Louis Noir
UNE FRANÇAISE CAPTIVE
CHEZ LES PEAUX ROUGES
Chez les Sioux
Voyages, explorations, aventures
Volume 16
(1899)
Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Table des matières
PRÉFACE ..................................................................................5
CHAPITRE PREMIER UN CAMP DE SIOUX ......................10
CHAPITRE II RAYON-D’OR LE BOIS-BRULÉ ....................35
CHAPITRE III LES CAPTIVES .............................................42
CHAPITRE IV CHEZ LES SAUVAGES .................................50
CHAPITRE V LOYAUTÉ SAUVAGE .....................................54
CHAPITRE VI MADEMOISELLE DE PELHOUER ET
RAYON-D’OR .........................................................................56
CHAPITRE VII À LA CIBLE .................................................. 61
CHAPITRE VIII FINESSE D’OURS BLANC.........................69
CHAPITRE IX LES JAGUARS ..............................................76
CHAPITRE X LES JAGUARS................................................81
CHAPITRE XI LES BISONS..................................................92
CHAPITRE XII LES OURS GRIZLY ...................................103
CHAPITRE XIII LA CÉRÉMONIE DE LA PRISE DU
BOUCLIER.............................................................................111
CHAPITRE XIV FAUX SIOUX.............................................117
CHAPITRE XV LES TROIS COUPS DE FEU......................120
CHAPITRE XVI BON VOYAGE........................................... 132
CHAPITRE XVII RÉFLEXIONS.......................................... 135
CHAPITRE XVIII EXÉCUTÉS ! 137 CHAPITRE XIX SCÈNE D’AMOUR.................................... 139
CHAPITRE XX L’AMOUR MISSIONNAIRE ...................... 144
CHAPITRE XXI DÉNOUEMENT........................................ 146
À propos de cette édition électronique................................. 147
– 3 –
Je dédie ce livre à mon ami Yan d’Argent, très content
d’être devenu son voisin.
Son tout dévoué,
Louis NOIR.
– 4 – PRÉFACE
Pour voir des Peaux-Rouges, il faut se hâter, j’entends de
vrais Peaux-Rouges, de ceux de l’Amérique du Nord que Feni-
moore Cooper a immortalisés.
Peaux-Rouges vivant de chasse et non des aumônes du
gouvernement.
Peaux-Rouges en liberté.
Ils vont se réduisant sans cesse en nombre et en force.
C’est une race qui s’en va.
Il n’y en a pour ainsi dire plus aux États-Unis, presque plus
au Canada.
Si ceux du dernier pays durent encore, ils le doivent à la ri-
gueur du climat dans le Haut-Canada, où les froids descendent
à trente et quarante degrés.
L’Indien, au milieu des forêts, avec bon feu à son foyer,
brave dans son wigwam cette rigoureuse température ; dehors,
couvert de peaux, avec un manteau en peau ressemblant à une
chape, il est en état de résister aux temps les plus durs.
Ses mocassins de peau cuir en dehors, poil en dedans, pro-
tègent ses pieds et ses jambes.
Nul n’a chaussure plus douce, plus souple, plus impénétra-
ble à la pluie et à la gelée.
– 5 –
Le manteau emprisonne beaucoup d’air, et l’air, mauvais
conducteur de la chaleur ou du froid, forme un matelas protec-
teur.
Sans les mocassins, sans le manteau-chape, l’Indien ne
saurait passer des hivers de sept mois par des gelées effrayan-
tes.
Mais il les supporte assez facilement et voilà pourquoi une
partie de ce peuple réfugié dans le Haut-Canada solitaire se sur-
vit à lui-même.
Mais si le Canada finit par se peupler, le dernier Peau-
Rouge disparaîtra.
C’est fatal.
Toutes les fois que les Anglo-Saxons touchent un peuple
sauvage, le contact, pour celui-ci, est mortel.
Jamais d’exception.
Les Anglais ont fait une loi divine, je l’ai déjà dit, de cette
disparition des races inférieures.
« Le sauvage ne peut, disent-ils, vivre à côté du civilisé. »
C’est un aphorisme pour les Anglais.
