risque que les parents doivent accepter. Pour un jeune handicapé, être réellement intégré, cest aussi utiliser les transports en commun et non le taxi pour aller au lycée professionnel et à son entreprise. Linsertion professionnelle, qui est un objectif pour beaucoup de parents et un défi quand le jeune présente un handicap, est laboutissement idéal dun parcours scolaire réussi. Les jeunes handicapés, les parents, mais aussi les professionnels et les chefs dentreprise sont confrontés à un certain nombre de difficultés ; ce rapport cherche à les mettre en évidence et à proposer les mesures permettant dy répondre. Comment évaluer le niveau dun adolescent handicapé ? Les parents, les enseignants, les conseillers dorientation sont souvent démunis, alors quil existe dans de nombreuses villes des dispositifs spécialisés, trop peu connus. Comment
1Circulaire UPI n° 2001-035, prévoyant le développement des UPI pour les élèves présentant des déficiences sensorielles ou motrices. 4
acquérir, à son rythme, un savoir-faire professionnel ? Les échecs dans lapprentissage dun métier par un jeune handicapé ne doivent pas être négligés, suscitant des déceptions à la hauteur des attentes, alors quil est possible de bénéficier daides humaines, financières ou techniques. Où trouver linformation sur les filières possibles ? Enfin, alors que la situation de lemploi est actuellement tendue, est-il raisonnable despérer un travail dans le milieu ordinaire quand on a un faible niveau de qualification ? Et comment trouver une entreprise ou un organisme ? Les premières questions : quel mode de fonctionnement (stages en entreprise) trouver pour établir des liens entre les jeunes handicapés et le monde du travail ? Quelle aide apporter aux entreprises qui emploient des travailleurs handicapés ? Pourquoi ne pas envisager de nouvelles diminutions de charges sociales, développer les abattements ? Un tutorat, semblable à celui mis en place dans lentreprise pour les jeunes en difficulté, qui en bénéficient tant quils nont pas trouvé un emploi stable ? Il est important davoir à lesprit quela véritable et seule difficulté pour un jeune travailleur handicapé nest pas le handicap, cest la compétence. « Les entreprises ne font pas du social » : elles veulent embaucher des salariés compétents, productifs. Dès lors, il ne sagit pas de traiter un handicap, mais un manque de compétences. Quand une entreprise recrute des secrétaires bilingues à bac + 2, comment lui faire accepter dembaucher un jeune handicapé ayant le niveau CAP ? En revanche, à compétence égale, le jeune handicapé aura toutes ses chances, sans discrimination aucune. Il faut aussi faire prendre conscience aux recruteurs que le niveau de formation des travailleurs handicapés est significativement inférieur à la moyenne nationale : un tiers n'a aucun diplôme (contre 15 % pour l'ensemble de la population active) et 12 % seulement ont un diplôme de l'enseignement supérieur (contre 26 % de la population active dans son ensemble) ; en 2000, 85 % des travailleurs handicapés inscrits à l'ANPE avaient un niveau de formation inférieur ou égal au CAP/BEP2. Sil est indispensable de prendre en compte le plus tôt possible les spécificités des jeunes handicapés, il faut tout autant éviter la « ghettoïsation » et ne pas créer de structure spécifique sil ny en a pas besoin. Cest ainsi que les CFA ont un rôle très important à jouer dans linsertion professionnelle des jeunes handicapés, car ils reposent sur le principe dun enseignement de droit commun ; ils sont donc moins « ghettoïsants » que les structures CFAS « avec murs » qui nintègrent que des jeunes handicapés. Il nous paraît préférable dapporter un appui (humain et technique) aux CFA classiques, plutôt que de créer des structures spécialisées (CFAS). Cest pourquoi nous avons délibérément choisi de jouer la carte de la scolarisation en milieu ordinaire, en UPI collège ou en UPI lycée, et de lintégration professionnelle en milieu ordinaire. Selon la définition contenue dans larticle 2 de la loi du 11 février 2005 pour légalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, constitue un handicap « toute limitation dactivité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison dune altération substantielle, provisoire ou définitive dune ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentale, cognitives ou psychiques, dun polyhandicap ou dun trouble de santé invalidant. » Ce handicap peut alors entraîner des restrictions dans laccès ou lexercice de certaines activités professionnelles. Les jeunes handicapés peuvent être atteints dune maladie invalidante, dun handicap, moteur, visuel, auditif, dune déficience intellectuelle, de troubles psychiques ou dun polyhandicap. Sur la base de données parisiennes, on constate que près de trois jeunes handicapés sur quatre (72 %) sont handicapés depuis leur plus jeune âge ; cela a impliqué une place particulière dans leur famille et a eu des retentissements durant leur développement. Notre réflexion porte essentiellement sur linsertion professionnelle des jeunes handicapés en milieu ordinaire de travail. Toutefois, la question de linsertion en milieu protégé nest pas évacuée, car ce 2Sources : AGEFIPH, ANPE, DARES ; rapport du sénateur Paul Blanc, « Compensation du handicap : le temps de la solidarité », rapport sénatorial dinformation n° 369 (2000-2001). 5
type dinsertion reste évidemment pertinent pour certains jeunes handicapés. On loppose parfois à linsertion professionnelle en milieu ordinaire, mais il représente aussi une vraie forme dinsertion. Ainsi les propositions relatives aux actions envisagées en amont et en aval peuvent-elles être utilisées soit que lon envisage une orientation vers le milieu ordinaire, soit que lon envisage une orientation vers le milieu protégé. Il est également important de souligner que nombre de ces propositions, notamment celles portant sur leffort nécessaire en matière dorientation scolaire et professionnelle, pourraient avantageusement être étendues à lensemble des élèves. Le parti qui a été délibérément choisi dans ce rapport est deprivilégier lentrée des jeunes handicapés dans lentreprise par la voie de lalternance. Cest, de lavis unanime des personnes auditionnées, la voie la plus sûre pour permettre aux jeunes handicapés de décrocher un emploi, mais aussi pour surmonter les réticences des entreprises vis-à-vis du recrutement dun jeune handicapé. Cette intégration professionnelle sentend évidemment dans le cadre dun tutorat. Lobjectif final est de favoriser la construction, par et pour le jeune, dun parcours cohérent grâce à une mise en réseau des acteurs du système scolaire, de linsertion professionnelle et des acteurs économiques. Il ne pourra pas exister de parcours type. Les jeunes handicapés présentent tous, en fin de cursus scolaire, des profils différents. Les parcours scolaires des enfants présentant un handicap sont encore souvent chaotiques, ponctués de ruptures ; ils peuvent avoir été intégrés à lécole ordinaire ou avoir fait lobjet dune orientation en milieu spécialisé ; à la fin du cursus scolaire, leur niveau de qualification est plus faible que la moyenne. Les uns pourront plus ou moins surmonter les difficultés rencontrées dans le langage oral et/ou écrit ; dautres devront affronter les effets de leurs troubles initiaux sur leur tempérament, leurs capacités de socialisation ou leur autonomie.