Leblanc victor brigade mondaine
244 pages
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Extrait

Maurice Leblanc VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE (1934) Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » – 2 – Table des matières Chapitre I Il court, il court, le furet…......................................6 II La casquette grise ...............................................28 Chapitre III La maîtresse du baron46 Chapitre IV Arrestations .......................................................64 V La princesse Basileïef..........................................79 Chapitre VI Les Bons de la Défense.......................................98 VII Complices.........................................................116 Chapitre VIII La grande bataille du Cambridge................ 137 Chapitre IX Au cœur de la place ..........................................161 X Le dossier A. L. B...............................................183 Chapitre XI L’angoisse ........................................................199 XII Le triomphe de Lupin..................................... 215 Bibliographie sommaire des aventures d’Arsène Lupin ......242 À propos de cette édition électronique.................................244 – 3 – Victor, de la Brigade mondaine, à qui le vol des Bons de la Défense nationale, le double assassinat du père Lescot et d’Élise Masson, et sa lutte opiniâtre contre Arsène Lupin, ont valu une telle renommée, était avant cette époque, un vieux po- licier, habile, retors, hargneux, insupportable, qui faisait son métier en amateur, quand « ça lui chantait » et dont la presse avait eu maintes fois l’occasion de signaler les procédés singu- liers et la manière un peu trop fantaisiste. Le Préfet s’étant ému de certaines réclamations, voici la note confidentielle qui lui fut communiquée par M. Gautier, directeur de la Police judiciaire, lequel ne manquait jamais de soutenir son subordonné. « L’inspecteur Victor, de son vrai nom Victor Hautin, est le fils d’un Procureur de la République, mort à Toulouse, il y a quarante ans. Victor Hautin a passé une partie de sa vie dans les colonies. Excellent fonctionnaire, chargé des missions les plus délicates et les plus périlleuses, il fut souvent déplacé à la suite de plaintes portées contre lui par des maris dont il sédui- sait les femmes, ou des pères dont il enlevait les filles. Ces scandales l’empêchèrent de prétendre aux postes élevés de l’administration. « Plus calme avec les années, ayant hérité une jolie for- tune, mais désireux d’occuper ses loisirs, il se fit recommander à moi par un de mes cousins résidant à Madagascar, qui tenait Victor Hautin en grande estime. De fait, malgré son âge, mal- gré son indépendance excessive et son caractère ombrageux, c’est un auxiliaire précieux, discret, sans ambition, peu sou- cieux de réclame, et dont j’apprécie vivement les services. » À parler franc, lorsque fut rédigée cette note, la renommée de Victor n’excédait pas le cercle restreint de ses chefs et de ses – 4 – collègues. Il fallut, pour le mettre en évidence, qu’apparût brusquement en face de lui cet extraordinaire, ce formidable personnage d’Arsène Lupin, qui allait donner à la ténébreuse affaire des Bons de la Défense, sa signification et son intérêt spécial. On dirait que les qualités déjà remarquables du vieil inspecteur furent soudain portées à leur maximum par le pro- digieux adversaire que lui opposaient les circonstances. C’est la lutte sournoise, ardente, implacable, haineuse, qu’il poursuivit, dans l’ombre d’abord, puis en pleine clarté, et c’est le coup de théâtre inattendu à quoi cette affaire aboutit, qui, tout en ajoutant encore au prestige de Lupin, rendirent cé- lèbre, dans le monde entier, le nom de Victor, de la Brigade mondaine. – 5 – Chapitre I Il court, il court, le furet… – 1 – Ce fut bien par hasard que Victor, de la Brigade mondaine, entra, cet après-midi de dimanche, au Ciné-Balthazar. Une fila- ture manquée l’avait fait échouer, vers quatre heures, sur le po- puleux boulevard de Clichy. Pour échapper à l’encombrement d’une fête foraine, il s’était assis à la terrasse d’un café, et, par- courant des yeux un journal du soir, il avait lu cet entrefilet : « On affirmait ces jours-ci que le fameux cambrioleur Ar- sène Lupin, qui, après quelques années de silence, fait beaucoup parler de lui actuellement aurait été vu mercredi dernier dans une ville de l’Est. Des inspecteurs ont été envoyés de Paris. Une fois de plus il aurait échappé à l’étreinte de la police. » « Salaud ! » avait murmuré Victor, en policier rigide qui considère les malfaiteurs comme autant d’ennemis personnels, et s’exprime à leur égard en termes dépourvus d’aménité. C’est alors que, d’assez mauvaise humeur, il s’était réfugié au cinéma, où se donnait, en seconde matinée, un film très cou- ru d’aventures policières. On le plaça aux fauteuils de balcon, sur le côté. L’entracte tirait à sa fin. Victor maugréait, furieux maintenant