Mensonge évident !
Infâme mensonge !
– 6 – Au Mexique, non seulement les Indiens survivent, se sont
transformés, civilisés, mais ils sont d’honorables citoyens jouis-
sant de tous les droits civils et politiques des blancs.
Une nouvelle race s’est même formée, mêlant les sangs,
race des métis.
Dans toutes les républiques de l’Amérique du Sud il en est
de même.
Voilà le démenti éclatant que donne la race latine aux An-
glo-Saxons.
Ils n’en continuent pas moins à soutenir que
l’anéantissement des Peaux-Rouges est une loi providentielle.
La Providence qui tue les Indiens, c’est la race anglo-
saxonne.
Dès qu’une tribu est signalée comme ne mourant pas assez
vite de l’eau-de-feu, on lui envoie des marchandises infectées du
virus de la petite vérole ; puis, pour aller plus vite, on lui cher-
che noise, elle se révolte, on l’extermine.
Cattelin a raconté cette sinistre histoire des tribus que les
États-Unis ont fait disparaître par ces moyens ignobles.
Dès que le flot montant de l’émigration approche d’une ré-
serve d’indiens, territoire assigné par le gouvernement à une
tribu, si cette tribu ne fuit pas dans les solitudes glacées du
Nord, elle est perdue.
Parmi celles qui survivent parce qu’elles ont fui le contact
des Anglo-Saxons, la plus belle, la plus nombreuse est celle des
Sioux.
– 7 – Elle compte encore environ vingt mille âmes divisés en
clans plus ou moins nombreux, une quarantaine, d’environ cinq
cents hommes chacun, un peu plus, un peu moins.
Le nom indien des Sioux est en réalité Dakotas.
Chaque bande nomme son chef et celui-ci fait partie du
Grand Conseil.
C’est le Sénat indien.
C’est le système représentatif.
Cette tribu, comme le dit Cattelin, est l’une des plus belles,
des plus puissantes de l’Amérique du Nord.
Elle compte six ou sept mille cavaliers bien montés.
Elle est campée sous des tentes et elle est sans cesse en dé-
placement.
Nous allons voyager dans ce volume avec les Sioux.
Nous dirons leurs mœurs curieuses.
Le lecteur, en nous suivant, verra cette vie bien pittoresque
en migration.
Elle erre sans cesse.
Elle ressemble beaucoup aux tribus arabes du Saraha.
Mais elle n’est point pastorale.
Elle vit uniquement de chasse.
– 8 – Il nous a paru intéressant, après que Fenimoore Cooper a
écrit le Dernier des Mohicans, de décrire les derniers Sioux.
Ce peuple, pourtant, mériterait de survivre ; mais aura-t-il
cette bonne fortune ?
Hélas non, si c’est la Providence anglo-saxonne qui règle
ses destinées.
– 9 – CHAPITRE PREMIER
1UN CAMP DE SIOUX
Une centaine de tentes s’élevaient au milieu d’une plaine
canadienne immense où les forêts alternaient avec les prairies.
Ces tentes, très vastes, étaient soutenues chacune par
quinze ou vingt montants disposés à ce que l’eau de pluie
s’écoulât.
Ces tentes sont faites de peaux de bisons cousues ensemble
avec les tendons de l’animal ; ces peaux forment chacune un
tableau délimité par un cadre de broderies.
Les femmes obtiennent celles-ci en teignant des tendons
dans les sucs de certaines plantes et l’effet est très agréable à
l’œil.
Les artistes ont des fantaisies charmantes et ces broderies
dessinent des arabesques souvent très originales.
Dans ces cadres, les femmes ont dessiné d’abord et peint
ensuite des scènes de guerre et de chasse avec la grâce naïve, la
justesse et la puissance d’expression des primitifs.
Ce n’est pas correct au point de vue École des Beaux-Arts,
mais combien c’est vrai et comme c’est toujours nature.
1 L’épisode qui précède ce récit a pour titre : Une Chasse à courre
au Pôle nord.
– 10 –