Texte écrit par Jules Verne en 1893 Version modifiée par Michel Verne, publiée en 1910
Table des matières
I .................................................................................................3II ................................................................................................6III ..............................................................................................8IV ............................................................................................. 12V .............................................................................................. 19VI .............................................................................................25VII ...........................................................................................28VIII ..........................................................................................38IX.............................................................................................45X ..............................................................................................49À propos de cette édition électronique ................................... 51Nota. Pour la compréhension des termes musicaux, le lecteur pourra utilement consulter leDictionnaire pratique et historique de la musique se trouve à ladresse Internet qui suivante :hp:ttdi//nimo.com/tcoinniaerm.teor
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Nous étions une trentaine denfants à lécole de Kalfermatt, une vingtaine de garçons entre six et douze ans, une dizaine de filles entre quatre et neuf ans. Si vous désirez savoir où se trouve exactement cette bourgade, cest, daprès ma Géographie (p. 47), dans un des cantons catholiques de la Suisse, pas loin du lac de constance, au pied des montagnes de lAppenzell. « Eh ! donc, vous là-bas, Joseph Müller ? Monsieur Valrügis ? répondis-je. Quest-ce que vous écrivez pendant que je fais la leçon dhistoire ? Je prends des notes, monsieur. Bien. » La vérité est que je dessinais un bonhomme, tandis que le maître nous racontait pour la millième fois lhistoire de Guillaume Tell et du farouche Gessler. Personne ne la possédait comme lui. Le seul point qui lui restât à élucider était celui-ci : à quelle espèce, reinette ou calville, appartenait la pomme historique que le héros de lHelvétie avait placée sur la tête, de son fils, pomme aussi discutée que celle dont notre mère Ève dépouilla larbre du bien et du mal ? Le bourg de Kalfermatt est agréablement situé au fond dune de ces dépressions quon appelle « van », creusée sur le
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côté davers de la montagne, celui que les rayons du soleil ne peuvent atteindre lété. Lécole, ombragée de larges frondaisons, à lextrémité du bourg, na point laspect farouche dune usine dinstruction primaire. Elle est gaie daspect, en bon air, avec une vaste cour plantée, un préau pour la pluie et un petit clocher où la cloche chante comme un oiseau dans les branches. Cest M. Valrügis qui tient lécole, de compte à demi avec sa sur Lisbeth, une vieille fille plus sévère que lui. Tous deux suffisent à lenseignement : lecture, écriture, calcul, géographie, histoire histoire et géographie de la Suisse sentend. Nous avons classe tous les jours, sauf le jeudi et le dimanche. On vient à huit heures avec son panier et des livres sous la boucle de la courroie ; dans le panier, il y a de quoi manger à midi : du pain, de la viande froide, du fromage, des fruits, avec une demi-bouteille de vin coupé. Dans les livres, il y a de quoi sinstruire : des dictées, des chiffres, des problèmes. À quatre heures, on remporte chez soi le panier vide jusquà la dernière miette. «... Mademoiselle Betty Clère ?... Monsieur Valrügis ?... répondit la fillette. Vous navez pas lair de prêter attention à ce que je dicte. Où en suis-je, sil vous plaît ? Au moment, dit Betty en balbutiant, où Guillaume refuse de saluer le bonnet Erreur ! Nous nen sommes plus au bonnet, mais à la pomme, de quelque espèce quelle soit ! » Mlle Betty Clère, toute confuse, baissa les yeux, après mavoir adressé ce bon regard que jaimais tant.
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« Sans doute, reprit ironiquement M. Valrügis, si cette histoire se chantait au lieu de se réciter, vous y prendriez plus de plaisir, avec votre goût pour les chansons ! Mais jamais un musicien nosera mettre pareil sujet en musique ! » Peut-être notre maître décole avait-il raison ? Quel compositeur prétendrait faire vibrer de telles cordes ! Et pourtant qui sait ?... Dans lavenir ?... Mais M. Valrügis continue sa dictée. Grands et petits, nous sommes tout oreilles. On aurait entendu siffler la flèche de Guillaume Tell à travers la classe une centième fois depuis les dernières vacances.