de sa décision. Que venait-il faire là ? Il allait repar- tir et se levait déjà, lorsqu’il aperçut, seule dans une loge de face, donc à quelques mètres de lui, une femme très belle, au vi- – 6 – sage pâle et aux bandeaux roux d’un reflet fauve. Elle était de ces admirables créatures vers qui tous les regards sont attirés, bien que celle-ci ne cherchât à capter l’attention ni par sa façon de se tenir ni par le moindre geste de parade. Victor resta. Avant que la nuit brusque ne tombât dans la salle, il eut le temps d’enregistrer le reflet fauve des bandeaux et l’éclat métallique de deux yeux clairs, et, sans se soucier que le film l’ennuyât avec ses péripéties extravagantes, il patienta jus- qu’au bout. Non pas qu’il fût encore à l’âge où l’on se croit capable de plaire. Non. Il connaissait fort bien son âpre figure, son air peu aimable, sa peau rugueuse, ses tempes grisonnantes, bref cet ensemble revêche d’ancien adjudant de cavalerie qui aurait dé- passé la cinquantaine, et qui chercherait à faire de l’élégance avec des vêtements trop ajustés à la taille et sentant la confec- tion. Mais la beauté féminine était un spectacle dont il ne se las- sait pas et qui lui rappelait les meilleures émotions de sa vie. En outre, il aimait son métier, et certaines visions lui imposaient le désir de discerner ce qu’elles cachaient de mystérieux, de tragi- que, ou même, parfois, d’infiniment simple. Quand la lumière jaillit de nouveau et que la dame fut de- bout, en pleine clarté, il constata qu’elle était de haute taille, d’une grande distinction, et fort bien habillée, considérations qui ne firent que le stimuler. Il voulait voir, et il voulait savoir. Donc, il la suivrait, autant par curiosité que par intérêt profes- sionnel. Mais, au moment où il commençait à se rapprocher, il se produisit, au-dessous du balcon, parmi la masse des specta- teurs qui s’écoulaient, un tumulte soudain. Des cris s’élevaient. Une voix d’homme hurla : « Au voleur ! Arrêtez-la ! Elle m’a volé ! » – 7 – La dame élégante se pencha sur l’orchestre. Victor se pen- cha aussi. En bas, dans le passage central, un jeune homme, pe- tit et gros, gesticulait, la figure contractée, et se démenait fu- rieusement pour fendre les rangs pressés qui l’entouraient. La personne qu’il essayait d’atteindre et de désigner de son doigt tendu devait être assez loin, car ni Victor, ni aucun des specta- teurs ne remarquèrent qu’une femme courût et tâchât de se sauver. Cependant, il vociférait, haletant, dressé sur la pointe des pieds, avançant à coups de coudes et d’épaules « Là-bas !… là-bas !… elle franchit les portes… des cheveux noirs… un vêtement noir… une toque… » Il suffoquait, incapable de donner un renseignement qui permît d’identifier la femme. À la fin, il bouscula les gens avec une telle violence qu’il réussit à se frayer un chemin et à bondir dans le hall d’entrée, jusqu’aux baies des grandes portes ouver- tes. C’est là que Victor, qui n’avait pas attendu plus longtemps pour descendre l’étage du balcon, le rejoignit et l’entendit qui proférait encore : « Au voleur ! arrêtez-la ! » Dehors crépitaient tous les orchestres de la fête foraine, et l’ombre du soir naissant s’illuminait d’une clarté toute vibrante de poussière. Affolé, ayant sans doute perdu de vue la fugitive, le jeune homme, deux ou trois secondes immobile sur le trot- toir, la cherchait des yeux, à droite, à gauche, en face. Puis, brusquement, il dut l’apercevoir et courut vers la place Clichy, se glissant au milieu des autos et des tramways. Il ne criait plus, maintenant, et filait très vite, en sautant parfois comme s’il espérait surprendre de nouveau, parmi les centaines de promeneurs, celle qui l’avait volé. Cependant, il – 8 – avait l’impression que, depuis le cinéma, quelqu’un courait éga- lement, presque à ses côtés, et cela devait l’encourager, car il re- doublait de vitesse. Une voix lui dit : « Vous la voyez toujours ?… Comment diable pouvez-vous la voir ?… » Essoufflé, il murmura : « Non… je ne la vois plus. Mais elle a sûrement pris cette rue-là… » Il s’engageait dans une rue bien moins fréquentée, où il eût été impossible de ne pas discerner une femme qui eût marché à une allure plus rapide que les autres promeneuses. À un carrefour, il ordonna : « Prenez la rue de droite… moi, celle-ci. On se retrouvera au bout… Une petite brune, habillée de noir… » Mais il n’avait pas fait vingt pas dans la rue choisie par lui qu’il s’appuya contre le mur, hors d’haleine, chancelant, et il se rendit compte, seulement alors, que son compagnon ne lui avait pas obéi, et qu’il le soutenait cordialement dans sa défaillance. « Comment ! comment ! dit-il avec colère, vous voilà en- core ? Je vous avais pourtant recommandé… – Oui, répondit l’autre, mais, depuis la place Clichy, vous avez vraiment l’air d’aller au hasard. Il faut réfléchir. J’ai l’habi- tude de ces histoires-là. On va quelquefois plus vite sans bou- ger. » – 9
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